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La maladie du blé «TTTTF» affecte la Méditerranée

Deux nouvelles maladies fongiques du blé, des moisissures virulentes capables d'anéantir des récoltes entières, ont été détectées dans le monde en 2016, menaçant surtout le pourtour méditerranéen et l'équilibre alimentaire déjà précaire de certaines régions, s'est alarmée la FAO vendredi.

Les scientifiques sont d'autant plus inquiets que les nouvelles races de rouille trouvées s'ajoutent aux anciennes qui continuent de se propager. Ph : DR

04 Février 2017 À 10:43

Un nouveau type de rouille du blé, baptisé «TTTTF» ou rouille noire, a été découvert en Sicile sur plusieurs milliers d'hectares de blé dur, celui qui sert à faire les pâtes, a indiqué l'Agence des Nations unies pour l'Alimentation, FAO, dans un communiqué.

Selon les scientifiques, sans un contrôle minutieux, cette race pourrait se répandre sur de grandes étendues le long du bassin méditerranéen et de la côte adriatique.

Le deuxième type de champignon menaçant le blé est une rouille jaune, pour l'instant sans nom, qui a été découverte l'an dernier en Italie et dans quatre pays scandinaves.

Les analyses préliminaires suggèrent que cette nouvelle race est liée à une famille de souches agressives, alors que la rouille jaune avait jusqu'à présent été considérée comme un problème mineur en Sicile.

Au même moment, les cultivateurs de blé en Ethiopie et en Ouzbékistan luttent contre un autre foyer de rouille jaune, baptisé AF2012, qui a porté un coup dur à la production de blé éthiopienne en 2016.

L'AF2012 avait d'abord été signalé en Afghanistan avant de se manifester l'an dernier dans les pays de la Corne de l'Afrique, où elle a affecté des milliers d'hectares de blé.

«Nous devons agir rapidement et appréhender le problème de manière intégrale», a déclaré Fazil Dusuncelli, phytopathologiste à l'Agence des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).

Alors que d'autres moisissures, déjà bien connues, continuaient à se répandre dans d'autres pays, deux études menées par l'Université d'Aarhus au Danemark et le Centre international pour l'amélioration du maïs et du blé (CIMMYT), au Mexique, citées dans le journal Nature, confirment «l'importance d'une détection et d'une action précoce afin de limiter les dégâts sur la production de blé, surtout dans le bassin méditerranéen».

La rouille du blé se propage très rapidement, traversant de grandes distances, grâce au vent qui disperse les spores. Si elle n'est pas détectée et traitée à temps, elle peut transformer des cultures saines en amas de feuilles jaunes, de tiges noires et de grains aplatis.

Selon une étude parue en 2012 dans la revue britannique «Nature», les «maladies fongiques» provoquent chaque année la destruction d'au moins 125 millions de tonnes des cinq principales cultures qui nourrissent la planète : riz, blé, maïs, pommes de terre et soja.

Sans les ravages de ces moisissures en tous genres, on pourrait nourrir plus de 600 millions de personnes, selon cette étude.

L'histoire regorge d'exemples de ravages causés par des moisissures: ainsi dans les années 50 une épidémie de rouille noire avait détruit 40% des récoltes de blés de printemps en Amérique du Nord. En 1845, la grande famine en Irlande avait été provoquée par le mildiou.

Les scientifiques sont d'autant plus inquiets que les nouvelles races de rouille trouvées s'ajoutent aux anciennes qui continuent de se propager.

Ainsi la rouille jaune «Warrior» connue dans le nord de l'Europe et en Turquie a été trouvée en 2016 en Europe et en Asie de l'Ouest.

La rouille noire Digalu (TIFTTF) continue de ravager les cultures de blé en Ethiopie. La rouille noire la plus connue, la très puissante Ug99, découverte en 1999 en Ouganda, est maintenant présente dans 13 pays, selon la FAO. Cette race ne cesse de produire de nouvelles variantes et a été détectée récemment en Egypte.

«Il n'a jamais été aussi primordial pour les spécialistes des instituts internationaux et des pays producteurs de blé de travailler ensemble afin de stopper la progression de ces maladies» a indiqué la FAO, en précisant qu'un centre régional de recherche venait d'ouvrir à Izmir en Turquie.  

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