Les manifestations se poursuivent en Egypte, au sixième jour d'une révolte populaire dans différentes villes du pays où des patrouilles de la police se sont redéployées, dimanche, après leur retrait vendredi dernier.
La police égyptienne est de retour dans les rues des différentes villes où les manifestations se poursuivent pour le 6e jour. (Photo : AFP)
MAP
31 Janvier 2011
À 06:21
Selon l'agence de presse égyptienne ‘Mena', la police, qui a été remplacée par l'armée pour rétablir l'ordre, avait commencé à être déployée dès dimanche soir dans tout le pays et «coordonnera ses actions avec les forces armées».
Le gouvernement égyptien s'est montré ferme dimanche soir en décidant de prolonger le couvre-feu en vigueur au Caire, à Suez et Alexandrie d'une heure, de 15h00 (13h00 GMT) à 08h00 (06h00 GMT).
D'autre part, le président Moubarak a fixé, lors d'une réunion d'une heure et demie avec son premier ministre, en présence du vice-président, Omar Souleimane, les priorités du nouveau gouvernement notamment «la nécessité de rétablir le calme et la stabilité», ajoute ‘Mena'.
En revanche, les chefs de l'opposition continuent à critiquer le régime en place, notamment l'ex-chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique et prix Nobel de la paix, Mohamed El Baradei, qui estimait, dimanche, que «l'Egypte est au début d'une ère nouvelle».
Sur le plan économique, des usines ont fermé leurs portes, de même que la plupart des magasins des grandes villes, ce qui, selon les observateurs, complique davantage la vie quotidienne des Egyptiens.
La dégradation des conditions de sécurité a, par ailleurs, conduit plusieurs entreprises à suspendre leurs activités. C'est notamment le cas dans la grande zone industrielle du 6-Octobre, près du Caire, où d'autres usines sont à l'arrêt, protégées par des vigiles. Le tourisme, qui représente 11% du PIB égyptien, devrait, selon certains observateurs, «souffrir». Les images des blindés et des manifestants qui tournent en boucle sur les télévisions devraient inévitablement réduire les projets de voyage en Egypte des touristes européens.
Concernant les communications, les réseaux de téléphonie mobile, coupés à la veille des manifestations de vendredi qui ont accéléré la contestation, sont de nouveau opérationnels, mais l'envoi de SMS reste impossible et l'accès à internet demeure très difficile, voire impossible. Face à cette situation, rapporte la télévision publique égyptienne, le Président Moubarak a déclaré dimanche que le nouveau gouvernement devait maintenir les prix subventionnés, contrôler l'inflation et fournir des emplois.
«Je vous demande de rétablir la confiance dans notre économie», a dit Moubarak cité par la télévision. «Je crois en votre capacité d'appliquer une politique économique qui accorde la plus haute importance aux souffrances de la population».
Par ailleurs, des responsables égyptiens rapportent que les autorités ont décidé de fermer dimanche le point de passage avec la bande de Gaza, alors que les manifestations en Egypte se propageaient à la zone frontière et après la fuite dans le territoire palestinien de cinq activistes palestiniens évadés d'une prison du Caire.
En fait, les 1,5 million d'habitants de Gaza suivent de près les événements en Egypte, redoutant que leurs difficultés économiques s'aggravent encore si la frontière reste fermée un certain temps.
Aussi, de nombreux voyagistes ont suspendu les départs des vacanciers, au plus fort de la saison touristique. L'Arabie Saoudite, la Libye, le Liban, l'Inde, la Grèce, la Turquie, l'Irak et l'Azerbaïdjan, ont dépêché des avions pour assurer le rapatriement de leurs ressortissants.
La situation en Egypte ne cesse de focaliser l'attention à l'échelle internationale. Ainsi, la chef de la diplomatie américaine a affirmé dimanche que son pays appellent à une «transition» démocratique en Egypte à même de réponde aux aspirations du peuple égyptien et d'établir la démocratie.
«Nous nous focalisons actuellement sur une transition à même de répondre aux besoins des Egyptiens et qui permettra d'établir réellement la démocratie» en Egypte, a indiqué Clinton, lors de l'émission Face the Nation sur la chaine ‘CBS'.
Même son de cloche chez la Maison-Blanche qui a déclaré le même jour que dans des conversations téléphoniques avec des dirigeants étrangers, le président américain Barack Obama s'est dit favorable à une «transition en bon ordre en Egypte» qui tienne compte des aspirations de la population égyptienne. Obama avait eu au cours du weekend des entretiens par téléphone avec le Roi Abdallah d'Arabie saoudite, le Premier ministre turc Tayyip Erdogan et le chef du gouvernement britannique, David Cameron. «Au cours de ses conversations, le président a réaffirmé son opposition à la violence et ses appels à la retenue, le soutien aux droits universels, y compris au droit de réunion, d'association et d'expression pacifique, et le soutien à une transition en bon ordre vers un gouvernement qui soit sensible aux aspirations du peuple égyptien», a dit la Maison-Blanche.