Fête du Trône 2004

Correction des faiblesses économiques structurelles

Décidément, la grande tendance du nouveau millénaire est la concurrence mondiale et face aux opportunités et aux défis que lance la globalisation, les nations préconisent d'intégrer leur économie, de créer des groupements économiques régionaux plus importants et plus compétitifs et de prendre part aux échanges internationaux en tant que puissance régionale.

Promouvoir la paix en Afrique centrale et accélérer l'intégration régionale en favorisant les initiatives économiques et commerciales transfrontalières. (Photo : editonicolasbernard.espaceblogs.fr)

13 Octobre 2009 À 12:41

Cette évolution est nulle part ailleurs plus urgente qu'en Afrique, où les effets combinés de plusieurs facteurs notamment les faibles performances des économies africaines et leur compétitivité faible, la mauvaise gestion et les conflits, ont empêché les pays africains de se positionner sur l'échiquier des échanges internationaux et de développer l'intégration et le commerce interafricains, vecteurs incontournables pour corriger les faiblesses structurelles de leurs économies.

Des regroupements régionaux existent en Afrique, c'est à dire que l'intégration régionale n'est pas un concept nouveau dans ce continent, on y dénombre une quinzaine de groupements économiques.

Malgré ces efforts, le continent africain n'est pas en mesure de développer l'intégration et le commerce interafricain. Chiffres à l'appui, le volume total des échanges interafricains ne représente que 9%, alors que ce taux est de 18% en Amérique latine, 45% en Asie et 70% en Europe. Les investissements régionaux ne représentent, quant à eux, que 13% en Afrique contre 30% en Asie.

Ce constat peu reluisant tient d'abord à la faiblesse des infrastructures lourdes et légères en Afrique. Le transport routier et maritime reste défaillant, dans un continent qui abrite 15 des 44 pays sans littoral que compte le monde.

En Afrique, les coûts de transport sont de 130% supérieurs à ceux du reste du monde. De plus, les institutions et réglementations commerciales sont loin de répondre aux besoins des investisseurs.

Les transports en Afrique sont les plus chers au monde
Les bénéfices de l'intégration risquent d'être limités, voire érodés, à cause de la fragmentation des réseaux de transport.

La densité du réseau routier africain est estimée à moins de 7 kilomètres pour 100 km2, contre 12 km en Amérique latine et 18 km en Asie. En outre, sur plus de deux millions de km de routes, 29% seulement sont bitumées.

L'Afrique utilise trois normes ferroviaires, 1.000 mm, 1.067 mm, et 1.453 mm, ce qui limite sérieusement l'intégration physique des réseaux ferroviaires des différentes régions.

Le bilan de l'intégration régionale en Afrique est pour l'instant peu réjouissant, et beaucoup d'alliances régionales se caractérisent par des initiatives non coordonnées, des conflits politiques et de faibles échanges commerciaux intra-régionaux.

L'intégration régionale en Afrique s'est en effet faite sans une implication massive du secteur privé. En conséquence, le Continent continue de souffrir d'un manque de diversité dans les produits offerts.

Après cinq années de croissance économique supérieure à 5%, le Continent ne peut tabler que sur un taux de croissance de 2.8% en 2009, soit plus de deux fois moins que les 5,7% espérés avant la survenue de la crise.

L'effondrement du cours des matières premières et la forte baisse de la demande provenant des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont un effet négatif sur l'équilibre budgétaire des pays d'Afrique, les prévisions de déficit budgétaire de la région pour 2009 s'établissant à près de 5.5% du PIB.

Avec la crise économique, le Continent risque de subir une chute drastique du volume de ses échanges, qui passeraient de 13% en 2007 à 9% en 2009, ainsi qu'une baisse des Investissements directs étrangers (IDE), de l'aide publique au développement (APD) et des envois de fonds des travailleurs migrants.

L'intégration régionale, clé de voûte de l'édifice économique africain
L'intégration présente de nombreux avantages dans la mesure où elle favorise l'élargissement des marchés régionaux qui offrent aux producteurs et aux consommateurs africains davantage de possibilités, bien au-delà des marchés parfois restreints de leurs propres pays. Elle a également un impact évident sur les investissements, la productivité, la diversification industrielle et la compétitivité.

Face aux obstacles auxquels se heurtent les efforts d'intégration régionale en Afrique, les partisans d'une plus grande unité recommande de faire participer plus activement à tout programme d'intégration les associations de la société civile, les groupements professionnels, les cadres et d'autres secteurs, de parvenir à un équilibre entre les initiatives économiques du secteur public et celles du secteur privé et de concilier les intérêts parfois contradictoires de pays différents par leur taille, leurs ressources naturelles et leurs résultats économiques.

Il s'agit également de procéder à l'intégration à un rythme qui soit à la fois ambitieux et réaliste et de rationaliser les nombreuses institutions régionales de l'Afrique, afin de réduire les efforts redondants et l'inefficacité, d'harmoniser les politiques en matière d'investissement et de fiscalité et prévoir des mesures incitatives spéciales pour les entreprises, afin de favoriser les échanges au sein des communautés économiques régionales.

Au registre agricole, il est impératif d'intégrer les marchés agricoles nationaux à un grand marché régional en améliorant l'infrastructure, en éliminant les barrières non tarifaires qui entravent le commerce, en créant de nouveaux marchés et en renforçant les liaisons de commercialisation et les échanges d'information sur la sécurité alimentaire.

En somme, l'efficacité des institutions régionales dépend de la volonté et de la capacité des institutions nationales de les compléter et d'appliquer leurs décisions. Des institutions nationales crédibles renforceraient la légitimité des institutions régionales, et les pays africains doivent accepter de céder un peu de leur souveraineté pour faire avancer l'intégration.

A titre d'exemple, l'autonomie de toutes les Banques centrales renforcerait la crédibilité de la politique macroéconomique et faciliterait la convergence des politiques, mais elle nécessite également des réformes pour favoriser la gestion rationnelle de la politique macroéconomique dans l'espace économique régional.

Il n'est sans doute que temps pour l'Afrique d'aller de l'avant pour concrétiser l'intégration régionale, un rêve tant convoité par les peuples africains, et de mettre à contribution ses nombreux avantages (augmentation des investissements, consolidation des réformes économiques et politiques, compétitivité mondiale plus forte, prévention des conflits...).

Depuis longtemps, l'Afrique a pris conscience des besoins et des avantages liés à l'intégration régionale et cela a donné lieu à une prolifération, sur le continent, d'économies et d'accords régionaux qui ne sont pas encore judicieusement intégrés.

Il est maintenant temps d'agir. Un environnement économique mondial en rapide évolution exige des pays africains d'avancer à grand pas et de façon rationnelle pour parvenir à l'intégration régionale.
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