22 Juin 2012 À 08:15
Dès que vos pas foulent le site archéologique de Chellah, vous êtes saisi par la magie du lieu, une magie qui vous transporte dans les confins de l'histoire du Maroc, depuis la période phénicienne jusqu'à la mérinide, passant par celles maure et romaine.
Le site de Chellah est considéré à juste titre comme l'un des plus importants monuments touristiques et historiques de Rabat. Il représente quatre périodes qui ont marqué l'histoire du Maroc. La première s'étend du septième ou sixième siècle av. J.-C. A cette époque, le site tenait lieu de base navale reliant les sites de Lixus et Mogador (Essaouira).
La deuxième période remonte à l'ère Maure, dont il est difficile, d'après l'adjoint du conservateur des sites de Chellah et des Oudayas, Mustapha Ramdani, d'en déterminer les débuts, à la lumière des résultats et recherches archéologiques. Il est néanmoins admis que le site avait prospéré dans la période allant de la fin du premier siècle av. J.-C. au début du premier siècle, jusqu'à se muer en une citée prospère ayant vu l'édification de plusieurs bâtiments publics et la production de sa propre monnaie.
Dans un entretien à l'agence Maghreb Arabe Presse, Ramdani ajoute qu'à partir de l'an 40, année qui avait vu la transformation du Royaume maure en une province romaine, la ville commença à porter le nom de Sala Colonia.
C'est pendant cette période que la ville a vécu des transformations architecturales importantes, représentées principalement par émergence d'un ensemble d'établissements publics tels que le temple et la place publics. La ville de Sala (Chellah) est demeurée sous la domination romaine jusqu'à la fin du cinquième siècle.
Pendant le dixième siècle, le site s'est transformé en une caserne qui rassemblait les combattants guerroyant contre la tribu de Berghouata. A partir de la fin du treizième siècle, le site a connu une nouvelle lancée avec la dynastie Bani Marin qui l'a transformé en une nécropole de leurs rois et nobles. Cette période de l'histoire de Chellah a été également marquée par la construction de plusieurs sites architecturaux importants, notamment le mausolée d'Abou Al-Hassan Al-Marini, la médersa Abou Inane, et le hammam mérinide.
Selon Ramdani, l'importance que revêt ce site historique et civilisationnel apparait à travers ses monuments répartis en deux structures différentes. La première est représentée par les édifices romains, dont les méthodes de construction basées sur la pierre renseignent sur l'essor de cette civilisation.
Les monuments mérinides, quant à eux, traduisent la prospérité qu'avait atteint la civilisation mérinide, notamment sur le plan architectural. La médersa Abou Inane et le mausolée Abou Al-Hassan représentent le summum de la civilisation de cette époque.
Le site de Chellah occupe une importance singulière sur le plan touristique, car il est considéré parmi les destinations les plus attractives de la capitale, de par la richesse historique et naturelle qu'il offre. D'après Ramdani, la majorité des visiteurs du site sont des étrangers qui s'y rendent tout au long de l'année. Ils se divisent en deux catégories : les premiers s'intéressent au site et à son histoire, alors que les autres sont attirés par l'environnement naturel et écologique qui abrite le site.
Conscient de l'importance historique, touristique et économique de ce site, le ministère de la culture a mis en place un plan graduel visant à rehausser le site et à en faire un point d'attractivité et ce en lui assurant la garde nécessaire, en réaménageant son espace vert et en restaurant une partie du passage réservé aux visiteurs. De même, le ministère compte restaurer certaines parties de la muraille du site.
En outre, le site Chellah est considéré comme un espace pouvant accueillir des événements artistiques, dans un cadre offrant authenticité et permettant l'interaction avec le public, tels le festival de Jazz, qui a clôturé ses activités dernièrement, et des spectacles du festival Mawazine, en plus d'autres manifestations artistiques et théâtrales qu'accueille le site tout au long de l'année.