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Un an de répit pour réduire son déficit

Eprouvé par l'austérité, le Portugal obtient une année de répit de ses créanciers pour réduire ses déficits

«Les nouvelles limites du déficit sont de 5,5% du PIB en 2013, 4% en 2014 et 2,5% en 2015», a déclaré le ministre des Finances, Vitor Gaspar. (Photo : AFP)

16 Mars 2013 À 07:45

Le Portugal, sous assistance financière internationale, a obtenu de ses créanciers une année supplémentaire pour réduire son déficit public, qu'il ne devra ramener sous le seuil de 3% du PIB qu'en 2015.

Le Portugal, durement éprouvé par la crise et l'austérité, a obtenu vendredi de ses bailleurs de fonds un an de plus pour réduire son déficit et ses dépenses, alors qu'il est confronté à sa plus grave récession depuis les années 1970, à un chômage record et un mécontentement social croissant.

En bénéficiant de plus de temps pour mettre en œuvre les mesures d'austérité exigées par le plan de sauvetage international, le Portugal aura désormais jusqu'en 2015 et non plus 2014, pour ramener son déficit budgétaire sous la barre des 3% du PIB, fixée par Bruxelles.

La troïka des bailleurs de fonds composée de la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international a affirmé avoir accepté de revoir l'objectif de déficit de 4,5 à 5,5% du PIB en 2013, de 2,5 à 4% du PIB en 2014, alors que l'objectif de déficit pour 2015 fixé à 2,5% du PIB, sera en dessous du seuil de 3% défini par le Pacte de stabilité et de croissance.

«L'application du programme reste globalement sur les rails dans une conjoncture économique difficile», a estimé la troïka dans un communiqué à l'issue de son septième examen trimestriel du programme de redressement portugais, notant que le pays respecte globalement ses engagements dans le cadre du plan d'aide et pourra à nouveau se financer entièrement sur les marchés dans le courant de 2013, malgré des conditions économiques plus difficiles que prévu. 

Cette évaluation entamée le 25 février et qui a duré près de trois semaines a été plus longue que les précédentes opérations et à l'évidence la plus difficile depuis que les bailleurs de fonds passent à la loupe les comptes du pays.

En accordant un nouveau satisfecit au gouvernement portugais pour ses efforts, la troïka ouvre la voie au versement d'une nouvelle tranche d'aide d'un montant de 2 milliards d'euros dans le cadre d'un prêt global de 78 milliards accordé en mai 2011.

Outre l'allègement des objectifs budgétaires, la troïka a également donné au gouvernement jusqu'en 2015 pour réduire les dépenses publiques de 4 milliards d'euros, dans le cadre d'une réforme de l'Etat que Lisbonne devra détailler prochainement. A l'origine, ces économies auraient dû être réalisées en 2013 et 2014. 

Lors d'une conférence de presse destinée à la présentation des résultats de l'examen de la Troïka, le ministre portugais des finances, Vitor Gaspar a indiqué que le déficit public s'est établi à 4,9% en 2012, respectant ainsi l'objectif de 5% fixé par les créanciers. Il a toutefois précisé que l'office statistique européen Eurostat a refusé de prendre en compte les recettes issues de la concession des aéroports portugais et estimé selon ses critères que le déficit a été de 6,6%.

En allégeant les objectifs du Portugal, ses bailleurs de fonds ont reconnu que les mesures d'austérité imposées ont contribué au recul de l'économie et à l'augmentation du chômage et que le gouvernement n'est plus en mesure d'atteindre les objectifs fixés. La décision des bailleurs de fonds du Portugal, de reporter à 2015 l'objectif de réduction du déficit public, est destinée à alléger le fardeau pesant sur ce pays qui s'avère plus mal en point que les experts le prévoyaient.

Après une récession de 3,2% en 2012, la plus grave depuis 1975, les créanciers de Lisbonne prévoient désormais une contraction de 2,3% du PIB portugais cette année, alors qu'ils n'attendaient qu'une baisse de 1% à l'issue du précédent examen, en novembre. La troïka a, également, revu à la baisse à 0,6% sa prévision de croissance pour 2014, contre 0,8% précédemment. 

Le chômage, qui frappe déjà 16,9% de la population active, devra selon les nouvelles prévisions du gouvernement et des créanciers du pays, atteindre le taux de 18,2% à la fin de l'année puis un nouveau record de 18,5% l'année prochaine.

La décision de la Troïka d'alléger les objectifs budgétaires du pays intervient alors que les mesures de rigueur sans précédent mises en œuvre par le gouvernement notamment une baisse des salaires et des retraites et une hausse généralisée des impôts, ont amplifié la grogne social de plus en plus palpable.

Le pays est confronté ces derniers mois à une vague de contestation sans précédent ponctuée de grèves et de manifestations au cours desquelles les protestataires dénoncent l'austérité et réclament le départ de la Troïka et la démission du gouvernement.

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