28 Août 2020 À 11:45
L'Organisation mondiale de la santé (OMS), que les Etats-Unis accusent d'avoir mal géré la pandémie de Covid-19, a annoncé jeudi le lancement d'un comité chargé d'évaluer l'efficacité du Règlement sanitaire international (RSI) face aux urgences.
"Plus tôt dans la journée, j'ai informé les Etats membres de l'OMS que j'avais l'intention de créer un comité d'évaluation du RSI pour me conseiller sur la nécessité éventuelle de modifier le RSI afin que ce puissant outil du droit international soit aussi efficace que possible", a déclaré aux médias le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus.
Le comité, composé d'experts indépendants, présentera un rapport intermédiaire en novembre et un rapport complet en mai, a-t-il précisé.
Le RSI de 2005, entré en vigueur en 2007, est un accord international sur la sécurité sanitaire mondiale. Il régule notamment la déclaration d'une urgence sanitaire de portée internationale et comprend également des mesures particulières à mettre en application dans les ports et les aéroports, ainsi qu'aux postes-frontières dans le but de limiter la propagation des risques.
Plusieurs voix se sont élevées remettant en cause l'efficacité de cet instrument face à la pandémie de Covid-19, estimant qu'il n'avait pas permis de prévenir la crise ni de la juguler.
Dès les premières semaines de l'épidémie, le chef de l'OMS avait lui-même critiqué le caractère binaire restrictif du système d'alerte internationale du RSI.
Plusieurs pays ont également appelé à la mise sur pied d'un système plus nuancé, avec par exemple trois degrés d'alerte au lieu de deux (vert, orange, rouge) ou des alertes régionales.
L'OMS a décrété l'alerte mondiale le 30 janvier face au Covid-19. L'institution a été vivement critiquée depuis, en particulier par les Etats-Unis, pour avoir tardé à décréter cet état d'urgence, alors que le coronavirus avait été signalé pour la première fois fin décembre en Chine. Les Etats-Unis, qui ont accusé l'organisation d'être une "marionnette" aux mains de la Chine, ont depuis officiellement entamé en juillet leur retrait de l'institution.
L'organisation a également été critiquée pour des recommandations jugées tardives ou contradictoires, notamment sur le port du masque ou les modes de transmission du virus.
D'autres ont également souligné que l'OMS manquait à la fois de ressources budgétaires et d'indépendance face aux Etats.
Plusieurs pays ont lancé des pistes de réflexion sur une réforme de l'OMS, à l'image de la France et de l'Allemagne qui travaillent à l'élaboration d'un document regroupant une série de propositions.
Mais ces projets de réformes devront être approuvés par l'ensemble des membres de l'OMS qui doivent se réunir en novembre. Or pour l'instant, "les discussions sur la réforme de l'OMS au sein du G7 Santé sont arrêtées pour le moment et il n'est pas sûr qu'elles repartent avant les élections américaines" en novembre, selon une source proche du dossier.