25 Décembre 2020 À 11:25
"Même si les enfants contaminés par le coronavirus semblent développer moins de symptômes graves et présenter des taux de mortalité plus faibles que les personnes adultes, la crise du COVID-19 pourrait avoir des impacts négatifs de grande portée et à long terme sur la situation des enfants dans divers domaines de la vie", souligne le HCP dans un nouveau rapport sur l’impact de la pandémie du Coronavirus sur la situation économique, sociale et psychologique des enfants réalisé en partenariat avec le bureau de l’UNICEF au Maroc. L’enquête vise à répondre au besoin en indicateurs statistiques précis, qui reflètent la réalité du terrain, afin de suivre la situation des ménages en période de confinement. et à mieux comprendre les impacts du Coronavirus afin d‘aider à concevoir des réponses politiques appropriées.
Les questions sont relatives à l’expérience des enquêtés et leur connaissance du virus et de son impact sur leur emploi, sécurité alimentaire, accès aux services de santé et d’éducation, bien-être mental et transferts.
Les enquêteurs ont constaté que, généralement , "Cette crise sanitaire a très rapidement touché l’économie du pays et le taux de pauvreté parmi certains segments de la population est susceptible d’augmenter fortement impactant toute la population, particulièrement les enfants. Les élèves ne vont plus en classe, les pertes d’emplois et de revenus, l’insécurité économique, les contraintes que subissent les familles, surtout celles qui vivent en quarantaine ou confinées sont susceptibles d’augmenter l’incidence des violences domestiques, le risque d’abandon scolaire, la fréquence du travail des enfants, et d’autres formes d’exploitation ou de privation".
Cette enquête a été réalisée par voie téléphonique, en tant que moyen de communication alternatif, auprès d’un échantillon représentatif aux niveaux national, urbain et rural. L’objectif du présent rapport est de présenter l’analyse des résultats de l’enquête « impact socioéconomique de la COVID-19 » relatifs aux questions de l’enfance.
Respect de l’état d’urgence sanitaire
Les résultats de l’enquête font ressortir que "87,9% des ménages marocains se sont confinés depuis l’adoption de l’état d’urgence sanitaire ou de la fermeture des établissements d’enseignement ou de formation. Cette proportion est plus élevée chez les ménages ayant des enfants avec 89,5% que chez les ménages sans enfants (85,1%). Presque tous les ménages avec enfants (99,4%) ont respecté les mesures du confinement, 76,2% un respect total et 23,2% un respect partiel".
Principaux effets du confinement sur l’état psychologique des ménages
Le rapport révèle, en outre, que "les ménages ayant des enfants ont déclaré que le confinement sanitaire a eu d’importants impacts psychologiques sur les membres du ménage, en particulier les enfants. Ils ont, ainsi, cité plusieurs effets psychologiques dont l’anxiété pour la moitié des ménages (50,9%), la peur (42,6%), le sentiment d’être emprisonné à domicile (30,3%), les comportements obsessionnels (24,3%) et les troubles de sommeil ou d’appétit (24,1%)". D’autres effets ont été également ressentis par ces ménages mais avec des degrés moindres, dont "le manque d’intérêt ou de plaisir pour exercer les activités habituelles (8,1%), l’hypersensibilité ou nervosité (7,1%), le sentiment de fatigue générale (5,3%) et la dépression (5,0%)".
Temps consacré par les enfants, pendant le confinement, à la formation
"Les personnes de 15 ans et plus concernées par l’éducation ou la formation sont celles qui suivaient des cours de l’enseignement général durant l’année scolaire 2019/2020. Elles représentent 9,3% de l’ensemble des adultes âgés de 15 ans et plus, 11,4% en milieu urbain contre 5,3% en milieu rural. Cette proportion atteint 70,7% parmi les enfants de 15 à 17 ans, 30,6% parmi les jeunes de 18 à 24 ans et 0,5% seulement parmi les adultes âgés de 25 ans et plus. Elle est également plus élevée parmi les 20% des ménages les plus aisés avec 11,1% que ceux des 20% les plus défavorisés (6,6%) et pour les ménages ayant des enfants de moins de 18 ans scolarisés (13%) plus que ceux ayant des enfants de moins de 18 ans (10,9%)", indiquent le enquêteurs.
Pour ce qui est du temps moyen consacré aux activités scolaires, par toutes les personnes scolarisées par l’éducation, il est est de l’ordre de 3h32mn. Il est plus élevé chez les filles avec 3h46mn que chez les garçons (3h18mn). "Il passe de 3h12mn pour les enfants âgés de moins de 18 ans à 3h49mn pour les jeunes de 18 à 24 ans et de 3h36mn parmi les 20% des ménages les moins défavorisés à 4h25mn parmi les 20% des ménages les plus aisés", ajoute le rapport .
Accompagnement scolaire des enfants
Autre fait marquant : Le confinement sanitaire a été une occasion pour certaines catégories de la population d’accompagner, pour la première fois, les enfants scolarisés dans leur éducation ou formation. En effet, "8,8% ont déclaré avoir exercé des activités d’accompagnement scolaire de leurs enfants qu’ils n’avaient pas l’habitude de faire auparavant. Dans cette catégorie, on retrouve, notamment, les enfants de moins de 18 ans avec 21,4%, les personnes appartenant aux 20% des ménages les plus aisés (14,6%) et les hommes (10,4%). Près de la moitié des personnes enquêtées (47,5%) font savoir qu’ils ont consacré plus de temps qu’auparavant à l’accompagnement des enfants dans leur scolarité, 31,3% ont consacré à ces activités le même temps et 12,4% moins de temps".
Cours à distance pour les différents cycles
Le HCP et l'UNICEF Maroc se sont également penché sur l’impact de la crise COVID-19 sur la continuité de la scolarité, en évaluant le suivi des cours à distance pour les différents cycles, préscolaire, primaire et secondaire.
Par rapport au préscolaire, les résultats de l’enquête ont révélé que près de 1,5 million enfants avaient l’âge d’intégrer le préscolaire mais seulement 50,4% ont été déclarés préscolarisés au cours de l’année scolaire 2019- 2020. Par sexe, le taux de préscolarisation est de 51,7% pour les garçons et de 49,4% pour les filles. Pendant le confinement, près de 84% des préscolarisés n’ont pas pu suivre les cours à distance. Ce manque à gagner est plus prononcé en milieu rural (94,6%) qu’en milieu urbain (79,1%) et concerne plus les garçons (86,8%) que les filles (80,7%).
Pour ce qui est du primaire, le rapport constate que bien que l’accès au cycle d’enseignement primaire soit marqué par la tendance à la généralisation, dans le contexte du confinement, le changement le plus important portait sur la régularité du suivi des cours. Malheuresement, le téléenseignement a exclu plus d’un quart des élèves. Ce résultat marque de fortes disparités entre les catégories sociales et selon le secteur d’enseignement (public/privé). De même, le degré d’adhésion des élèves au téléenseignement a été négativement impacté par la décision du report ou annulation des examens. Cette décision a négativement impacté le rythme de suivi des cours. En effet, selon les résultats " le taux spécifique de scolarisation de la tranche d’âge 6-11 ans est de 99,7% à l’échelle nationale, 99,6% en milieu urbain et 99,8% en milieu rural. Au temps de confinement, précisément avant la décision du report ou de l’annulation des examens, 73,2% des scolarisés au primaire ont suivi les cours à distance, 80,8% en milieu urbain et 63,4% en milieu rural". Toujours selon le rapport, "35,3% des élèves du primaire ont régulièrement suivis les cours et 37,9% irrégulièrement." De même , "ces proportions sont respectivement de 44,9% et 35,9% en milieu urbain et de 22,8% et 40,6% en milieu rural."
Les obstacles entravant les cours à distance
Pour ce qui est des raisons de non suivi des cours à distance ou de leur suivi de façon irrégulière par les élèves du primaire, les parents déclarent, en premier lieu, le manque d’outils ou de supports nécessaires (PC, Smartphone, imprimantes, connexion Internet, etc.), à raison de 51%, et en second lieu, l’insuffisance de ces outils et supports dans les ménages (27%).
Le désintéressement des enfants est également évoqué comme obstacle par 13,2% des parents. Selon le milieu de résidence, le manque d’outils et de supports est rapporté par 55,4% des parents ruraux et leur insuffisance pour suivre les cours par 23,4%. Ces pourcentages sont respectivement de 46,4 et 30,6% en milieu urbain. Selon le secteur d’enseignement, si le manque d’outils et supports est le plus cité par les parents ayant des enfants scolarisés dans le public (52,8%), dans le secteur privé les parents citent en premier lieu l’insuffisance de ces outils et supports.
En outre, en dépit des campagnes de sensibilisation médiatiques pour cadrer le suivi des cours à distance en période de confinement, 13,2% des parents pointent du doigt le désintérêt des élèves au primaire comme principale raison de non suivi ou de suivi irrégulier des cours à distance, 15% en milieu urbain et 11,4% en milieu rural. Par secteur d’enseignement, cette proportion est 23,6% dans le secteur privé et 12,6% dans le secteur public