22 Avril 2014 À 13:26
Tarfaya (nord de Laâyoune) abrite le premier parc éolien en Afrique qui a nécessité un investissement de 5 MMDH et génèrera, grâce à ses 131 turbines, une puissance de 301,3 MW, selon le P.-D.G. de Nareva, société réalisatrice du projet, Ahmed Nakkouch.
Etalé sur 8.900 ha de «cette étendue blonde où le vent a marqué sa houle comme sur la mer», comme l'avait bien dit Antoine de Saint-Exupéry, ce parc est certifié MDP (mécanisme de développement propre) auprès de l'Onu et l'énergie qu'il produit sera fournie exclusivement à l'Office national de l'eau potable et de l'électricité (ONEE) dans le cadre d'un contrat d'achat de 20 ans, a précisé lundi Nakkouch lors d'une conférence de presse.
La ville, qui a inspiré Saint-Exupéry à écrire son «Courrier Sud», doit s'estimer heureuse d'abriter ce joyau qui contribue à hauteur de 15% à la réalisation de l'objectif national d'installer 2.000 MW éolien à l'horizon 2020.
Le productible énergétique de ce projet est de 1084 GWH/an, soit l'équivalent de la consommation de la ville de Marrakech, a-t-il fait savoir lors d'une visite de presse aux parcs éoliens des provinces du Sud du Royaume.
Les travaux de génie civil sont terminés et la mise en service est prévue pour avril-décembre 2014, a-t-il indiqué, citant l'impact positif du projet, à savoir une réduction des émissions de CO2 de 900.000 tonnes/an et une économie en devises de 200 millions de dollars par an de pétrole importé.
Le projet, réalisé en partenariat avec GDF Suez, a, en sus, permis la création de 700 emplois directs pendant la construction et plus de 50 emplois directs pendant la phase de l'exploitation, d'après le patron de la compagnie.
Ledit projet a le privilège de charger des entreprises marocaines de la réalisation d'études, travaux électriques, travaux de génie civil et tours des éoliennes, soit un niveau d'intégration industrielle de plus de 35%, a-t-il précisé.
A 100 km au nord de Tarfaya, on trouve le parc éolien d'Akhfennir sur une superficie de 2.000 ha avec une capacité de 101,87MW.
Opérationnel depuis 2013, ce parc comprend 61 turbine et chacune produit une électricité de basse tension (690 volts), a déclaré Ahmed Benosmane, l'ancien chef du projet.
Pour choisir ce site, il fallait mesurer la vitesse et l'orientation du vent pendant une année, nous explique Benosmane, notant que le ministère de l'Energie, des Mines, de l'Eau et de l'Environnement a fait une carte des gisements des zones venteuses et les cabinets font une extrapolation sur 20 ans.
Une fois le site identifié, il faut préparer des pistes pour faciliter le passage des grands camions transportant le gigantesque matériel, a-t-il indiqué, faisant savoir que pour monter une turbine, «il faut 4 mètres de profondeur et 14 mètres de largeur, tout en respectant un espace entre les turbines qui est 3 fois le diamètre».
On commence par installer le mât (le tronc de la turbine), dont la hauteur varie normalement entre 80 et 100 m, avant d'installer les trois pales qui pèsent 6 tonnes chacune et mesurent 45 mètres, a-t-il précisé, ajoutant que tous les éléments sont boulonnés et assemblés sur place.
A Foum El Oued (22 km au sud de Laâyoune), un parc d'une capacité de 50,6 MW est mis en service depuis 2013. Il compte 22 éoliennes dont la hauteur du moyeu est de 80 m.
Créée en 2005, Nareva Holding est une filiale de la Société nationale d'investissement, spécialisée dans le secteur de la production d'électricité à partir des énergies renouvelables et de ressources fossiles, ainsi que dans le développement des projets sur toute la chaîne de l'eau, que ce soit le dessalement des eaux de mer, de transport de l'eau ou d'irrigation.
Le Maroc se dote d'une stratégie nationale visant la sécurisation de l'approvisionnement du pays en énergie électrique et la promotion des énergies renouvelables. Dans le cadre de cette stratégie, le Maroc s'est fixé pour objectif d'atteindre 42% de la puissance installée à base d'énergie renouvelable en 2020 (Hydraulique:2.000 MW, Solaire: 2.000 MW et Eolien: 2.000 MW).
Les villes du Sud sont, certes, des villes du rêve et d'évasion qui ont séduit des personnalités de renom, comme l'auteur du «Petit Prince» qui a passé deux années à Tarfaya où il y fut nommé chef d'escale, mais elles portent aussi les vents de la modernité triomphante qui prend en considération le développement durable.