Fête du Trône 2004

«Forte convergence de vues»

François Hollande et Mario Monti d'accord pour faire rapidement des instruments de lutte contre la crise de l'euro
Hollande et Monti d'accord pour faire rapidement plus contre la crise de l'euro.

Hollande et Monti affichent leurs convergences sur les moyens d'enrayer la crise de la dette en zone euro et de relancer la croissance en Europe. (Photo : AFP)

15 Juin 2012 À 11:02

●  «Hollande et Monti affichent leurs convergences pour faire plus contre la crise de l'euro»

●  «Les deux dirigeants partagent l'idée de porter  une plus grande attention à la croissance, sans abandonner la rigueur budgétaire».

Le Président français François Hollande et le chef du gouvernement italien Mario Monti sont tombés d'accord jeudi à Rome sur la nécessité de renforcer, dès le Conseil européen prévu pour la fin du mois, les moyens de l'UE afin d'enrayer la crise de la zone euro.

A l'issue d'un entretien de deux heures et demie, Monti a souligné la «très forte convergence de vues» entre les deux pays, au cours d'une conférence de presse donnée à ciel ouvert dans la cour du Palais Chigi.

Jugeant «très positivement» tout ce qui avait été fait jusqu'à présent, dont le plan d'aide aux banques espagnoles, il a souligné que cela n'était «pas suffisant» pour «mettre l'euro à l'abri des turbulences des marchés» et qu'il était nécessaire de «renforcer les points actuellement faibles du système».

Les deux dirigeants partagent l'idée de porter «une plus grande attention à la croissance», «ce qui ne signifie pas l'abandon ou une attention mineure à la discipline budgétaire», a insisté l'ancien commissaire européen.

Hollande a abondé dans son sens et indiqué avoir adressé au président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, un document en vue de préparer le sommet européen des 28 et 29 juin à Bruxelles.

Cette «feuille de route» recense les trois «principes» que la France entend défendre : relance de la «croissance», accroissement de la «stabilité financière» et «renforcement de l'Union économique et monétaire», «de façon à ce que la spéculation soit découragée», a dit le président français, affirmant qu'il ne se satisferait pas de «demi-mesures».

Monti a souligné avoir discuté avec Hollande de «la dette souveraine» et des «instruments pour rétablir la confiance concernant les pays les plus exposés».

Dans ce cadre, les deux dirigeants ont évoqué l'«émission commune de titres» obligataires à moyen terme, allusion aux euro-obligations auxquelles l'Allemagne est très rétive.

Selon une source diplomatique française, Hollande a également suggéré d'étendre les compétences du futur Mécanisme européen de stabilité (MES) ou de lui accorder une «licence bancaire», afin de lui permettre de recapitaliser les banques en difficulté. «Il faut séparer le risque souverain du risque bancaire», a-t-elle commenté, «ça peut se faire d'ici à la fin de l'été».

Grèce : «au peuple de décider»

A trois jours des élections en Grèce, cruciales pour le maintien de ce pays dans l'euro, les deux dirigeants ont par ailleurs réaffirmé leur «souhait» qu'Athènes «reste dans l'euro et respecte ses engagements», a déclaré Monti.

Hollande a dit «partager complètement» cette opinion, mais en soulignant que la Grèce était «un pays souverain, c'est au peuple de décider». La rencontre entre les deux hommes avait pour objectif de préparer un sommet à quatre -auquel se joindront les dirigeants allemand et espagnol, Angela Merkel et Mariano Rajoy- le 22 juin à Rome, lui-même prélude au sommet européen des 28 et 29 juin.

«Le but, c'est d'arriver à une contribution à quatre sur une position commune», a-t-on espéré côté français. Sur les marchés, la journée a été marquée par un bond du taux à 10 ans appliqué à l'Espagne, qui a frôlé les 7%, son plus haut depuis la création de la zone euro et un niveau jugé insoutenable sur le long terme. Il faut dire qu'après Fitch, l'agence Moody's a abaissé mercredi soir la note de l'Espagne de trois crans, à «Baa3», juste au-dessus de la catégorie «spéculative».

L'Italie a, également, vu bondir ses taux au cours d'une émission obligataire à moyen et long termes.

Les Bourses européennes ont terminé de leur côté en ordre dispersé, dans l'attente des élections grecques. A la clôture, Paris était quasiment à l'équilibre (+0,08%) tandis que Londres perdait 0,31% et Francfort 0,23%. Milan gagnait 1,47% et Madrid 1,22%.

«Passerelle entre Paris et Berlin»

La nervosité des marchés s'accentue au moment où les investisseurs se focalisent sur l'avenir de la zone euro, à l'approche d'un G20 au Mexique, dont la crise de la dette «sera le thème central», a souligné Angela Merkel.

Pressée de toutes parts d'en faire plus pour endiguer la crise, la chancelière allemande a mis en garde contre la tentation de faire reposer le sauvetage de la zone euro sur les seules épaules de son pays et, surtout, a souligné qu'elle ne se satisferait pas de «solutions de facilité».

Le Premier ministre français Jean-Marc Ayrault lui a répondu du tac-au-tac en l'invitant à ne pas «se laisser aller à des formules simplistes». En coulisses, l'entourage de François Hollande a tenu à apaiser ces tensions. «Il y a des formules, des agendas (de politique intérieure), mais ça ne sert à rien de surinterpréter», a-t-on indiqué, «il y a une vraie convergence avec les Allemands, ils sont d'accord pour parvenir à un accord et à des résultats ambitieux fin juin à Bruxelles».

Alors que le nouveau pouvoir socialiste français inquiète quelque peu Berlin - le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a vertement critiqué l'assouplissement de la réforme des retraites décidée en France -, le président du Conseil italien croule sous les louanges venant d'outre-Rhin. Chargé de prononcer son éloge à Berlin, où Mario Monti recevait un prix, Schäuble a jugé qu'il était «le bon dirigeant, au bon endroit, au bon moment». 

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