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La césarienne élective «double» le risque en Suisse

La césarienne élective «double le risque de mortalité du nouveau-né par rapport à un accouchement planifié par voie basse», prévient une étude menée par des chercheurs des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

«La césarienne élective double le risque de mortalité du nouveau-né par rapport à un accouchement planifié par voie basse». (Photo : www.baby.be)

18 Août 2009 À 12:29

L'étude, citée lundi par le portail électronique d'information suisse «Swissinfo», a porté sur 55.000 naissances, prenant en considération l'âge gestatoire et comparant les différents modes de naissance jamais menée en Suisse.

Ses auteurs ont passé en revue 56.549 naissances survenues entre 1982 et 2004 aux HUG après une gestation de 34 semaines au moins.

Publiés en juillet dernier dans la revue américaine Pediatrics, les travaux des chercheurs genevois montrent que durant cette vingtaine d'années, 13% des naissances ont été effectuées par césarienne et que sur ce nombre, 66% étaient des césariennes d'urgence, alors qu'un tiers étaient des césariennes dites «électives» - c'est-à-dire pratiquées avant le travail ou avant la rupture des membranes.

Dans ces cas-ci, ont-ils noté, le risque de mortalité des nouveau-nés s'est avéré 2,1 fois plus important que lors des naissances naturelles planifiées, un risque qui se trouve réduit lorsque la césarienne élective est réalisée à terme plutôt que pendant les semaines 34-38 de la gestation, pourtant qualifiées habituellement de «proches du terme».

Les chercheurs des HUG soulignent par conséquent que face à l'augmentation du taux de césariennes dans le monde, les responsables de la santé publique feraient bien de se pencher sur les implications médicales et sociales de cette pratique.

En Europe, aux Etats-Unis, en Amérique du Sud et en Asie, les hôpitaux ont fait état de taux de césariennes en augmentation de 30 à 40% ces dernières années.

Justifiées dans certains cas -comme lors d'une infection par le VIH ou d'un accouchement par le siège-, les césariennes électives sont de plus en plus prisées par les parents et le corps médical, constatent les médecins genevois, qui relèvent que le recul considérable des risques pour la mère a entraîné une perception diminuée du risque pour le nouveau-né.

D'après eux, la mortalité néonatale et les complications liées aux césariennes électives sont «souvent ignorées et leur importance est minimisée», avertissant qu'«une césarienne, et en particulier une césarienne élective, accroît les risques de mortalité».

Dans leur étude, les médecins genevois mettent aussi en évidence le fait que les césariennes ont tendance à réduire l'effet bénéfique du travail sur l'adaptation des poumons du nouveau-né, accroissant par là le risque de problèmes respiratoires, rapporte «Swissinfo».

En 2007 déjà, rappelle l'étude, une recherche dirigée par Hans Ulrich Bucher, professeur de néonatologie à l Hôpital pédiatrique et universitaire de Zurich, avait montré que le nombre de nouveaux nés atteints au système respiratoire avait doublé au cours des 30 dernières années, une augmentation qui, pour les chercheurs, était à mettre en relation avec celle des césariennes.

«La sonnette d'alarme a déjà été tirée à plusieurs reprises. L'étude genevoise constitue probablement un avertissement parmi les plus criants. La relation entre césarienne élective, en particulier lorsque celle-ci survient trop tôt, et les problèmes néonataux doit maintenant être connue du grand public», estime Hans Ulrich Bucher -cité par Swissinfo-, émettant l'espoir que «les gens soient conscients de ce problème et que le nombre de césariennes diminuent».
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