02 Avril 2020 À 09:41
L’association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques (AMMAIS) alerte sur la nécessité d’observer, plus que jamais, les bonnes prescriptions chez les personnes âgées en cette période difficile, afin de les encourager à poursuivre correctement leurs traitements prescrits par leur médecin et à éviter toute automédication préjudiciable pour leur santé. Ces précautions vont permettre d’éviter de surajouter à l’épidémie du coronavirus qui atteindra une partie d’entre eux une seconde crise sanitaire causée par une défaillance des soins au quotidien dans cette population.
«La prise de médicaments, même anodins en apparence, présente toujours des risques d’effets secondaires. Le vieillissement physiologique et la fréquence de maladies associées chez la personnes âgées accroît ce danger. Les médicaments restent en plus grande quantité et plus longtemps dans l’organisme d’une personne âgée. Leur élimination rénale ralentie, leur accumulation dans les graisses et leur passage plus agressif dans le cerveau rendent de fait les personnes âgées beaucoup plus fragiles face aux médicaments. Ainsi, le paracétamol s’élimine deux fois plus lentement, le diazepam utilisé notamment dans l’anxiété (valium), quatre fois plus lentement : il faut 80 heures, soit plus de 3 jours pour éliminer la moitié de la dose donnée de ce dernier médicament qui, avec une prise quotidienne, peut s’accumuler jusqu’à l’intoxication», a souligné Dr Moussayer Khadija, spécialiste en médecine interne et en gériatrie et présidente de l’AMMAIS, rappelant que l’intoxication médicamenteuse est responsable d’un tiers des hospitalisations des personnes âgées dans les pays développés et certainement aussi au Maroc.
Dr Moussayer appelle ainsi les personnes âgées à continuer leurs traitements existants, et même ceux qui diminuent leur système immunitaire, en demandant conseils à leurs médecins pour leurs adaptations éventuelles. Et cela afin de préserver aussi leurs capacités physiques en cas de contamination par le Cov-19. «Un arrêt brutal ou l’inobservation d’une thérapeutique se révèle en effet souvent dangereuse. Ainsi l’arrêt des corticoïdes (cortisone) lors d’un traitement au long cours doit impérativement être progressif. Tout arrêt brutal expose le patient a une insuffisance surrénalienne aigue. En effet la prise de corticoïdes de synthèse bloque la sécrétion des corticoïdes naturels produits par les glandes surrénales. Il faut donc s’assurer que ces glandes ont bien pris le relais avant l’arrêt définitif des corticoïdes de synthèse. Sinon, cet arrêt est susceptible de provoquer une insuffisance surrénalienne aigue, mortelle si elle n’est pas prise en charge immédiatement», explique la présidente d’AMMAIS. Et d’ajouter que «L’arrêt du traitement par les bêtabloquants, employés souvent dans l’hypertension, les cardiopathies ou les troubles du rythme (tachycardie), se réalise par réduction progressive de la dose sur une à deux semaines, une suspension brutale provoquant des troubles potentiellement mortels dans certains cas. La disponibilité des médicaments tout au long de cette crise est donc un enjeu majeur de santé publique pour garder en bon état physique nos seniors et aussi l’ensemble de la population».