Le nombre de demandeurs d'asile dans les pays industrialisés a continué de chuter en 2010 pour atteindre presque la moitié de celui observé en 2001, a annoncé, lundi, le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
AFP
28 Mars 2011
À 10:13
C'est l'une des principales conclusions tirées de la publication par l'agence des Nations unies pour les réfugiés de son rapport sur les demandes d'asile dans 44 pays industrialisés en 2010.
Selon le document, 358.800 demandes d'asile ont été déposées dans les pays industrialisés l'année dernière -soit une baisse de 5% par rapport à 2009 et d'environ 42% par rapport au niveau maximum de la décennie qui avait été atteint en 2001, avec près de 620.000 demandes d'asile déposées.
Le HCR signale que le nombre total de nouvelles demandes d'asile s'est situé, l'année dernière, au quatrième rang des chiffres les plus bas enregistrés ces dix dernières années, notant des diminutions d'année en année dans la plupart des régions, notamment en Europe, en Amérique du Nord et en Asie du Nord.
Au sein de l'Europe, la diminution la plus importante concerne l'Europe du Sud, où les demandes ont diminué de 33% par rapport à 2009, en raison du fait que moins de personnes ont demandé une protection à Malte, en Italie et en Grèce, relève le rapport.
Mais ce déclin, constate-t-il, a été compensé par des augmentations en particulier en Allemagne (49 %), en Suède (32%), au Danemark (30%), en Turquie (18%), en Belgique (16%) et en France (13%), ajoutant que dans les pays nordiques, les augmentations au Danemark et en Suède ont été compensées par des déclins importants en Norvège (- 42%) et en Finlande (-32%).
L'Agence onusienne indique que de tous les continents, seule l'Australie a enregistré plus de demandes d'asile qu'en 2009 (plus de 33%) mais le nombre de demandes effectuées dans ce pays reste toutefois largement inférieur à celui observé dans d'autres pays industrialisés et non industrialisés, et connaît une diminution de plus d'un tiers par rapport à 2001.
Le rapport note que les Etats-Unis, ayant enregistré une demande d'asile sur six sur l'ensemble des demandes déposées dans les pays industrialisés, restent le premier pays d'asile dans le monde, et ce pour la cinquième année consécutive. D'après la même source, les Etats-Unis ont enregistré une hausse de 6.500 demandes, en partie en raison de l'augmentation du nombre des demandeurs d'asile chinois et mexicains.
La France se maintient, quant à elle, au deuxième rang des pays d'accueil pour les nouvelles demandes d'asile, avec 47.800 dossiers déposés en 2010, principalement par des personnes de nationalité serbe, russe et congolaise et l'Allemagne devient le troisième plus grand pays d'accueil, avec une augmentation de 49%, ajoute le HCR.
La Suède et le Canada se placent respectivement aux quatrième et cinquième rangs, indique le rapport ajoutant qu'ensemble, les cinq premiers pays d'asile accueillent plus de la moitié (56%) de la totalité des demandes d'asile comptabilisées dans le document du HCR. Il note qu'en 2010, le premier pays d'origine des demandeurs d'asile a été la Serbie (28.900 personnes, y compris le Kosovo), suivi de l'Afghanistan et de demandeurs d'asile chinois.
Il constate, d'autre part, que pour la première fois depuis 2005, l'Irak ne figure pas parmi les deux principaux pays d'origine des demandeurs d'asile et passe à la quatrième place, suivi de la Fédération de Russie, ajoutant que la Somalie, qui occupait le troisième rang en 2009, passe, quant à elle, au sixième rang en 2010.
«La dynamique globale de l'asile est en train de changer. Le nombre de demandes d'asile dans les pays industrialisés est beaucoup plus bas qu'il y a dix ans tandis que les niveaux augmentent d'une année sur l'autre dans un tout petit nombre de pays», a commenté le Haut commissaire pour les réfugiés Antonio Guterres, cité dans le rapport.
«Nous devons étudier les causes profondes pour déterminer si ce déclin est dû à la diminution des facteurs de départ dans les régions d'origine ou aux contrôles migratoires plus stricts dans les pays d'asile», a-t-il nuancé.
Remettant ces derniers chiffres dans le contexte des récentes urgences en Côte d'Ivoire et en Libye, Guterres a observé que «dans l'ensemble, ce sont toujours les pays en développement qui se taillent la part du lion en matière de responsabilité pour l'accueil des réfugiés». Il a relevé que «malgré les nombreux autres défis qu'ils rencontrent, des pays comme le Liberia, la Tunisie et l'Egypte ont ouvert leurs frontières aux personnes dans le besoin», appelant «tous les pays à les soutenir»