Fête du Trône 2004

Restauration, un chantier complexe et très coûteux

Le chantier de réhabilitation de l'habitat menaçant ruine à Fès est complexe et très coûteux si bien que la conjugaison des efforts de tous les partenaires s'avère nécessaire pour vaincre toutes les contraintes d'ordre technique, juridique et socio-économique qui pèsent sur la préservation de ce riche patrimoine historique.

La Médina de Fès reflète en effet toute la grandeur de l'histoire du Maroc ? ainsi que l'authenticité d'un savoir-faire inégalé dans les domaines culturel, architectural et urbanistique. (Photo : commons.wikimedia.org)

05 Mars 2013 À 12:10

La Médina de Fès, qui s'étend sur 280 hectares et compte plus de 200.000 habitants, reflète en effet toute la grandeur de l'histoire du Maroc ? ainsi que l'authenticité d'un savoir-faire inégalé dans les domaines culturel, architectural et urbanistique.

Classée en 1981 patrimoine universel par l'Unesco, la cité Idrisside a fait l'objet de plusieurs menaces liées aussi bien à la pression démographique, à la gestion urbaine qu'à la dégradation de l'environnement de la médina.

Consciente de ces menaces sur l'avenir de cette cité un peu particulière et sur son patrimoine millénaire, l'Unesco a proclamé la ville de Fès en 1976 «trésor culturel de l'humanité», avant de lancer, en avril 1980, un appel à la solidarité internationale pour la préservation de ce patrimoine culturel et architectural millénaire.

Le projet de préservation de la Médina, mené par la L'Agence pour le développement et la réhabilitation de la ville de Fès (ADER-Fès) et financé par les pouvoirs publics et les partenaires internationaux, avait pour objectif de «transformer un patrimoine d'une situation statique à une situation dynamique sans toucher à sa dimension et à sa valeur historique».

Ce projet intégré et très complexe, de l'avis de tous les intervenants, visait la conservation et la réhabilitation de la Médina, particulièrement son habitat historique et son environnement urbain, à travers un ensemble d'actions très diversifiées et liées l'une à l'autre. 

L'opération porte sur plusieurs axes et composantes tels que les murailles, les sites et monuments historiques, les infrastructures de base et les circuits touristiques. 

Il s'agit en particulier du développement d'un système d'incitation favorisant la réhabilitation du patrimoine bâti, l'amélioration de l'accessibilité à la médina et de son environnement, les travaux communautaires (évacuation ruine, interventions d'urgence) et le renforcement institutionnel (formation, études et mobilisation des ressources de communication).

Après l'effondrement d'une maison en 2004 faisant plusieurs victimes, un programme d'urgence a été lancé avec pour objectif principal de garantir la sécurité des personnes et des familles qui occupent ces espaces qui risquent l'effondrement à tout moment.

Depuis son lancement, ce programme de restauration a permis le relogement de 476 ménages, l'intervention d'urgence au profit de 1592 bâtisses, le confortement de 283 bâtisses et l'évacuation de 13 ruines, pour un coût estimé à 498,25 millions de DH. 

Ces projets visent de même à améliorer les conditions de vie de la population par le biais de la consolidation du cadre bâti, la préservation des monuments et le renforcement de l'infrastructure routière et des espaces publics.

En dépit des résultats encourageants engrangés, le manque de moyens, la pression démographique et les difficultés d'ordre technique ont retardé l'aboutissement du chantier.

Selon le directeur de l'Ader-Fès, Fouad Serghini, plus de 1.700 logements à risque sont recensés actuellement dans la médina de Fès, dont la restauration et la réhabilitation nécessitent un investissement de l'ordre de 450 millions de DH.

Les études menées par l'ADER ont démontré que l'habitat menaçant ruine constitue le principal défi pour la préservation du tissu urbanistique de la médina de Fès, de par ses multiples complications d'ordre technique, topographique et socio-économique et leur impact sur la vie des gens et la sécurité des familles qui y sont logées.

Ce phénomène montre clairement que ces logements constituent non seulement un abri pour des milliers de personnes, mais surtout une réalité socio-économique qui mérite des approches innovantes pour la cerner dans ses multiples aspects, selon lui.

Outre la réhabilitation, les interventions de l'ADER visent à intégrer ces habitations dans le tissu économique et à leur rendre leur attrait d'antan pour encourager les gens à continuer à vivre dans cet espace convivial et éviter d'en faire un musée à des fins purement touristiques.

Les conventions signées lundi sous la présidence de S.M. le Roi Mohammed VI vont sûrement donner un nouvel élan au programme de restauration de l'habitat et des monuments historiques menaçant ruine dans la médina de Fès.

Il s'agit notamment du traitement de 3.666 bâtisses menaçant ruine en médina intramuros (Fès Médina et Mechouar Fès Jdid), pour un coût de 330 millions de DH, ainsi que l'intervention en faveur de 5 medersa, 4 borjs, 3 foundouks, 3 tanneries, 2 murailles et 2 ponts, pour une enveloppe budgétaire de 285,5 millions de DH prise en charge par plusieurs partenaires.  

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