La tradition marocaine de tissage dans ses dimensions humaines sociales et économiques a été l'objet d'un symposium organisé samedi au University College of London, avec la participation de plusieurs experts et chercheurs.
Faire connaître, au Royaume-Uni, la culture et la civilisation marocaine dans toutes ses composantes. (Photo : www.aufaitmaroc.com)
MAP
04 Décembre 2011
À 19:31
Lors de cette rencontre, marquée par la présence de l'ambassadeur du Maroc en Grande-Bretagne Chrifa Lalla Joumala, les chercheurs ayant pris la parole ont mis en avant les différentes facettes de cette tradition millénaire dont la beauté et la somptuosité a charmé de nombreux artistes comme Matisse, De La Croix ou encore Yves Saint Laurent.
Hommage à l'ingénuité et l'ouverture d'un peuple La civilisation marocaine est celle de la beauté, a souligné la cinéaste d'origine marocaine Izza Genini, réalisatrice du film «For Eyes Delight», qui retrace les traditionnelles cérémonies de mariage et le rôle que jouent les Neggafate lors de ces occasions profondément ancrées dans l'histoire marocaine.
Fès, capitale spirituelle du Royaume ou la tradition du tissage occupe une place de choix, a bénéficié d'une attention particulière des chercheurs lors du symposium.
Ainsi, la sociologue Isabelle Riaboff a axé son intervention sur l'influence hispano-mauresque dans le façonnement de l'art de tissage dans cette ville impériale et au-delà dans tout le Maroc, une influence qui allait permettre aux tisseurs et tisseuses marocains de puiser dans leur héritage pour produire des étoffes tellement somptueuses qu'elles suscitent l'envie des plus grands maitres de ces métiers dans d'autres contrées connues pour leur tradition de tissage.
La lumière a été braquée en particulier sur le métier à tisser à la tire qui représente l'ingénuité de l'homme et de la femme marocaine, portée à son apogée par la maitrise d'un outil traditionnel mis au service d'un art sublime.
Comme le tissage demeure avant tout une activité qui reflète l'identité de tout peuple, les intervenants n'ont pas manqué de souligner la contribution de cette culture dans le renforcement de l'image d'un Maroc ouvert.
En effet, cette culture traduit fidèlement le brassage des cultures dans le Royaume, ont indiqué les intervenants, notant, dans ce contexte, que les costumes d'apparat ou ceux de la vie quotidienne, dans les centres urbains comme dans les zones rurales les plus reculées, en disent long notamment sur la cohabitation entre musulmans et juifs en terre marocaine.
L'Akhnif : Costume légendaire, fierté du Siroua L'akhnif, burnous orné porté dans le passé par les habitants du Siroua, nord de Ouarzazate, a attiré une attention particulière lors de cette journée d'étude, durant laquelle les participants ont fait la lumière sur les techniques de tissage de ce costume légendaire, dont des modèles sont exposés de nos jour dans les plus grands musée du monde, y compris le British Museum.
Tissé en poil de chèvre, d'une seule pièce sur un métier vertical, aussi bien dans les foyers berbères que dans les foyers juifs d'antan, l'akhnif, dont les origines sont difficiles à retracer, se distingue par sa technique de tissage qui peut être rattachée à celle utilisée dans l'antiquité pour la fabrication en une seule pièce des vêtements directement sur le métier à tisser.
Autrefois connue chez les Romains et les Coptes, cette technique n'est représentée aujourd'hui qu'au Maroc.
La technique unique de brochage de l'Akhnif doit ainsi sa survie à la région du Siroua, où les artisans, en majorité des femmes, défendent jalousement cet héritage millénaire, réussissant par la même à faire de cette localité, nichée entre les sommets de l'Atlas, le premier producteur du tapis au Maroc.
A noter que la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres abrite actuellement une exposition, célébrant la tradition millénaire du tissage au Maroc avec ses multiples facettes et splendides techniques.
Intitulé : «Tisser les fils de la vie : la connaissance esthétique et incarnée des tisseuses marocaines», l'exposition s'inscrit dans le cadre d'un vaste programme élaboré par l'ambassade du Maroc à Londres, sous la houlette de Chrifa Lalla Joumala, pour faire connaître, au Royaume-Uni, la culture et la civilisation marocaine dans toutes ses composantes.