Les Britanniques sont descendus en masse samedi dans les rues de Londres pour dire non à l'austérité, une manifestation d'une ampleur très rare dans un pays peu coutumier de telles démonstrations sociales, mais ternie par des casseurs.
AFP
28 Mars 2011
À 06:24
Les syndicats, qui rêvaient de faire de cette journée un tournant dans la mobilisation contre la politique de rigueur, estiment avoir gagné leur pari, même s'ils déplorent des échauffourées avec la police en marge du défilé, qui se sont soldées par neuf arrestations et cinq policiers blessés.
«Nous sommes absolument ravis : il y a des centaines de milliers de personnes, peut-être un demi-million» s'est félicité Paul Nowak, un des responsables de l'organisation.
Un porte-parole de la confédération des syndicats britanniques, le Trades Union Congress (TUC), a estimé qu'«entre 250.000 et 300.000 personnes» avaient répondu présent, et certains médias évoquaient, en l'absence d'estimation policière, 400.000 à 500.000 participants.
«C'est la plus grande manifestation à Londres depuis une génération» s'est enthousiasmé le syndicat Unite. Ce rassemblement est effectivement le plus important à Londres depuis celui contre la guerre en Irak qui avait réuni près d'un million de personnes en 2003. C'est aussi le plus important mouvement social depuis des émeutes survenues il y a deux décennies et qui précipitèrent la chute de Margaret Thatcher.
Un important service d'ordre avait été mis en place par le TUC, en plus des 4.500 policiers mobilisés, pour ne pas revivre les débordements des manifestations étudiantes de cet automne, qui avaient stupéfié les Britanniques.
Mais des échauffourées ont malgré tout éclaté en marge du défilé. Des perturbateurs ont attaqué à coups de peinture et de bouteilles de verre des magasins et des banques et brisé des vitrines, autour d'Oxford street, une grande artère commerçante.
Des ampoules remplies d'ammoniaque ont été lancées en direction des forces de l'ordre, selon la police. L'hôtel Ritz a été pris la cible de projectiles et des activistes se sont introduits dans le célèbre grand magasin Fortnum & Mason.
Les syndicats ont amèrement déploré ces scènes violences, d'autant que le défilé à proprement parler s'est déroulé pendant plus de cinq heures dans une atmosphère bon enfant.
Beaucoup étaient venus en famille, avec poussettes et vuvuzelas, ces fameuses cornes utilisées par les supporteurs lors des matchs de football en Afrique du sud.
Des Ecossais jouaient de la cornemuse et des musiciens et des danseurs se sont joints à cette marche, lui donnant un petit air de carnaval.
«Ne cassez pas la Grande-Bretagne» «Défendons nos services publics» proclamaient les banderoles.
«Je suis ici parce que le gouvernement veut nous fait payer pour réparer ce qu'on fait les banquiers. Il est en train de construire une société où les riches le sont encore plus, et les faibles encore plus démunis» a expliqué Gillian Siddons, un retraité de 60 ans.
«Les gens rassemblés aujourd'hui sont les porte-parole de la Grande-Bretagne profonde» a lancé le chef de l'opposition travailliste Ed Miliband en guise d'avertissement au gouvernement, qui a imposé au pays une cure de rigueur sans précédent, avec gel des salaires des fonctionnaires et suppression de plus de 300.000 emplois publics.
«Bien sûr que les gens sont inquiets, et même parfois en colère, mais nous avons hérité d'un telle situation économique que nous devons prendre des mesures pour ramener les finances publiques à l'équilibre» a plaidé le ministre de l'Education Michael Gove.