04 Juin 2013 À 07:45
Israël a accueilli prudemment la nomination dimanche par le Président palestinien Mahmoud Abbas de Hamdallah, disant espérer avoir affaire à un «pragmatique» pour succéder à Fayyad, qui était plébiscité par la Communauté internationale.
«Le nouveau gouvernement sera une continuation du précédent», a assuré lundi Rami Hamdallah, réaffirmant que la plupart des ministres resteraient en place.
«Ce gouvernement fait partie des efforts de réconciliation. J'espère que le 14 août, le Président Abbas formera un nouveau gouvernement, en vertu de l'accord entre le Hamas et le Fatah», a-t-il indiqué.
«Nous espérons que Rami Hamdallah pourra diriger le gouvernement pendant trois mois pour nous donner une chance de former un gouvernement d'union», a déclaré à l'AFP Amine Maqboul, secrétaire général du Conseil révolutionnaire du Fatah, le mouvement de Mahmoud Abbas.
Lors d'une nouvelle réunion au Caire le 14 mai, le Fatah et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et de la bande de Gaza, se sont donné trois mois pour appliquer enfin les principales clauses de leurs accords de réconciliation, constamment reportées depuis plus de deux ans.
Ces accords signés au Caire (avril-mai 2011) et à Doha (février 2012) prévoient que les gouvernements rivaux cèdent la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections.
Le Hamas a dénoncé la nomination de Hamdallah comme «une prolongation du gouvernement Fayyad, illégitime et illégal», estimant qu'elle «entérinait la division».
Mais un dirigeant du Fatah en visite à Gaza, Nabil Chaath, a assuré que «ce nouveau gouvernement ne mettrait aucun obstacle aux discussions de réconciliation», jugeant «illogique de maintenir un vide en Cisjordanie en laissant quelque 3,5 millions de personnes sans gouvernement».
Dans une première réaction officielle israélienne, le ministre de la Défense Moshe Yaalon a souligné «ne pas connaître le nouveau Premier ministre comme homme politique mais comme professeur».
«Nous espérons avoir en face de nous des gens pragmatiques», a dit Yaalon, cité dans un communiqué.
«Les responsables israéliens considèrent que Rami Hamdallah est un modéré et un pragmatique qui suivra la même ligne politique que son prédécesseur Salam Fayyad», selon la radio militaire.
Le quotidien Haaretz cite lui aussi des responsables israéliens le qualifiant de «pragmatique qui entretient de nombreux contacts professionnels avec des Israéliens».
Un éditorialiste du journal salue Hamdallah qui a accepté «une mission suicide». «Il va devoir persuader les Etats-Unis et les autres pays donateurs qu'il est un partenaire sérieux, honnête, exempt de corruption, au moins autant que l'était Fayyad», écrit-il, soulignant qu'«il ne bénéficie pas du statut international de son prédécesseur».
«Si l'Occident sent qu'il n'y a pas un adulte responsable pour protéger les caisses palestiniennes, l'aide internationale qui maintient en vie l'Autorité palestinienne risque de se tarir rapidement», pronostique-t-il.
Le chef de la délégation de l'Union européenne dans les Territoires palestiniens, John Gatt-Rutter, a dit lundi à Gaza «espérer continuer à travailler très étroitement avec le nouveau gouvernement du Président Abbas pour bâtir les institutions dont la Palestine a besoin».
Les Etats-Unis ont salué dimanche la nomination de Hamdallah. «Ensemble, nous pouvons choisir la voie d'un accord négocié pour deux Etats qui permettra aux Palestiniens de combler leurs aspirations légitimes à un Etat palestinien souverain et indépendant», a affirmé le secrétaire d'Etat John Kerry.
Le départ de Fayyad est tombé au pire moment pour la diplomatie américaine, qui, faute de progrès politiques lors des visites de Kerry, s'est rabattue sur la promotion du développement économique en Cisjordanie occupée.
Âgé de 54 ans et président depuis 1998 de l'Université Al-Najah de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, Hamdallah est également secrétaire général de la Commission électorale centrale (CEC) et président du directoire de la Bourse palestinienne, basée à Naplouse.
Proche du Fatah et membre du directoire de la Fondation Yasser Arafat, dédiée à la mémoire du défunt président palestinien, il est docteur en linguistique appliquée de l'Université britannique de Lancaster.