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La présence demeure contradictoire

«La présence des femmes journalistes dans les médias en contradiction avec l'esprit de la Constitution», Mustapha El Khalfi

Favoriser l'élaboration d'une stratégie pour l'amélioration de la situation de la femme journaliste. (Photo : MAP)

27 Février 2013 À 15:10

La présence de la femme journaliste marocaine dans les médias demeure contradictoire avec l'esprit de la Constitution et les politiques nationales en matière de genre et ce, en dépit de l'évolution technologique qui offre de grandes opportunités, a estimé le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi. 

Intervenant, mercredi à Casablanca, à l'ouverture d'une journée d'étude sur le thème «La place de la femme journaliste dans le paysage médiatique marocain», initiée par le Réseau des femmes journalistes (RFJ), le ministre a indiqué que le nombre de femmes journalistes détentrices de cartes de presse ne dépasse guère les 28% (600 journalistes), soit largement en deçà des dispositions de la Charte adoptée en 2005 sur la promotion de la présence de la femme dans les médias. 

Un autre chiffre qui reflète clairement cette disparité est celui du nombre de femmes éditrices qui est de 32 sur un total de 322, a encore déploré le ministre pour qui la société continue de souffrir de stéréotypes qui ternissent l'image de la femme dans les médias. 

Autant de contraintes qui font que «nous sommes dans une situation de crise d'accès des femmes aux postes de décision» dans leur entreprise, a-t-il dit. 

El Khalfi a, en outre, annoncé qu'un projet de décret portant création d'un Observatoire national pour la promotion de l'image de la femme dans les médias est en cours d'élaboration par une commission présidée par Nadia Lamhidi, professeur à l'Institut supérieur de l'information et de la communication (ISIC) et ce, dans le cadre d'un partenariat entre les ministères en charge de la communication et de la femme. 

Toutes les mesures, a-t-il poursuivi, demeurent insuffisantes en l'absence d'un accompagnement adéquat en termes de renforcement des capacités et compétences, à travers notamment la formation et la formation continue. 

De son côté, la présidente du RFJ, Nezha Mghari a indiqué que la rencontre ambitionne de diagnostiquer la place et la présence de la femme dans les médias, ses conditions de travail et les possibilités d'accès aux sphères de décision et sa protection de toutes les formes de harcèlement dans le cadre du travail, en vue de lui permettre de mieux exercer son métier. 

Des ateliers comprenant des témoignages sur le vécu de certaines journalistes et les problèmes qu'elles rencontrent pendant leurs carrières seront au cœur de ces travaux et devront favoriser l'élaboration d'une stratégie pour l'amélioration de la situation de la femme journaliste, a-t-elle dit, précisant que ces objectifs convergent parfaitement avec ceux fixés par le RFJ. 

Au nom de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), Bahia Amrani a affirmé que la fédération peut contribuer de manière concrète à instaurer le principe d'égalité, en agissant sur le recrutement des femmes, leur traitement au sein de l'établissement, ou encore sur l'image véhiculée par les médias sur la femme. 

Toutefois cette valeur n'est pas respectée, a-t-elle relevé, notant que la FMEJ compte 70 entreprises de presse, dont deux seulement sont dirigées par des femmes. 

La volonté politique peut exister, mais même si les lois sont en faveur de la femme, notamment l'article 19 de la Constitution, les objectifs escomptés ne peuvent être atteints que grâce à une volonté personnelle et une ambition de s'imposer, a-t-elle ajouté. 

Alana Barton, représentante de la Fondation internationale des femmes journalistes (IWMF) a, quant à elle, fait savoir que la fondation, créée en 1990 et basée à Washington, s'active à promouvoir la présence des femmes dans les médias, notamment en termes de recrutement fondé sur l'égalité, de modules de formation sur le leadership féminin dans les médias à travers le monde, outre un projet de recherche sur le taux d'accès des femmes au marché de l'emploi et leurs conditions de travail. 

Il ressort d'une enquête menée par l'IWMF dans sept régions du monde qu'une différence significative existe dans les critères de recrutement et l'accès aux responsabilités et ne permet pas une inclusion basée sur le sexe, a-t-elle fait savoir. Elle a, dans ce contexte, affirmé que le Maroc occupe une position louable par rapport à sa région, en termes de stabilité de l'emploi et des conditions de recrutement 

Ces travaux, marqués par la présence de plusieurs personnalités du monde des médias et de la société civile, se poursuivent par l'organisation de panels thématiques sur «Conditions de travail», «Formation et formation continue», «Accès aux sphères de décision» et «Harcèlement», animés par des membres du RFJ, des professionnels et des experts.

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