Elle est trentenaire et elle est jolie, mais ce n'est pas à sa beauté que la chanteuse de gospel Bénédicte Wora doit son succès au Gabon : elle appelle à "briser le joug" du VIH-sida dans une chanson devenue un tube.
La chanteuse de gospel gabonaise, Bénédicte Wora, produit la chanson, dont le clip vidéo, pour diffuser le message aux jeunes, son hit «Briser le Joug du VIH-sida». (Photo : AFP)
AFP
11 Avril 2009
À 07:01
"Je suis une artiste engagée. Je m'intéresse aux sujets sur la condition sociale, et notamment à la lutte contre le VIH-sida", explique à l'AFP Wora, fine jeune femme originaire de la province de l'Ogooué maritime (sud-ouest), refusant de révéler son âge exact.
Pour aider à porter le message anti-sida aux jeunes, en particulier les élèves, l'Unesco a appuyé la production -clip vidéo compris- de cette chanson intitulée "Briser le joug du VIH-sida", sortie pour la première fois en single en 1997 et rééditée en 2008 sur son dernier album.
"Arrêtons ces guerres/Si nous voulons nous battre, nous avons un adversaire de taille/(...) Combattons le VIH", y chante-t-elle. "Seigneur, si Tu es avec nous, aucun mal ne peut nous résister/Nous le vaincrons", dit-elle aussi dans ce morceau régulièrement diffusé par les radios et télévisions du pays.
Fervente chrétienne, elle indique avoir "l'espérance que Dieu fera quelque chose en tout".
"En 1999, j'ai commencé à fréquenter l'église plus ou moins régulièrement. En 2000-2001, j'ai fait un choix : celui de chanter Dieu. La paix, la joie... mais autour de Dieu (...) Mon évangile est tourné vers le social", affirme-t-elle, taisant les circonstances l'ayant conduite à ce choix.
Sorti dix ans après son album "Ndossi" (Le rêve, en langue lumbu), "+Briser le joug+ est le premier de ma carrière gospel", précise Wora qui, contrairement à la plupart des adeptes de cette musique religieuse, n'a pas fait ses armes dans une chorale.
"J'ai commencé directement dans l'orchestre Bee-Pop's", faisant "plutôt de la variété", explique la chanteuse, cinquième d'une fratrie de six enfants ayant grandi à Port-Gentil, la capitale économique.
Au lycée, elle remporte un concours musical parrainé par Pierre-Claver Akendengué, grande figure de la musique au Gabon. "A partir de là, je me suis dit qu'il était possible de faire quelque chose en musique", se rappelle-t-elle.
Mais à l'époque, le gospel n'était pas dans ses projets.
"Mon père voulait que je sois fonctionnaire. Il a lâché prise lorsqu'il a compris que ce n'était pas mon truc", dit Wora, qui a été secrétaire pour financer des études à l'étranger avant d'abandonner ce projet et de "travailler au service clientèle d'une compagnie aérienne".
Pour finir, "j'ai choisi la musique", assure Bénédicte Wora, également bijoutière et décoratrice d'intérieur "selon l'inspiration".
Son inspiration? "Elle vient de Dieu", les onze titres de son dernier album "parlent de Dieu", répond-elle.
Au Gabon et dans la région où la musique religieuse est favorablement accueillie, Bénédicte Wora a son audience. Mais elle séduit au-delà des églises, en accompagnant son chœur d'accents afro-jazz, zouk et d'entraînants rythmes sud-africains, comme dans "A gnobule (Il m'a délivré)".
"Il y a le chant qui guérit, délivre, restaure", assure Wora, estimant avoir "fait le bon choix de couper" avec les virées "en boîte".