16 Avril 2019 À 08:39
Depuis la plainte initiale d'Apple en janvier 2017, les deux firmes américaines se poursuivent mutuellement en justice dans le monde entier. Au cœur de cette saga : le montant des royalties demandées par Qualcomm, qui fabrique les puces permettant de connecter les smartphones aux réseaux télécoms, et dont il détient la plupart des brevets.
Pour Apple, qui refuse désormais de verser ces sommes, Qualcomm a abusé de cette double position pour exiger des montants exorbitants. Il exige des dédommagements, qui pourraient se chiffrer en milliards de dollars.
Après la sélection du jury au tribunal fédéral de San Diego (ouest), les débats proprement dits devraient débuter mardi. Sont attendues, au cours du procès prévu pour environ un mois, les dépositions du patron d'Apple Tim Cook et de celui de Qualcomm, Steve Mollenkopf.
Qualcomm nie ces allégations. Il estime en retour qu'Apple a engagé des poursuites pour négocier les prix à la baisse et abuse de sa position de force.
L'enjeu est énorme pour Qualcomm car une bonne partie de ses revenus proviennent précisément de ces redevances payées par les fabricants pour ses technologies brevetées : pour Apple, c'est même «le modèle économique» de Qualcomm, «qu'il protège via un monopole et des licences illégales», selon sa plainte de 2017.
Plus largement, ce procès illustre l'interdépendance des fabricants et des fournisseurs sur le marché très lucratif des appareils mobiles et de leurs composants. Son issue pourrait potentiellement avoir des conséquences sur l'organisation du marché tel qu'il existe aujourd'hui.
«Qualcomm exige (...) une redevance bien plus élevée que (sa) contribution (technologique) -- un montant fondé sur le prix entier des produits innovants, qui n'utilisent (pourtant) la technologie que de façon marginale», argumente Apple.
«Cela signifie que dans le cas de l'iPhone, lorsque les ingénieurs d'Apple créent une nouvelle fonctionnalité révolutionnaire de sécurité» comme le système de déverrouillage par empreinte digitale Touch ID, qui lui-même permet le service de paiement électronique Apple Pay, «Qualcomm veut des redevances sur ces innovations et sur d'autres, auxquelles il n'a en rien contribué», selon Apple.
De ce fait, «même quand Apple vend un iPhone avec plus de mémoire -256 Go plutôt 128-, Qualcomm récupère de plus grosses redevances juste en raison de l'ajout de mémoire», affirme encore Apple, qui dit avoir été «surfacturé pour des milliards de dollars».