28 Juillet 2013 À 13:01
Sans union maghrébine, le poids de cette région du monde restera insignifiant face aux grands groupements économiques, et les Etats maghrébins resteront de simples consommateurs, et non producteurs, de technologies et d'innovation, a ajouté M. Oulalou
Le Maghreb est une région qui possède tous les atouts économiques et géographiques qui la prédisposent à devenir une force et un groupement économique de poids, a-t-il poursuivi, notant que le projet de l'unification du Maghreb, lequel reste toujours tributaire des relations maroco-algériennes, tarde encore à devenir une réalité.
Oulalou a fait savoir que la non édification du Maghreb a un coût élevé pour tous les Etats de la région sans exception, faisant observer dans ce sens que l'économie marocaine n'atteindra jamais un taux de croissance de 7% sans union maghrébine alors que celle de l'Algérie restera toujours une économie de rente.
Cette région se trouvant à la croisée des chemins entre le Nord et le Sud de la Méditerrané, entre l'Europe et l'Afrique, doit tirer profit de cet atout stratégique, a-t-il relevé, notant que le Maroc a une grande lisibilité de l'histoire en renforçant les relations économiques Sud-Sud, notamment avec le continent africain, qui est devenu une région d'attractivité pour les grands groupements économiques, avec un taux de croissance annuel de 5%.
Dans les décennies à venir, les pays du monde seront dans l'obligation de réussir plusieurs transitions qui sont d'ordre énergétique (le passage vers les énergies propres), écologique (économies respectueuses de l'environnement) et alimentaire, a fait savoir Oulalou, relevant que le Maroc et l'Algérie ont les atouts pour réussir «la transition alimentaire» qui a besoin de deux matières premières à savoir le phosphate (les engrais) et le gaz, a ajouté Oulalou.
Les économies maghrébines sont par nature complémentaires, a-t-il dit, notant que le Maroc a deux secteurs qui sont performants à savoir les banques et les télécommunications, dont l'expérience peut bénéficier aux autres pays maghrébins.
Par ailleurs, Oulalou a souligné que le renforcement des liens économiques, des conventions de jumelage, des relations décentralisées et du réseautage entre la société civile constitueront l'alternative à ce statu-quo et représenteront une force de pression sur les décideurs pour accélérer l'édification du Grand Maghreb.
Dans ce cadre, il a noté que les intellectuels et la diplomatie partisane ont eux aussi un rôle de taille à jouer pour le rapprochement entre ces pays.
Il est temps que les décideurs comprennent que le monde d'aujourd'hui est foncièrement différent de celui des dernières décennies avec toutes les mutations économiques opérées (le passage vers l'économie du marché), démographiques, la révolution engendrée par les NTIC et la prédominance de la globalisation, nécessitant une adaptation dans les plus brefs délais avec ces changements, autrement le Maghreb restera en dehors de l'histoire.
La convention annonçant la création du Maghreb en 1989, a été un événement historique à tous les niveaux, cependant elle a besoin d'être actualisée eu égard aux changements et aux accumulations opérées à l'heure actuelle.
L'édification du Grand Maghreb a besoin en premier lieu de volonté politique de la part des décideurs, et doit s'opérer de manière progressive, et les intérêts économiques doivent avoir la primauté sur «les complexes» de l'histoire, a conclu Oulalou.
Les autres intervenants ont souligné que l'édification du Grand Maghreb demeure otage de calculs politiques étriquées, qui privent la région d'un grand marché économique intérieur et contraignent les pays à mener des négociations avec les groupements économiques de façon individuelle.
Ils ont noté que les peuples de la région ont une longueur d'avance sur les preneurs de décisions et sont plus mobilisés et plus conscients des enjeux de la nécessité de l'édification du Grand Maghreb.
Ils ont en outre noté avec satisfaction que le Royaume réaffirme et s'engage dans la nouvelle constitution de 2011 à œuvrer à la construction de l'Union du Maghreb, comme option stratégique.
Ils ont fait observer que la fermeture des frontières entre l'Algérie et le Maroc constitue un véritable obstacle pour l'édification du Maghreb arabe et ne fait qu'encourager l'économie souterraine, un véritable danger pour les économies des deux pays.
L'OAM, initiatrice de cette conférence, est une association qui œuvre à la réouverture des frontières maroco-algériennes, ainsi que pour un parlement maghrébin avec des pouvoirs élargis, un marché commun et une monnaie maghrébine unique et pour la mise en œuvre des conventions conclues entre les pays maghrébins.