Fête du Trône 2004

Nouvelles mesures venues en Egypte

Le Président égyptien, Hosni Moubarak a annoncé dans une allocution télévisée vendredi dans la nuit la formation d'un nouveau gouvernement dès samedi et promis des réformes, après quatre jours de violentes manifestations anti-gouvernementales ayant fait au moins 27 morts.

«Nous allons prendre de nouvelles mesures pour plus de démocratie, plus de liberté, réduire le chômage et améliorer le niveau de vie de la population», a dit, Hosni Moubarak. (Photo : AFP)

29 Janvier 2011 À 07:30

Il s'agissait de sa première allocution publique depuis le début mardi du mouvement de protestation le plus important depuis son arrivée au pouvoir il y a trente ans.

Vendredi des centaines de milliers de manifestants ont réclamé son départ à travers tout le pays et des heurts avec les forces de l'ordre ont fait 20 morts, treize à Suez, à l'est du Caire, cinq au Caire et deux à Mansoura, dans le delta du Nil.

Le président égyptien, âgé de 82 ans, a déclaré avoir demandé au gouvernement «aujourd'hui de démissionner», affirmant qu'il allait mettre en place un nouveau gouvernement samedi.

Il a promis «de nouvelles mesures pour endiguer le chômage, augmenter le niveau de vie, développer les services et soutenir les pauvres».

Les signes d'inquiétude se multipliaient à l'étranger devant ce mouvement qui s'est inspiré de la «révolution du jasmin» ayant chassé le président Zine El Abidine Ben Ali de Tunisie.

Le Président américain Barack Obama a parlé à Moubarak vendredi pendant 30 minutes, a annoncé de la Maison-Blanche.

Auparavant, les Etats-Unis avaient réclamé à leur allié de réfréner ses forces de l'ordre et d'engager des réformes politiques «immédiates».

Vendredi devant l'ampleur des manifestations, Moubarak a demandé à l'armée, épine dorsale de son régime, de faire respecter la sécurité avec la police qui a semblé débordée par la mobilisation populaire sans précédent.

Le couvre-feu a été décrété au Caire, à Alexandrie (nord) et à Suez (est) entre 18H00 (16h00 GMT) à 07h00 (05h00 GMT), et ce jusqu'à nouvel ordre.

En soirée, des soldats lançaient des signes de victoire à des milliers de manifestants ayant bravé le couvre-feu dans la capitale et des policiers serraient la main de manifestants, selon un journaliste de l'AFP.

Toujours au Caire, un peu plus tôt, les manifestants ont mis le feu au siège du Parti national démocrate (PND), au pouvoir. Dans la journée, ils avaient incendié deux commissariats de la capitale.

Moubarak s'est appuyé pendant près de 30 ans sur un redoutable appareil policier et un système dominé par un parti qui lui est entièrement dévoué.

Dans la matinée, dès la fin des prières musulmanes, des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour ce «vendredi de la colère», à l'appel du Mouvement du 6 avril, un groupe de jeunes pro-démocraties.

Aux cris d'«A bas Hosni Moubarak» et «le peuple veut la chute du régime», les manifestations se sont étendues à tout Le Caire, une métropole de 20 millions d'habitants, et ont gagné les principales villes du pays.

Les policiers ont eu recours à des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc et des canons à eau pour disperser les manifestants.

L'opposant le plus en vue, Mohamed ElBaradei l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) qui s'est dit prêt à mener une transition au pouvoir après un éventuel départ de Moubarak, et les Frères musulmans (opposition), ont participé aux manifestations.

A Mansoura, certains imams ont appelé à «sortir et demander le changement».

La chef de la diplomatie américaine, Hillary Clinton avait invité Moubarak à «faire tout ce qui est en son pouvoir pour réfréner les forces de l'ordre» et a réclamé des réformes «immédiates».

Le Pentagone a indiqué que le chef d'état-major égyptien, Sami Anan, qui conduisait une délégation militaire pour des entretiens à Washington prévus jusqu'à mercredi, retournait en Egypte.

Un responsable américain a prévenu que les Etats-Unis pourraient revoir leur aide, notamment militaire, en fonction de la réponse des autorités aux manifestations.

La diplomate en chef de l'Union européenne, Catherine Ashton, a appelé à la libération «immédiate et sans condition» des manifestants arrêtés.

Londres a appelé à des «réformes» alors que Berlin demandait à Moubarak d'autoriser les «manifestations pacifiques». Paris a appelé à «la retenue» et «au dialogue» alors que Rome réclamait la «fin immédiate de tout type de violence».

L'internet et les services de téléphonie mobile, qui ont joué un rôle-clé dans la mobilisation populaire, étaient en effet coupés dans le pays. Une première par son ampleur pour l'internet, selon des experts.
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