Les groupements régionaux, «la voie la plus appropriée»
La constitution de groupements régionaux est la voie «la plus appropriée pour la prise en charge de la gouvernance mondiale des défis de la prochaine vague de mondialisation» en matière de croissance, de développement durable et de sécurité globale, a estimé, vendredi à Skhirate, le Haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami.
Le Haut commissaire au Plan, Ahmed Lahlimi Alami. (Photo : Saouri)
MAP
30 Mai 2009
À 11:17
«L'espace atlantique présente, à n'en pas douter, toutes les conditions pour promouvoir un modèle exemplaire de ce type de communauté d'intérêt ouverte au dialogue et ouvrant la voie à un dépassement des clivages, aujourd'hui inopportuns et, en tout cas, inopérants parce que dépassés par les réalités du monde», a dit M. Lahlimi en ouverture du Forum international «Pour une initiative tricontinentale atlantique».
Une nouvelle gouvernance mondiale «devrait impérativement apporter une réponse globale aux enjeux communs à l'ensemble des composantes de la communauté internationale», a insisté le Haut commissaire, ajoutant qu'elle devrait tout aussi offrir «une plate-forme de réponses innovantes à la crise mondiale pour éradiquer les sources des dysfonctionnements actuels des gouvernances nationales et internationales».
Il est avéré, a-t-il fait remarquer, que la crise actuelle est «d'une exceptionnelle gravité tant par sa nature que par sa dimension» et «l'aboutissement tectonique du long processus de décrochage d'une sphère financière surdimensionnée par rapport à des économies réelles dont la mondialisation a permis une croissance soutenue sans, pour autant, réduire les inégalités aussi bien entre pays qu'entre catégories sociales».
M. Lahlimi voit qu'avec cette crise «s'effondre, du coup, tout un savoir conventionnel de l'économie politique dominante à l'ère de la mondialisation comme s'est effondré, il y a vingt ans, le modèle soviétique avec le mur de Berlin», considérant que la prochaine vague de mondialisation connaîtra «une nouvelle hiérarchisation de ses sources sectorielles et technologiques».
Par ailleurs, le Haut commissaire au Plan a évoqué la dimension atlantique du Royaume, qui a façonné son histoire aux côtés de ses prolongements arabe, africain et euro-méditerranéen. «Sur une côte six fois plus longue que la côte méditerranéenne, les provinces atlantiques du Maroc abritent plus de 45 pc de ses citoyens, participent pour environ 60% de son produit intérieur brut et réalisent la quasi-totalité de son commerce extérieur», a-t-il dit.
L'histoire, à travers ses échanges atlantiques particulièrement avec ses voisins du Sud et du Nord, «a été l'un des facteurs déterminants du positionnement (du Maroc) dans le monde», a-t-il poursuivi, notant que ces échanges humains, avec leur pluralité d'ethnies, de langues et de cultures, «ont façonné son identité nationale».
Ils ont, aussi, contribué «à lui ouvrir, dès qu'il a recouvré son indépendance nationale, la voie d'une présence humaine, culturelle et diplomatique en Amérique du Sud, alors que ses relations historiques avec les Etats-Unis d'Amérique datent de l'indépendance de ce pays qu'il a été l'un des premiers à reconnaître», a encore relevé le Haut commissaire.
Face aux défis -effectifs et potentiels- portés par les réalités économiques, environnementales et sécuritaires du monde, «la conscience d'une communauté de destin de tous les pays riverains de l'Atlantique a, aujourd'hui, le plus vocation à fonder la pertinence de l'engagement du Maroc dans cet espace», a-t-il estimé.
«C'est de là que procède aussi le poids que nous assignons à ce dernier dans notre réflexion prospective parmi les déterminants des scénarios alternatifs du Maroc 2030», a-t-il rappelé, expliquant que dans ces scénarios «nous ne négligeons, certes, pas les stigmates laissées par le passé colonial sur les relations euro-africaines, ni les insatisfactions exprimées par les pays africains à l'égard du bilan de leur expérience avec l'UE, tant en termes d'investissements que de partenariats stratégiques».
Tenu sous le haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, ce Forum, organisé par le Haut commissariat au Plan dans le cadre de la réflexion prospective «Maroc 2030», réunit d'éminentes personnalités des trois continents bordant l'océan atlantique, dont des responsables gouvernementaux, des présidents d'organisations régionales et des académiciens de renom.
Parmi les personnalités de marque présentes à ce Forum, il y a lieu de citer le président de la Banque africaine de développement, Donald Kaberuka, le président des représentants permanents du Mercosur et ancien vice-président argentin, Carlos Alberto Alvarez, et Elliot Abrams, ancien membre du Conseil national de sécurité sous l'administration George Bush.