Fête du Trône 2004

Une représentation décalée de la réalité

L'image des femmes véhiculée par les médias n'est pas représentative de la place réelle qu'elles occupent dans la société et de la pluralité des rôles professionnel, familial et social qu'elles assument.

Elaborer une stratégie médiatique axée sur l'approche du genre en vue d'exhausser l'image de la femme par les différents moyens d'information et de communication (Photo : www.aufaitmaroc.com)

08 Décembre 2011 À 08:02

"- Elaborer une stratégie médiatique axée sur l'approche du genre en vue d'exhausser l'image de la femme par les différents moyens d'information et de communication ;

-Consacrer une culture médiatique fondée sur les principes de droits de l'Homme, de respect de la dignité de la femme, ainsi que sur la lutte contre toutes les formes de discrimination ou d'exclusion ;

-Garantir aux femmes le droit à s'exprimer, à défendre leurs causes, et veiller à traiter leurs problèmes avec objectivité et professionnalisme.


Tel est le constat préoccupant d'une étude relative aux attentes de la femme marocaine en matière de représentation de son image dans les médias audiovisuels présentée récemment à Rabat.

Globalement pour les téléspectatrices, l'image des femmes dans les médias est un leurre et une manipulation réductrice dans le sens où elle ne reflète pas les réalités des femmes marocaines, révèle cette étude réalisée par le cabinet d'étude LMS-CSA auprès d'un échantillon de 1.500 femmes, dans le cadre de la mise en œuvre du programme à moyen terme sur la promotion de l'égalité des sexes.

«Ecervelées», «manipulatrices», «soumises», «peu instruites», «victimes», «inexpérimentées», tels sont les messages stéréotypés véhiculés par les médias au sujet de la femme marocaine, déplore cette étude qui, révèle au grand jour, exemples à l'appui, ce décalage entre le vécu des femmes et les stéréotypes nourris par les médias qui ne reflètent point leur poids dans la société.

La télévision, un miroir déformant qui n'accompagne pas les mutations sociales
Les sondages font ressortir que la télévision ne joue pas pleinement son rôle d'initiateur de changements et n'accompagne pas, comme il se doit, les évolutions sociales relatives au statut des femmes.

A travers les messages stéréotypés qu'il véhicule, ce média met en doute la capacité des femmes à concilier entre différentes fonctions dans les sphères professionnelle, privée et en matière d'épanouissement personnel, et à mener à bien tous les rôles qui lui incombent dans la société, relève l'étude.

Selon les personnes interrogées, la télévision donne à penser que, si les femmes marocaines ont pu bénéficier d'un certain degré d'estime et de reconnaissance dans leur milieu professionnel, elles restent toujours condamnées au mépris et à la maltraitance dans le foyer et dans la rue.

S'agissant de l'image de la femme dans les médias, les femmes sondées (77%) estiment, globalement, que les médias marocains respectent l'égalité et l'équité dans la représentation numérique des genres.

Elles relèvent, toutefois, de fortes disparités à cet égard entre les univers de l'information et de l'animation d'une part, et de la publicité et des fictions d'autre part. Les programmes d'information et d'animation diffusent, en général, des images de femmes élégantes, modernes, impliquées dans leur profession, engagées, compétentes, qui n'ont rien à envier à leurs collègues masculins. Ces programmes valorisent la femme selon 95% des sondées, et reflètent mieux leur réalité pour 35% parmi elles.

La publicité et la fiction, des genres dévalorisants en déphasage avec la réalité des femmes
La publicité et la fiction promeuvent des clichés réducteurs et dégradants pour les femmes, les représentants comme des victimes sans défense, peu respectées, déprimées, brimées, faibles, ou encore comme des personnes arriérées.

La fiction est le genre véhiculant l'image la plus négative pour 48% des sondées et la plus éloignée de la réalité pour 29 d'entre elles.

La publicité, quant à elle, est épinglée par 47% des femmes qui estiment qu'elle diffuse une image négative sur la gente féminine, et par 32% d'autres interviewées qui considèrent que ce genre transmet l'image la plus éloignée de la réalité. «Ils montrent toujours des femmes négligées, absorbées par les tâches ménagères, manipulant la «ferraka» surtout, bien que celle-ci ne soit plus utilisée, même pas en milieu rural.

Les hommes, paradoxalement, ne sont jamais montrés dans un état peu valorisant ou en train d'exercer des tâches rudes», témoignent des femmes non actives (41-55 ans), originaires d'Ourika (près de Marrakech), citées par l'étude qui a porté sur un échantillon de 1.500 femmes âgées entre 15 et 55 ans, toutes catégories socio-économiques et milieux de vie confondus.

Pour d'autres femmes, les médias doivent transmettre des images de femmes respectées et valorisées et non pas des clichés de femmes soumises à leurs maris, giflées et punies physiquement pour le moindre «manquement» à leurs tâches ménagères.

L'autre constat saillant qui ressort de l'étude, c'est que la télévision ne reflète pas la diversité des rôles et des statuts de la femme marocaine et promeut un modèle unique censé représenter toute la gente féminine. «Tu ne trouveras pas dans la télévision une seule professionnelle qui porte le foulard, pourtant ces femmes font partie de la réalité marocaine», font remarquer d'autres femmes.

Promouvoir l'image de la femme dans les médias
Afin de récompenser l'effort journalistique dans la promotion des valeurs égalitaires, le prix « égalité dans les médias « récompensera l'apport créatif et l'engagement professionnel des journalistes et des médias marocains en faveur de la culture égalitaire et de la promotion de l'image de la femme à travers l'information et la formation des citoyens.

Initié par le ministère de la Communication en partenariat avec les associations professionnelles des journalistes et patrons de presse, et avec le concours de l'Onu femmes, ce projet s'inscrit dans le cadre de la stratégie nationale d'intégration de l'égalité entre hommes et femmes dans les politiques et programmes gouvernementaux, plus spécifiquement dans le programme à moyen terme (PMT) pour l'institutionnalisation du principe d'équité dans le secteur de la communication.

Avec la création de ce prix, qui vient apporter une valeur ajoutée aux nombreux acquis engrangés pour améliorer la condition de la femme et institutionnaliser la culture de l'équité et de l'égalité homme-femme, le Maroc affiche sa ferme volonté de lutter contre les stéréotypes dégradants, voire nuisibles à l'image de la femme, diffusés par les médias.

En tant que miroir de la société et outil de changement, les médias sont appelés à revoir leur programmation en vue d'une meilleure représentation de la femme qui soit fondée sur la culture de l'égalité et qui tienne compte des profondes mutations qu'a connues la situation de la femme durant la dernière décennie."
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