23 Mars 2014 À 07:45
L'Association marocaine Alzheimer et maladies apparentées (Amama) a organisé samedi à Mohammedia les 3es Rencontres Alzheimer sous le thème «44 millions de malades dans le monde, quelle stratégie au Maroc ?».
Le chiffre alarmant contenu dans le thème est rapporté par le dernier rapport sur la maladie en 2013 de l'ADI (Alzheimer Disease International) et présenté à cette occasion par le directeur exécutif de cette organisation non gouvernementale, Marc Wortmann qui a indiqué que le nombre de personnes souffrant de démence dans le monde a augmenté de 22% au cours des trois dernières années, à telle enseigne qu'on enregistre un malade toutes les 4 secondes.
Ce nombre de 44 millions de malades d'Alzheimer risque, selon ce rapport, de tripler d'ici à 2050 pour atteindre environ 135 millions dont plus de 70% vivent dans les pays sous-développés, plus exposés à la maladie que les pays prospères en raison de l'analphabétisme et le manque, voire l'absence de structures d'accueil et de prise en charge des personnes atteintes d'Alzheimer.
Devant cette situation alarmante, Wortmann juge nécessaire que l'OMS (Organisation mondiale de la santé) fasse de la maladie une priorité, un problème mondial de santé publique, appelant au soutien des programmes et soins liés à la démence, surtout dans les pays pauvres.
Sur le coût de la maladie, le rapport indique que les affections liées à la démence dépassent les 600 milliards de dollars, ce qui représente environ 1% du produit intérieur brut mondial. Et il est à craindre que ce chiffre n'augmente crescendo au fil des années à défaut d'une stratégie appropriée dans la prise en charge et la détection précoce de la maladie.
Concernant la situation au Maroc et à défaut de chiffres officielles, cette ONG estime le nombre des marocains atteints de la maladie à plus de 100.000 personnes.
Un chiffre qui risque de progresser au vu du taux d'analphabétisme, plus de 80% chez les personnes âgées au Maroc, qui représente un facteur favorisant la maladie, comme le note Mohamed Ouadi, président de l'Amama, appelant d'urgence le ministère de la santé à élaborer une stratégie nationale et à mettre en place des structures appropriées pour prendre en charge les malades et aider leurs familles.
Pour ce juriste et aidant familial qui prend en charge sa mère et sa grand-mère, toutes les deux atteintes d'Alzheimer, cette maladie qui détruit le cerveau et même parfois le tissu familial, ne doit pas rester pour longtemps ignorée tant par le ministère de la santé que par les familles.
Pour communiquer plus sur la maladie et venir en soutien aux familles des malades, l'Amama, la seule et unique association d'envergure nationale, dispose depuis sa création en 2011 de plusieurs antennes, à Casablanca, Fès et Tanger et compte en ouvrir d'autres prochainement, à Agadir, Mohammedia, El Jadida, Meknès, Oujda et Tétouan. L'association a également mis à la disposition des familles des malades un numéro Allo Alzheimer 0522373839 et un site www.amama.ma.
Dans cette démarche de communication et de sensibilisation, l'association envisage également d'organiser en septembre prochain à Casablanca les premières assises nationales sur la maladie et ce, à l'occasion de la journée mondiale de lutte contre l'Alzheimer célébrée le 21 septembre de chaque année.
Ces rencontres tenues à la Faculté des sciences et techniques de Mohammedia ont permis de présenter des expériences internationales dans la prise en charge des malades afin d'adopter de meilleures pratiques d'accompagnement au Maroc.
Des présentations sur la vie sociale et la santé mentale ont été également au programme, traitant entre autres, de l'expérience Hollandaise dans l'organisation des Cafés-Alzheimer et groupes de paroles ainsi que du besoin des aidants à la formation et à l'écoute en Grande-Bretagne.
La maladie d'Alzheimer est la forme la plus commune de démence, un terme désignant les affections qui se produisent à la suite de dysfonctionnements cérébraux.
La maladie provoque des troubles de la mémoire, de la pensée et du comportement. Au stade précoce, les symptômes de démence peuvent être légers mais s'aggravent à mesure que le cerveau se détériore davantage.
Le taux de progression de la maladie d'Alzheimer varie selon les personnes bien que l'on estime à huit ans l'espérance de vie moyenne après l'apparition des premiers symptômes.
S'il n'existe aucun traitement à l'heure actuelle pour stopper la progression de la maladie, certains médicaments permettent cependant de traiter les symptômes de la démence.
Au cours des trente dernières années, la recherche sur la démence a permis une compréhension plus approfondie de la façon dont Alzheimer affecte le cerveau. Aujourd'hui, les chercheurs explorent les possibilités de traitements plus efficaces et pourquoi pas un remède à la maladie.