L'ancien chef militaire des Serbes de Bosnie Ratko Mladic, en cours de transfèrement vers le Tribunal pénal international vers l'ex-Yougoslavie (TPIY), a atterri mardi à l'aéroport de Rotterdam (ouest des Pays-Bas), a annoncé l'agence de presse néerlandaise ANP.
Des gendarmes serbes sécurisent un convoi de véhicules de police supposé transporter Ratko Mladic à Belgrade. (Photo : AFP)
AFP
01 Juin 2011
À 06:00
Ratko Mladic est arrivé à Rotterdam vers 17h45 GMT à bord d'un avion portant l'inscription «République de Serbie», selon des images diffusées par la télévision publique néerlandaise NOS.
Il devait dès son arrivée sur le sol néerlandais être pris en charge par des représentants du bureau du procureur et du greffe puis conduit au quartier pénitentiaire du TPIY à La Haye, à une vingtaine de kilomètres de Rotterdam.
La ministre serbe de la Justice, Snezana Malovic, avait annoncé vers 17h30 (15h30 GMT) devant la presse à Belgrade que «Ratko Mladic est dans l'avion en route vers La Haye».
«Mladic est accusé des crimes les plus graves contre l'humanité et des violations les plus graves contre le droit humanitaire. La Serbie a, en décidant ce transfèrement, rempli son obligation internationale et morale», a ajouté la ministre.
«Il s'agit d'un message de réconciliation dans la région», a insisté Mme Malovic.
Un ministre serbe, Rasim Ljajic, en charge de la coopération avec le TPIY, a déclaré à l'AFP que la Serbie avait engagé des «sommes énormes d'argent» en traquant Ratko Mladic, et mobilisé un «nombre considérable de personnes».
«Nous pourrons désormais engager ces ressources pour résoudre d'autres dossiers importants, tels que la lutte contre la criminalité organisée», a-t-il ajouté.
Ainsi s'achève la longue fuite de l'ancien militaire qui a échappé pendant des années à la justice internationale, jusqu'à son arrestation jeudi en Serbie, dans un petit village situé à une centaine de kilomètres de Belgrade.
Conduit devant la tombe de sa fille La procédure judiciaire devant conduire à son transfèrement vers La Haye s'était brutalement accélérée mardi, avec le rejet de l'appel par la Haute Cour à Belgrade. On apprenait que l'ordre de transfèrement devait être signé quelques heures plus tard, dernière étape avant le départ de l'ancien militaire.
Signe que son départ était imminent, Ratko Mladic avait été conduit à l'aube, mardi, comme il en avait exprimé le souhait dès son arrestation, devant la tombe de sa fille dans le cimetière de Topcider à Belgrade.
Ana Mladic, étudiante en médecine, s'était suicidée en 1994 à l'âge de 23 ans. Selon les médias, elle ne supportait plus de voir son père accusé des atrocités commises durant la guerre de Bosnie (1992-1995). Des roses et un cierge étaient sur la tombe après la visite, a constaté un photographe de l'AFP.
L'ancien militaire a vu aussi lundi ses petits-enfants pour la première fois depuis son arrestation.
L'avocat s'était inquiété de l'état de santé «alarmant» de son client, mais cela n'a pas empêché son départ pour La Haye, les autorités considérant qu'il était à même de supporter un tel voyage et de comparaître devant le TPIY.
L'arrivée de sa femme Bosiljka avec une grande valise bleue chargée, et le départ à vive allure d'un convoi de véhicules du Tribunal serbe pour les crimes de guerre, aux alentours de 14h40 GMT, levaient les derniers doutes sur le départ de l'ancien militaire.
Prison à vie en perspective Ratko Mladic est inculpé par le TPIY de génocide pour l'exécution de 8.000 Musulmans à Srebrenica (Bosnie orientale), en juillet 1995, le plus grave commis en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Il devra, auss répondre de crimes de guerre et crimes contre l'humanité, en particulier pour le siège de Sarajevo qui fit environ 10.000 morts.
L'ancien général encourt la prison à vie, les charges retenues contre lui étant les plus graves du droit international.
La présidente d'une association des mères de Srebrenica, Munira Subasic, s'est félicitée du départ de Ratko Mladic vers La Haye. «C'est bien qu'il soit transféré à La Haye. J'espère qu'il parlera de tout ce qu'il a fait et organisé (...) J'espère que quelque chose d'humain s'est réveillé en lui après sa visite sur la tombe de sa fille», a-t-elle déclaré à l'AFP.
L'arrestation de Ratko Mladic a suscité essentiellement des réactions d'arrière-garde des ultra-nationalistes serbes, en Serbie et en Bosnie, avec notamment une manifestation de 10 à 15.000 personnes, dimanche soir à Belgrade.
Les Serbes de Bosnie ont dénoncé durement la Serbie, mardi à Banja Luka, la capitale de leur entité en Bosnie, la Republika Srpska, fustigeant le président serbe Boris Tadic pour avoir ordonné l'arrestation de leur ancien chef militaire et qualifiant la Serbie de «marâtre».