28 Mars 2020 À 18:32
« En tant qu'économie axée sur la consommation, le commerce et le tourisme, le Maroc pourrait connaître des pertes importantes en 2020 », c’est l’un des constats contenus dans la note publiée par la délégation de l’Union européenne au Maroc, dans sa section commerciale examinant l’impact de la pandémie du coronavirus sur l’économie marocaine et les mesures prises pour gérer la situation. Jusqu'à présent, les principaux secteurs touchés sont e tourisme, l'automobile et le textile, met en garde la commission de l'UE qui relève, par ailleurs, que « l’activité économique du Royaume sera incontestablement impactée par le repli de l'économie européenne sachant que l’UE représente plus de 58% des exportations marocaines, 59% du stock d’IDE, 70% des recette touristiques et 69 des transferts des Marocains Résidant à l’Etranger (MRE) ».
Impact sur l’économie nationale
Sur le plan de de la croissance, la note, datant du 26 mars, s’est basée sur de nouvelles données à savoir la réunion trimestrielle du conseil d’administration de la Banque centrale marocaine, tenue le 16 mars dernier, décidant de revoir à la baisse ses prévisions de croissance nationale pour 2020 de 3,8% à 2,3% compte tenu de l’effet conjugué de la mauvaise récolte céréalière et de la propagation au niveau mondial de la pandémie. « Bank Al-Maghrib a, par conséquent, décidé de réduire son taux directeur de 25pbs à 2% afin de soutenir l’activité économique nationale, rappelle la note. Pour sa part, le Centre Marocain de Conjoncture table sur une croissance limitée à 0,8% en 2020.
Pour le volet consommation et investissement, la note relève une hausse du taux de chômage suite au gel des activités des entreprises ainsi qu’aux mesures sanitaires pises comme le confinement. Une baisse de la consommation des ménages et de l’investissement devrait être attendue, prévient la note.
Au niveau du commerce « Des risques d’approvisionnement au niveau du marché marocain en intrants importés et de baisse de la demande étrangère restent, néanmoins, envisageables », met en garde la note de l’UE. En effet, ajoute la même source, « la crise pourrait impacter le commerce extérieur du Maroc qui représente 32% du PIB. Se référant à une étude de CFG Bank, la note rappelle qu’une « une baisse de 20% des volumes totaux de biens échangés est attendue, équivalant une perte de 2,6 millions tonnes chaque mois à partir de mars 2020 ».
D’autre part « au niveau de la balance commerciale, un ralentissement des exportations reste aussi probable au vu de la perturbation des chaînes d’approvisionnement, de l'allongement des délais de traitement des dossiers et de la baisse de la demande étrangère adressée au Maroc ».
En revanche, la délégation de l’Union européenne au Maroc, estime que la hausse des importations (produits de première nécessité comme le blé ou le maïs) pourrait être compensée par le déclin des cours du pétrole (actuellement à moins de USD 30 le baril) devant permettre au pays de réduire sa facture énergétique ».
Impacts par secteur
Le gel de l’activité économique provoqué par le Covid-19 a un impact sur des secteurs clés, à savoir le tourisme, l’automobile et textile qualifiés par l’étude de secteurs fortement touchés jusqu’à présent.
Tourisme
L’étude parle de la Confédération nationale du tourisme (CNT) qui a évalué l’impact de la crise Covid-19 à 34,1 milliards de DH de perte en termes de chiffre d’affaires touristiques en 2020 et de 14 milliards de DH de perte en termes de chiffre d’affaires pour l’hôtellerie, pour une chute globale de près de 6 millions de touristes (-98%), qui occasionneront une perte totale de 11,6 millions de nuitées. La même source ajoute que pas moins de 500 000 emplois et 8 500 entreprises seraient menacés, dont des entreprises d’hébergement touristiques classées, des entreprises de restauration touristique, des agences de voyages, des sociétés de transport touristique et des sociétés de location de voitures. Elle cite également la banque CFG qui a, pour sa part, estimé les effets d’une baisse des arrivées touristiques à 39% en 2020 et des nuitées à 30% par rapport à 2019, en supposant que la contre-performance des touristes étrangers serait partiellement compensé par la performance des touristes nationaux.
Transport
Le transport aérien souffre des mesures de précaution appliquées et de la baisse de la demande. L’étude rappelle, dans ce cadre, les estimations de l’Association internationale du transport aérien IATA qui évalue les pertes provoquées par le Covid-19 d’une part à 4,9 millions de passagers en moins et un manque à gagner de 728 millions de dollars. En plus des emplois menacés (plus de 225 000). Les transports routier et ferroviaire n’échappent pas à la crise avec l’interdiction, dans l’ensemble du pays, de la circulation des véhicules de transport de voyageurs depuis le 24 mars. Pour ce qui est du transport international des marchandises, certains operateurs mettent l’accent sur une hausse de prix variant entre 50% et 75% au niveau du transport routier, correspondant à un surplus variant entre 2100 euros et 3 500 euros par livraison.
Automobile
Actuellement à l’arrêt suite aux décisions prises par Renault et PSA, locomotives du secteur automobile au Maroc, de suspendre temporairement leur activité dans le pays depuis le 19 mars, note les percepteurs de l’étude. Une suspension qui pourrait avoir des répercussions sur sur les 180 000 individus employés par cette industrie, les 250 équipementiers automobiles opérant au Maroc autour de neuf écosystèmes (Câblage, intérieur véhicules & sièges, métal emboutissage, batterie, PSA, moteurs, Renault, Delphi et Valeo), fait savoir l’étude.
La crise actuelle risque aussi de compromettre les objectifs annoncés par le Ministre de l’industrie d’atteindre une capacité de production annuelle de 1 million de véhicules d’ici 2022 et d’un chiffre d’affaires à l’export de 100 milliards de DH. Autre conséquence : les ventes nationales de véhicules devraient accuser une baisse compte tenu de la faible propension à la consommation en biens durables par la population marocaine et le report du salon Auto Expo initialement prévu pour juin 2020, ajoute l’étude.
L’effet du Coronavirus pourrait se manifester sur d’autres secteurs
Il s’agit du Textile/habillement, Agriculture, Offshoring, Industries extractives, Transformation des produits de la mer ; Transformation des produits alimentaires, industries manufacturières, souligne la note qui a rappelé que le Maroc a été parmi les premiers pays à déclarer l’état d’urgence sanitaire et à imposer le confinement à un stage avancé de la propagation de la pandémie. Elle a également évoqué les données couplées par la Direction de études et des prévisions financières (DEPF) dépendant du Ministère des Finances avec celles élaborées par Goldman Sachs situant le Royaume au 4e rang mondial en termes de ressources mobilisées en pourcentage du PIB.