Les regards tournent vers Bastaoui

Intervenant à cette occasion, l'actrice et ancienne ministre de la Culture, Touria Jabrane, qui a remis l'Etoile du Festival à Bastaoui, a mis en exergue les qualités humaines et professionnelles du comédien considéré par le monde des arts et de la culture, comme «la figure emblématique de la génération intermédiaire des acteurs marocains».

Bastaoui «fait partie de ma mémoire et de moi-même», a-t-elle lancé avec émotion, avant de brosser un tableau de la carrière artistique du comédien. Elle a ensuite rappelé les premiers faits d'armes de Bastaoui avec la compagnie «le Théâtre d'Aujourd'hui», et mis en lumière «les chefs d'œuvre inoubliables» qu'ils ont interprétés ensemble.

De son côté, Bastaoui a estimé qu'il s'agit là «d'un hommage qui s'adresse également à tous les cinéastes, acteurs, comédiens et réalisateurs marocains».

«Sans la volonté de S.M. le Roi Mohammed VI, ce Festival n'aurait pu voir le jour» a-t-il relevé, tout en adressant ses remerciements au Souverain ainsi qu'à SAR le Prince Moulay Rachid, président de la fondation du FIFM.

Bastaoui est le troisième à être honoré lors de cette édition (organisée du 2 au 10 décembre), après l'acteur indien Shah Rukh Khan et l'acteur français d'origine marocaine Roschdy Zem.

Bastaoui : l'esprit de la représentation multiforme

Mohammed Bastaoui, acteur chevronné, comédien talentueux, personnage affable, n'a pas le physique d'un acteur mais incarne plutôt l'esprit de la représentation multiforme.

Homme de théâtre, de télévision et du grand écran, Mohamed Bastaoui, le natif de Khouribga, a tourné définitivement le dos aux métiers informels en Italie pour rentrer au Maroc et plonger dans le monde artistique.

Aujourd'hui, s'il est un acteur reconnu de tous, c'est grâce à son endurance et à sa capacité d'adaptation à tous les rôles de la scène.

C'est tout naturellement que la 11e édition du Festival international du film de Marrakech (FIFM), organisée du 2 au 10 décembre sous le haut patronage de S.M. le Roi Mohammed VI, lui rend hommage.

Ce Festival, dont l'une des missions principales est d'encourager les cinéastes marocains et veiller au développement d'un cinéma du pays, consacre ce comédien dont la carrière a pris forme depuis les années quatre-vingt.

Devenu un visage familier dans l'ensemble des foyers marocains, Bastaoui est aimé de tous pour ses nombreuses prestations télévisées.

Acteur de proximité, il représente en quelque sorte un repère identitaire, tant les rôles qu'il a interprétés reflètent une certaine forme de culture dominante et une tranche de vie indifférenciée.

Comédien de tous les registres, Bastaoui est entré au théâtre aux côtés de Touria Jabrane. Les petits rôles qu'il interprétait au début de sa carrière laissent place à des apparitions inoubliables, ce qui incite l'artiste à créer sa propre troupe «Masrah Chems»

De fil en aiguille, l'acteur poursuit sa destinée qui le mène vers la télévision d'où il tire sa plus grande popularité puis vers le grand écran.

Cet homme de taille moyenne, au visage buriné et au regard profond affectionne l'accent et le dialecte du terroir pour interpréter les histoires drôles du quotidien ordinaire.

Si ses propos incitent tantôt au rire tantôt aux larmes, il réussit à donner du bonheur en faisant rejeter la tristesse.

Plein d'entrain, Bastaoui est énergique. Cette énergie, il la puise dans la diversité de la vie et dans le cheminement d'une génération de comédiens situés entre la première et la nouvelle vague.

Comédien de tous les genres et du burlesque en particulier, Bastaoui on aime son style ou on ne l'aime pas !

Cependant, artiste du genre, Bastaoui crève l'écran et la scène même si dans le passé, l'homme de 57 ans était à mille lieux des milieux artistiques.

Après le théâtre et la télévision, les grands réalisateurs marocains le sollicitent à la fin de la décennie quatre-vingt-dix qui marque une étape cruciale dans sa carrière.

Le comédien est demandé par Daoud Oulad Sayed pour le long métrage «Adieu Forain», Saad Chraibi pour «Soif» (2000) et Jawhara (2003), Farida Bourkia pour «Deux femmes sur la route» (2007) et Jilali Ferhati pour «Dès l'aube» (2009), qui reconnaissent son talent, son naturel dans ses mues artistiques. Ses rôles sont des succès inéluctables.

Dans le cadre de cet hommage, le film «Adieu Forain» a été projeté lundi soir à la place Jemaa El Fna, devant des centaines de Marrakchis et de fans de Mohamed Bastaoui.