Pressée par le FMI de rapidement procéder à «une clarification politique», l'Italie, au bord de l'asphyxie, a accéléré ses efforts jeudi en vue de former un gouvernement crédible avec le nom de l'ex-commissaire européen Mario Monti sur toutes les lèvres pour le diriger.
AFP
11 Novembre 2011
À 08:28
Menacée d'être emportée à son tour par la crise de la dette, l'Italie a dû payer des taux record à l'occasion de son premier test sur les marchés après l'annonce du prochain départ de Silvio Berlusconi, mais la demande est restée élevée, ce qui a rassuré les investisseurs.
Tour à tour, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde et la chancelière allemande, Angela Merkel ont réclamé une «clarification politique», une contagion de la crise de la dette à l'Italie faisant trembler l'ensemble de la planète.
«Il est très important que la question du gouvernement (en Italie) soit clarifiée» afin de «rétablir la crédibilité» du pays, a déclaré Mme Merkel, selon laquelle Rome est «sur la bonne voie».
De fait, le message du FMI, des marchés et de l'Union européenne a été reçu cinq sur cinq à Rome où le président de la République, Giorgio Napolitano, personnalité unanimement respectée en Italie, a accéléré le processus politique, dérogeant à toutes les règles jusqu'à présent en vigueur.
«L'Italie fait face à des passages difficiles et à des choix particulièrement délicats pour surmonter la crise. L'Europe attend d'urgence des signaux importants (...). Nous serons à la hauteur de la tâche», a-t-il déclaré solennellement.
Grâce à l'intervention du chef de l'Etat, le Parlement italien, connu pour sa lenteur, adoptera en un temps record les mesures budgétaires et les réformes structurelles promises à l'Union européenne : premier vote attendu vendredi au Sénat, feu vert définitif à la Chambre des députés samedi ou dimanche au plus tard.
Silvio Berlusconi remettra aussitôt sa démission et Napolitano pourrait nommer quasiment dans la foulée Mario Monti.
La nomination de cet ex-commissaire européen, économiste respecté de 68 ans, vise à rétablir la crédibilité fortement entamée du gouvernement italien. Reste toutefois pour le chef de l'Etat à s'assurer qu'il disposera d'une majorité suffisante pour mener à bien sa tâche.
Le Président Napolitano l'a reçu dans la soirée, avoir avoir eu au téléphone son homologue américain Barack Obama, qui voulait s'enquérir des derniers événements politiques et économiques et lui a exprimé sa confiance.
Berlusconi a apporté son soutien personnel à Monti en lui souhaitant dans un message «un travail fructueux dans l'intérêt du pays», mais il doit encore convaincre son propre parti du bien-fondé de sa position, certains irréductibles réclamant des élections anticipées.
La Ligue du Nord, son allié clé, a, déjà, annoncé qu'elle ne soutiendrait pas le gouvernement de Monti.
Le profil de ce dernier plaît aux marchés et la perspective de sa nomination a fait grimper la Bourse de Milan qui a pris 2,26% en début d'après-midi avant de clore sa séance sur une progression de 0,97%.
Les investisseurs étaient aussi rassurés par le fait que le Trésor a réussi, malgré le bond des taux à un an à plus de 6% contre 3,5% il y un mois, à lever cinq milliards d'euros comme il l'entendait, grâce à une demande élevée.
Le soulagement des marchés entraînait la détente des taux italiens dans leur ensemble.
En fin d'après-midi, les taux à dix ans sont restés sous la barre des 7%, un seuil fatidique franchi mercredi et considéré comme insoutenable sur la durée, étant donné la taille colossale de la dette italienne (1.900 milliards d'euros, 120% du PIB).
Mauvaise nouvelle sur le front macroéconomique en revanche, la production industrielle a chuté plus que prévu en septembre, alimentant les craintes de stagnation ou de récession de l'économie italienne.
Des craintes que Bruxelles a confirmées en annonçant que, selon ses dernières prévisions, l'Italie allait connaître une stagnation de son produit intérieur brut en 2012 (+0,1%), ce qui rendra beaucoup plus difficile l'assainissement des finances publiques.