Le Président des Etats-Unis Barack Obama a appelé mardi à reconstruire l'économie américaine sur la base de règles identiques pour tous, «du haut jusqu'en bas», dans un discours combatif sur l'état de l'Union en forme de feuille de route pour sa réélection.
Barack Obama a assuré que les Etats-Unis étaient «de plus en plus forts», et a voulu «présenter les plans d'une économie construite pour durer». (Photo : AFP)
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26 Janvier 2012
À 07:03
Face au Congrès où ses adversaires républicains sont en position de force, et neuf mois avant de briguer un second mandat, Obama a assuré que les Etats-Unis étaient «de plus en plus forts», et a voulu «présenter les plans d'une économie construite pour durer, où ceux qui travaillent dur en touchent les dividendes, où la responsabilité est récompensée».
«Nous avons trop progressé pour revenir en arrière. Tant que je serai Président, je travaillerai avec tous dans cet hémicycle pour capitaliser sur cet élan», a-t-il promis, dans un écho de sa campagne électorale de 2008, teintée d'oecuménisme.
Mais il a aussi mis en garde ses adversaires en assurant qu'il allait «combattre l'obstruction par l'action» et en se disant déterminé à empêcher un retour vers les politiques ayant selon lui débouché sur la crise économique.
«Nous pouvons soit nous contenter d'un pays où un nombre de plus en plus faible de gens s'en sortent bien, pendant qu'une part croissante des Américains s'en sortent tout juste. Ou nous pouvons rétablir une économie où tout le monde a une chance, où tout le monde fait son dû, et tout le monde joue selon les mêmes règles», a-t-il ajouté.
Obama a, ainsi, dit vouloir une réforme de la fiscalité instituant un taux d'imposition minimal de 30% sur les revenus des millionnaires, et une remise à plat du code des impôts de façon à inciter les entreprises à produire davantage aux Etats-Unis.
Echec de la politique économique Son appel à réformer une fiscalité avantageuse pour les détenteurs de capitaux, héritage de son prédécesseur républicain George W. Bush, s'est déjà heurté dans le passé à l'hostilité des parlementaires de ce parti.
Mais ce sujet a mis en difficulté l'un des principaux candidats à l'investiture de la formation conservatrice pour la présidentielle, le millionnaire Mitt Romney, qui a révélé mardi n'être soumis qu'à un taux d'imposition d'environ 15%.
Entamant son intervention par la mention de la fin de l'engagement américain en Irak et la mort d'Oussama ben Laden, le président a rendu hommage aux soldats de son pays en remarquant que ces militaires «ne sont pas dévorés par l'ambition personnelle (...) Ils travaillent de concert».
«Imaginez ce que nous pourrions accomplir si nous suivions leur exemple», a ajouté Obama, dont la quasi-totalité des projets législatifs ont échoué au Congrès depuis qu'une majorité républicaine s'est installée à la Chambre il y a un an.
Les républicains ont reproché mardi à Obama de parler de projets économiques en oubliant son mauvais bilan en matière de chômage, qui atteint 8,5% contre 5% avant le début de la récession de 2007-2009.
En campagne pour la primaire de la semaine prochaine en Floride, Romney a dit mardi vouloir «que ce soit aujourd'hui le dernier discours sur l'état de l'Union de Barack Obama».
Le Président républicain de la Chambre John Boehner a répété mardi que «cette élection (présidentielle) sera un référendum sur la politique économique du président», qui «a échoué» selon lui.
Visite de cinq Etats Dans un discours largement consacré à la politique intérieure, Obama a évoqué la concurrence économique de la Chine et s'est dit décidé à ce qu'elle s'effectue à armes égales, en promettant de combattre davantage le piratage et la concurrence déloyale attribués à ce pays, via un nouvel organisme.
Concernant le programme nucléaire iranien controversé, Obama a assuré qu'une résolution «pacifique» était «encore possible» mais que «toutes les options» restaient sur la table.
Et face à l'instabilité née des révoltes contre les régimes autoritaires dans le monde arabo-musulman il y a un an, Obama, a promis que son pays resterait solidaire des forces démocratiques face à «la violence et l'intimidation».
Dès mercredi matin, Obama va aller décliner son message économique sur le terrain. En trois jours, il visitera cinq Etats qui, comme la Floride, pourraient s'avérer cruciaux pour une réélection, de l'Iowa au Michigan (nord), en passant par l'Arizona, le Nevada et le Colorado dans l'ouest.
Obama veut doper la production «Made in USA»
Le Président américain Barack Obama a lancé mardi l'idée de soutenir l'emploi aux Etats-Unis en encourageant la réindustrialisation du pays, deux ans après avoir promis un doublement des exportations américaines.
A l'occasion de sa déclaration de politique générale annuelle, Obama, a proposé plusieurs pistes pour atteindre ce but, alternant entre mesures incitatives et coercitives.
Le Président veut faire disparaître les avantages fiscaux qui permettent aux entreprises de délocaliser leur production à l'étranger et proposer au contraire un crédit d'impôt pour celles qui rapatrient leur production, ou qui créent des emplois manufacturiers dans le pays, en particulier dans le domaine des techniques de pointe.
Obama veut également permettre au fisc de toucher des recettes sur les profits que les entreprises réalisent en dehors des Etats-Unis, ce qui n'est actuellement pas le cas.
Le code des impôts américain est truffé de niches et d'exemptions qui permettent aux entreprises de se soustraire à l'impôt. A tel point que l'une des plus grandes entreprises du pays, General Electric, fortement présente à l'étranger, a pu ne payer aucun impôt aux Etats-Unis en 2009 et 2010 alors qu'elle engrangeait des bénéfices confortables.
Alors que la reprise de l'économie américaine entamée à l'été 2009 reste lente, le gouvernement cherche par tous les moyens à hâter la reprise des embauches mais ne parvient pas à rallier à ses projets l'opposition républicaine, majoritaire à la Chambre basse depuis janvier 2011.
La route est encore très longue avant de que Obama puisse déclarer gagnée la bataille pour l'emploi qui avait été le thème de sa déclaration de politique générale de 2009.
Cette année là, Obama avait fixé l'objectif d'un doublement des exportations du pays sous cinq ans, susceptible de permettre la création de deux millions d'emplois. Les derniers chiffres du département du Commerce montrent que les exportations américaines ont augmenté de 34,5% depuis lors.
Pour atteindre le but fixé, Obama a promis une nouvelle fois d'intensifier la pression sur la Chine, volontiers accusée aux Etats-Unis d'être la source de tous les maux du pays.
Le Président a, ainsi, annoncé la constitution d'une unité spéciale mettant en commun les ressources de l'Etat fédéral pour traquer les pratiques commerciales déloyales dans le monde entier, en particulier en Chine.
Comme d'autres pays occidentaux, les Etats-Unis subissent depuis plusieurs décennies une désindustrialisation forte au point que le secteur des services est aujourd'hui ultradominant dans l'économie.
L'ancienne superpuissance industrielle se voit aujourd'hui disputer la place de première puissance manufacturière par la Chine.
Mais Obama estime que l'époque est propice pour les industriels américains. Porté par la demande asiatique, le secteur manufacturier est actuellement le moteur de la reprise.
«Aujourd'hui, il devient plus onéreux de faire des affaires dans des endroits comme la Chine», a-t-il affirmé, «nous avons une occasion extraordinaire, à l'heure actuelle de ramener les emplois manufacturiers» au pays.
Reste que produire ne suffit pas: il faut aussi vendre. A l'heure où l'économie mondiale ralentit, une étude publiée mardi par la banque centrale (Fed) prévient qu'à l'heure actuelle, il ne faut pas compter sur les consommateurs américains pour assurer le relais.
Les Etats-Unis sont «de plus en plus forts»
Le Président Barack Obama a affirmé que les Etats-Unis étaient «de plus en plus forts» et s'est dit déterminé à empêcher un retour vers les politiques ayant selon lui, débouché sur la crise économique, lors de son discours sur l'état de l'Union devant le Congrès à Washington.
«Nous avons trop progressé pour revenir en arrière. Tant que je serai président, je travaillerai avec quiconque dans cet hémicycle pour capitaliser sur cet élan», a promis Obama face aux parlementaires et aux corps constitués.
Mais à un peu plus de neuf mois de l'élection présidentielle lors de laquelle il briguera un second mandat de quatre ans, il a aussi assuré qu'il allait «combattre l'obstruction par l'action» et s'opposerait à «toute tentative de revenir aux politiques qui ont provoqué cette crise économique».
«Non, nous ne reviendrons pas à une économie affaiblie par les délocalisations, les mauvaises dettes, les profits financiers bâtis sur la triche. Ce soir, je veux (...) présenter les plans d'une économie bâtie pour durer», a-t-il poursuivi.
Obama demande un nouvel effort en faveur des énergies vertes
Le président américain Barack Obama a appelé mardi le Congrès à promouvoir les énergies vertes, mais reconnu que la classe politique était trop divisée pour pouvoir espérer combattre le réchauffement climatique.
Dans son discours annuel sur l'état de l'Union devant les deux Chambres du Congrès, Obama a appelé les parlementaires à offrir des incitations fiscales en faveur des énergies renouvelables et à supprimer les subventions à l'industrie pétrolière.
«Les clivages dans ce Congrès sont sans doute trop forts maintenant pour faire voter un plan complet pour lutter contre le réchauffement climatique», a reconnu Obama. «Mais il n'y a pas de raison que le Congrès ne fixe pas au moins des critères en matière d'énergies vertes qui créent un marché pour l'innovation», a-t-il plaidé.
«Je ne vais pas céder les industries solaires, éoliennes et des batteries électriques à la Chine ou à l'Allemagne sous prétexte que nous refusons de nous engager dans le même sens», a-t-il dit. «Cela fait un siècle que nous subventionnons les compagnies pétrolières, cela suffit».
Les républicains, majoritaires depuis un an à la Chambre des représentants, s'opposent à tout projet de loi visant à lutter contre le réchauffement, dont beaucoup d'entre eux contestent même la réalité. Un projet de loi en ce sens a pour cette raison échoué au Sénat en 2010.