La Turquie, un marché pour les professionnels marocains

Le pays, aux performances économiques gigantesques, compte aujourd'hui une société de consommation forte d'une large classe moyenne et dotée de plus en plus de moyens lui permettant de s'offrir des loisirs et d'aller à la découverte de diverses destinations à travers le monde.

Ces signaux, facilement détectables par les professionnels du tourisme, sont derrière la forte affluence que connaissent les différentes manifestations touristiques organisées ou abritées par la Turquie, dont la dernière n'est autre que la Foire internationale du tourisme et du voyage pour l'est de la Méditerranée (EMITT), dont la 13e édition vient de se tenir, du 12 au 15 février, à Istanbul.

La manifestation devenue un rendez-vous incontournable des professionnels du tourisme, a réuni, dans son édition 2009, près de 3.000 compagnies aériennes, agences de voyage, hôteliers et opérateurs de différentes filières touristiques représentant une soixantaine de pays, dont le Maroc représenté par un stand organisé par le bureau régional de Dubaï de l'Office national marocain du tourisme (ONMT) en partenariat avec la représentation de la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) à Istanbul.

Sacré «meilleur stand» de la manifestation, l'espace Maroc qui a compté également des représentations d'agences de voyages et d'hôteliers soucieux d'élargir leurs champs d'action à la Turquie, a certes joué son rôle d'attraction et sa mission de vulgarisation des atouts et opportunités de la destination Maroc, mais encore faut-il doubler d'actions et mettre au point une véritable stratégie de conquête de cet énorme et prometteur marché.

En effet, et de l'avis des professionnels, la conquête du marché turc passe inévitablement par des actions «plus agressives» et une stratégie de marketing prenant en considération les spécificités culturelles des Turcs et profitant des multiples atouts positifs générés par les excellents rapports et les relations privilégiées liant le Maroc à la Turquie.

Le Maroc, qui a fait du tourisme l'un des secteurs prioritaires de développement, a intérêt à diversifier sa stratégie de marketing en ciblant de nouveaux horizons. Il doit, en ce sens, accorder plus d'attention à la promotion de son «produit» auprès d'une clientèle turque d'ores et déjà acquise.

La Turquie et le Maroc restent parmi les rares pays n'imposant aucune formalité de visa pour la circulation bilatérale de leurs citoyens. Et selon des estimations émises par les professionnels, plus de 30.000 Marocains se rendent chaque année en Turquie, et presque un nombre similaire de ressortissants turcs choisissent le Royaume comme destination de leurs vacances.

Les professionnels du secteur, en particulier les agenciers qui demeurent le fer de lance du tourisme, oeuvrent à développer davantage ce flux de visiteurs qui reste, jusqu'à présent, saisonnier et en deçà des objectifs visés par les deux pays.

Pour se faire, l'apport des professionnels est considérable, mais la conquête d'un énorme marché tel celui de la Turquie, impose également l'implication et la contribution de l'ensemble des composantes du tourisme national ainsi que l'engagement et la mobilisation des opérateurs publics.

Sur ce point, la compagnie nationale Royal Air Maroc (RAM) qui dispose d'une représentation à Istanbul joue un rôle de locomotive de la dynamisation des échanges touristiques entre les deux pays. Grâce au vol direct qui relie depuis mars 2005 la métropole turque à Casablanca, les flux des touristes de part et d'autre ne cessent de progresser.

Quant à l'ONMT, sa contribution aux manifestations touristiques organisées en Turquie par le biais de sa représentation régionale de Dubaï est indéniable, mais la dimension du marché et l'importance des enjeux, imposent aujourd'hui plus que jamais, l'ouverture d'une antenne de l'Office à Istanbul.

Lors d'une rencontre en février 2007 à Istanbul, les opérateurs touristiques et agenciers du Maroc et de la Turquie avaient manifesté leur volonté d'œuvrer pour le renforcement des liens de partenariat à même de mettre en valeur les atouts touristiques des deux pays et de promouvoir les destinations Maroc et Turquie auprès de leurs clientèles respectives.

Aujourd'hui, deux ans après, force est de constater que les flux touristiques entre les deux pays restent encore en deçà des aspirations de l'Association turque des agences de voyage (TURSAB) et de la Fédération nationale des agences de voyages du Maroc (FNAVM), qui semblaient pourtant avoir saisi les énormes opportunités offertes par les deux pays ou le tourisme est un secteur vital et capital.