22 Mai 2018 À 22:12
Sa Majesté le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, a présidé, lundi au Palais Royal de Rabat, la deuxième causerie du cycle des causeries religieuses organisées à l'occasion du mois sacré de Ramadan. Cette causerie a été animée par Rohan Ambay, professeur à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar et président de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, antenne du Sénégal, sur le thème «Les constantes religieuses partagées, un facteur d’unité entre le Maroc et les pays africains», à la lumière du hadith du Prophète Sidna Mohammed, paix et salut de Dieu soient sur Lui : «Les gens de l'Ouest (Ahl Al gharb) détiendront la vérité jusqu'à la venue de l'Heure».r>Le conférencier a mis en exergue, à l’entame de sa causerie, l’importance que revêt la thématique abordée tant pour le Royaume du Maroc que pour plusieurs pays africains, liés au Maroc par des liens ancestraux qui datent depuis des siècles et qui se basent sur la religion commune, autant de liens qui constituaient, jadis, le socle de ces rapports, et qui continuent de jouir aujourd’hui de la même vitalité et ardeur.r>Sous cette rubrique, Pr Ambay a mis un accent particulier sur la profondeur de ces relations, caractérisées par des liens populaires qui ne sauraient être entamés par des mutations conjoncturelles ou par des choix personnels dictés par des calculs politiques, notant que la religion en tant que telle est un dénominateur commun inébranlable, car étant basé sur la vérité, le bien et la vertu conformément au verset du Saint Coran «Allah affermit les Croyants par une parole ferme, dans la vie présente et dans l’au-delà».r>Pour le Pr Ambay, le dynamisme que connait le développement des relations avec les pays africains, sous l’impulsion bénie du Souverain, sur la base du conseil, de l’expertise, de la préservation de l’identité et du bénéfice commun, doit être accompagné par un mouvement de sensibilisation et de conscientisation au profit et des Marocains et de leurs frères de ces pays africains, quant à l’importance de ce socle solide, dont les jalons ont été jetés par les ancêtres au sujet des constantes religieuses, d’autant plus que la religion fait face aujourd’hui à son ennemi juré, en l’occurrence l’extrémisme.r>Si des parties n’appartenant pas à notre continent considèrent ses peuples comme une proie facile et dont l’identité est manipulable, les relations spirituelles entre le Maroc et les peuples africains ont toujours été basées sur la piété et l’entraide, a insisté le conférencier.r>Selon lui, alors que l’identité de ces peuples n’était jamais mise en péril par des choix confessionnels, communautaires ou ayant trait à leur conduite, le spectre de l’extrémisme guette désormais ces populations après que des valeurs, autrefois observées par les ancêtres à l’instar du respect de la pluralité et de la différence, se sont vues aujourd’hui bafouées. Il a formulé le vœu, dans ce sens, pour que S.M. le Roi, Amir Al-Mouminine, continue à consentir Ses efforts inlassables visant la consolidation des liens de conseil dans la religion et de bénéfice mutuel et pour que Sa Majesté coopère avec ces peuples afin de préserver leur paix spirituelle et identité culturelle dans le cadre des constantes communes.r>À cet égard, le conférencier s'est attardé à expliquer la signification des constantes, précisant qu’il s’agit, en fait, de choix religieux en matière de foi, de croyance et de comportement spirituel auxquels les Marocains ont souscrit avec les habitants de plusieurs contrées africaines, en particulier dans l’ouest du continent.r>Il s’agit, en effet, d’un choix libre parmi les jurisprudences des premiers Imams ayant procédé à la déduction des règles religieuses, ajoutant que ces constantes religieuses communes se déclinent en quatre segments : Imarat al Mouminine, le rite Malékite, la doctrine achaârite et le soufisme.r>À propos de la première constante, l’orateur a relevé que, si chaque peuple africain dispose de sa patrie politique, avec un régime empreint de légitimité et de légalité contemporaines par le truchement de choix et d’élections, les musulmans qui résident dans chacun de ces pays sont conscients de la symbolique d’Imarat al Mouminine dans l’histoire de l’Islam et sa genèse ancestrale et effective dans celle du Royaume du Maroc.r>L’Institution d’Imarat al Mouminine, a-t-il ajouté, constitue désormais un dénominateur commun symbolique qui ne concerne pas uniquement la vie politique des pays, mais bénéficie d’une importance spirituelle que les Africains ne cessent d’exprimer continuellement, d’autant plus que certains chefs religieux africains ont toujours été soucieux de raffermir les liens avec les Rois du Maroc en leur rendant visite. Dans ce sens, le conférencier a rappelé que certains d’entre eux avaient tenu à rendre visite à feu S.M. Mohammed V dans son exil.r>Tout au long de l’histoire d’Imarat al Mouminine au Maroc, a-t-il indiqué, les Africains ont toujours perçu le Royaume avec considération, déférence et estime, eu égard à son droit, à sa légitimité et à ses sommités sunnites.r>Imarat al Mouminine, a-t-il, en outre, fait savoir, avait fait son entrée au Maroc après qu’elle eut rempli l’ensemble des conditions requises, en premier chef, l’allégeance légitime agréée par deux grands Imams de l’Islam : Malik Ibn Anas et Abou Hanifa, soulignant que c’est à ce moment-là que cette Institution a été mise en place dans l’ensemble des contrées du Royaume. Ainsi, il a rappelé que Moulay Idriss 1er était le premier à être qualifié de «Amir al Mouminine» dans l’occident islamique où il avait bâti un État islamique indépendant de l’Orient.r>Évoquant la deuxième constante, le conférencier a noté que le rite Malékite est répandu dans les pays de l’occident islamique et dans la majorité des pays africains, estimant que l’unité de la croyance est l’un des dénominateurs communs de ces pays, chose qui les habilite à concrétiser une grande communion partielle de la Oumma islamique dans cette partie occidentale du monde islamique, voire dans l’ensemble de l’Afrique.r>Le rite Malékite, a-t-il fait remarquer, se distingue par le juste-milieu, la modération, le progrès, le renouvellement, la flexibilité et le pragmatisme, ajoutant que les pays africains sont appelés à appréhender que l’essence même d’une croyance quelconque réside dans la protection des personnes et les prémunir contre la zizanie et la discorde, en particulier dans l'enceinte des Mosquées.r>Quant à la troisième constante, le conférencier a estimé que le choix de la doctrine Achaârite réside dans le fait que ses adeptes conçoivent que toute personne qui prononce la Chahada est un croyant et partant, il ne peut, en aucun cas, être traité de renégat. Dans ce contexte, il a relevé que ce sont les détracteurs de la doctrine achaârite qui accusent à tort les personnes d’apostasie et les tuent, précisant que les musulmans sont leurs premières victimes, outre les préjudices qu’ils causent à l’image de la religion musulmane.r>Il a fait observer que parler du dogme acharite c'est, en effet, évoquer une école authentique qui a contribué amplement à la prémunition de la croyance islamique conformément aux préceptes sunnites et tel que prêché et préconisé par l’Islam.r>Pr Ambay a souligné que l’acharisme a toujours été la doctrine officielle des grands Imams, tels Mâlik ibn Anas, Abou Hanîfa An-Nou'mân, Ash-Shâfi'î et Ahmad Ibn Hanbal.r>Selon lui, les Marocains ont opté pour l’acharisme comme étant un courant complet qui a cette force de fonder, de persuader et de débattre et qui, plus est, a cette capacité de préserver la quintessence de la croyance. Les Marocains ont également jeté leur dévolu sur l’acharisme, eu égard à sa vocation de pondération et de juste-milieu, laquelle vocation, a-t-il dit, dépasse l’interprétation littérale des textes sans pour autant les dépourvoir de leur sens moyennant une lecture et une analyse décalées.r>Concernant la quatrième constante, le soufisme en l’occurrence, Pr Ambay a relevé qu’il a toujours constitué un pan de l’histoire du Maroc et une composante identitaire de la personnalité marocaine au fil des temps. Le soufisme fait toujours office d’un fondement de la vie sociétale au Maroc et un affluent parmi d’autres de la conduite des Marocains, a-t-il ajouté, notant qu’il représente, à ce titre, une des constantes de la Oumma et un référentiel en harmonie avec ses sources sacrées : le Coran et la Sunna. Le conférencier a, dans ce sens, affirmé que le respect des sources religieuses (le Coran et la Sunna) constitue la substance même des courants soufis. Il s’est, par ailleurs, arrêté sur le rôle qu'a joué le soufisme marocain dans la diffusion de l’Islam, indiquant que l’histoire de l’Afrique subsaharienne en dit long sur cette question, particulièrement le rôle de confréries soufies comme les Tijaniyines, Fadiliyines et Maâniniyines à l’ouest de l’Afrique subsaharienne et celui de l’école ahmadie idrisside et ses branches au Soudan oriental, au service de l’Islam et des musulmans.r>Pr Ambay a, à ce propos, fait état d’une tendance qui régnait pour le soufisme de l’orientation (Irchad), de l’action et du comportement, soulignant que les plus célèbres confréries soufies se le sont approprié, notamment les Tariqas Qadiriya, Chadiliya et Tidjaniya. D’après lui, le modèle religieux marocain, sous ses trois constantes (doctrine, fiqh et soufisme), est prémuni par l’institution d'Imarat al-Mouminine qui garantit la protection et l’immunité de ce modèle modéré qui a conféré au Maroc une stature lui permettant d’accueillir des étudiants subsahariens, en plus des demandes formulées par des pays européens sollicitant des formations au sein de l’Institut Mohammed VI de formation des imams et des morchidines et morchidates qui, selon Pr Ambay, inculque aux préposés religieux les principes d’une démarche pondérée et de juste milieu, à même de garantir paix et sécurité.r>Pour le conférencier, les constantes sont un vecteur d'unité entre le Maroc et les pays africains, soulignant dans ce sens que le grand Imamat revêt une importance capitale pour la préservation des constantes, vu le rôle qui échoit au grand imam, protecteur du culte et de la religion, conformément au pacte d'allégeance liant la nation et son dirigeant.r>À cet égard, le professeur Rohan Ambay a évoqué un aspect de la haute sollicitude dont S.M. le Roi entoure les pays africains, notamment la création de la Fondation Mohammed VI des Oulama africains qui regroupe un parterre d'oulémas du continent pour échanger leurs points de vue, se joindre mutuellement la vérité et l'endurance et débattre des questions du continent, des oulémas et de la charia, ce qui contribue au maintien de la sécurité morale du continent.r>À l'issue de cette causerie, S.M. le Roi Mohammed VI, Amir Al Mouminine, a été salué par le grand mufti d'Égypte, Shawki Allam, le mufti de la République tunisienne, Othman Battikh, le grand mufti d'Al Qods et de la Palestine, Cheikh Mohamed Hussein, le vice-président de l'Université islamique Darul Huda en Inde, Bahaa Eddine Nadoui, le président du conseil supérieur des affaires islamiques de la Gambie et président de la «Fondation Mohammed VI des oulémas africains», antenne de Gambie, Mohamed Al Amin Touari, le président de l'Université multidisciplinaire Addar au Niger et président la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, antenne du Niger, Abdellah Ben Idriss Aboubakr Miga.r>Le Souverain a également été salué par le professeur Matenzo Zola, membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, antenne Angola, Sendagaya Moussa, représentant du conseil supérieur des affaires islamiques à Kigali et président de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, antenne Rwanda, Cheikh Ismael Ibrahim Kroum, chef du département de la langue arabe et des études islamiques à Milton Magay university de Sierra Leone, Abdelkarim Diobati, ancien secrétaire général des affaires islamiques et président de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, antenne Guinée-Conakry, Mustapha Ibrahim, président du conseil islamique pour le développement et services humanitaires et président de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, antenne Ghana, Wilfred Muñez, prédicateur à Sao Tomé et membre de la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, antenne Sao Tomé, Mohamed Al Mokktar Ould Abah, président de l'université moderne Chinguetti en Mauritanie, et le professeur Denis Daoud Gril à l'Université d'Aix-Marseille et membre de l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman.