04 Mai 2020 À 12:34
Plus de 3,5 millions de personnes à travers le monde ont été touchés par le coronavirus. Alors que les hommes représentent la majorité des cas dans certains pays mais une minorité dans d'autres, ils constituent systématiquement la majorité des décès. Selon une enquêtee menée dans 35 pays par Global Health 50/50, un organisme indépendant de recherche relevant de l’«University College» de Londres au total, les hommes ont 50 % de plus de probabilité de mourir que les femmes du coronavirus. Les causes en sont à la fois biologiques et comportementales
«Les femmes ont des réponses immunitaires plus fortes et meurent moins de maladies infectieuses. En général, le corps des femmes repousse les envahisseurs bactériens et viraux plus rapidement que les hommes, et les vaccins fonctionnent également mieux pour les femmes que pour les hommes. Les hormones féminines, les œstrogènes, amplifient en effet le système immunitaire, tandis que les androgènes (comme la testostérone) et la progestérone ont tendance à le réfréner. Les chromosomes sexuels jouent également un rôle. Le chromosome féminin, X, possède plus de gènes associés à la fonction immunitaire et, comme les femmes ont deux chromosomes X alors que les hommes n'en ont qu'un, ces gènes sont plus nombreux à stimuler la défense de l’organisme. Les protéines détectant des virus tels que le Covid-19 sont en particulier codées sur le chromosome X d’où une réponse immunitaire plus rapide», souligne Khadija Moussayer, Présidente de l’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) dans une analyse de l’enquête. «Des études, chinoise en particulier, montrent que le coronavirus infecte l’organisme en se liant à une protéine à la surface de nos cellules dénommée ACE2 qui joue un rôle primordial dans la régulation de la tension artérielle). Or, ces protéines ont tendance à être plus élevés chez les hommes, surtout avec l’âge, que chez les femmes, ainsi que chez les patients atteints de maladies cardiovasculaires et de diabète. Ces protéines sont nombreuses dans la cavité nasale, qui constitue de ce fait le point d’entrée principale de la pathologie, et disséminées dans tout l’organisme, ce qui explique notamment que, dans les cas graves, on ait à faire face à une défaillance multi-organique (poumons, cœur, vaisseaux sanguins, reins, système nerveux…). Ce qui fait des patients de sexe masculin, plutôt âgé et/ou diabétique, hypertendu et obèse, les plus à risque de développer une forme grave de la maladie», ajoute Moussayer.
La présidente de l’AMMAIS affirme également que les hommes ont des comportements plus « à risque », ce qui a un impact sur les infections telles que les coronavirus. Ces excès sont bien connus : tabac, alcool, drogue… Aussi, ils ont moins tendance à respecter les comportements de prévention et les mesures d’hygiène recommandés par les autorités sanitaires.
Par ailleurs, Khadija Moussayer a tenu à signaler que cette réponse immunitaire plus efficace chez les femmes face au coronavirus a une contrepartie négative méconnue souvent au Maroc. Elle se traduit en effet chez certaine par une hyperactivité pathologique où les cellules spécialisées (les globules blancs) et des substances, les anticorps, censées normalement protéger nos organes se trompent d’ennemi et se mettent à attaquer nos propres organes et cellules. «Ces anticorps devenus nos ennemis s’appellent alors « auto-anticorps ». C’est en quelque sorte une auto-destruction de l’organisme qui concerne les femmes dans près de 75 % des cas au Maroc. Au total, la proportion de femmes atteintes pour un seul homme est ainsi dans la maladie de Basedow (Hyperthyroïdie) de 7 femmes/1homme, le lupus de 9f/1h, le Gougerot de 9f/1h, la polyarthrite de 2,5 f/1h, la sclérose en plaques de 2f/1h… », explique la présidente de l’AMMAIS. «Ces pathologies constituent un grave problème de santé publique du fait de leur poids économique et humain : la 3ème cause de morbidité dans le monde après les maladies cardiovasculaires et les cancers, elles touchent en effet environ 10 % de la population mondiale et occupent le troisième poste du budget de la santé dans la plupart pays développés. L’épidémie de coronavirus ne doit pas nous faire oublier à cette occasion ce fardeau féminin que constituent les maladies auto-immunes : une femme sur six est ou en sera atteinte au cours de sa vie ! », conclut-elle.