Monde

L’urgence de développer des remèdes énergétiques durables dans le monde entier

01 Juin 2020 À 12:27

Pour parvenir à atteindre les cibles des Objectifs de développement durable d'ici à 2030, les pays doivent préserver leurs acquis et intensifier leurs efforts en faveur de l’accès à une énergie abordable, fiable, durable et moderne pour tous. C’est la principale conclusion du dernier  rapport de suivi consacré aux avancées de l'Objectif de développement durable n° 7 (a) publié hier par l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA), la Division de statistique de l’ONU (UNDESA), la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Malgré les efforts entrepris à savoir une réduction notable du nombre de personnes privées d'accès à l'électricité dans le monde, un essor soutenu des énergies renouvelables pour la production d'électricité et des améliorations sur le front de l'efficacité énergétique, ceux-ci restent insuffisants à l'échelle planétaire pour atteindre les principales cibles de l'ODD 7 d'ici à 2030, ajoute le rapport.

« Compte tenu des mesures en place ou programmées avant le début de la crise du coronavirus, on estime que 620 millions de personnes n’auront toujours pas accès en 2030, dont 85 % en Afrique subsaharienne », note les experts. L'ODD 7 appelle à un accès universel à l'énergie d'ici à 2030.

 Par ailleurs, la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial ne progresse que lentement, malgré la croissance rapide de l'éolien et du solaire dans la production d'électricité.

« Pour se rapprocher de la cible de l'ODD 7, le développement des énergies renouvelables doit être accéléré dans tous les secteurs, notamment dans le chauffage et le transport où les avancées sont très en dessous de leur potentiel », recommandent les experts.

Pour ce faire , « il faudra un engagement politique plus résolu, une planification énergétique à long terme, un financement public et privé accru, ainsi que des incitations politiques et budgétaires appropriées qui stimulent un déploiement plus rapide des nouvelles technologies. Il faudra aussi s’attacher davantage à « ne laisser personne de côté », étant donné la forte proportion de la population qui est privée d'accès à l'énergie dans les communautés reculées, rurales, pauvres et vulnérables ».

L'édition 2020 du rapport introduit un nouvel indicateur (7.A.1), qui s'intéresse aux flux financiers internationaux qui soutiennent les énergies propres et renouvelables et qui sont destinés aux pays en développement. Même si ces flux ont doublé depuis 2010, pour s'établir à 21,4 milliards de dollars en 2017, seuls 12 % ont bénéficié aux économies les moins avancées, qui sont aussi les pays les plus éloignés des cibles fixées par l'ODD 7.

Les conclusions du rapport se fondent sur des compilations internationales de données nationales officielles jusqu'en 2018 ainsi que sur l'analyse des tendances et politiques récentes liées aux cibles de l'ODD 7.

Le rapport peut être téléchargé à l’adresse suivante:  

https://www.irena.org/publications/2020/May/Tracking-SDG7-The-Energy-Progress-Report-2020.

 

Ils ont déclaré

Fatih Birol, directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie.

« La pandémie de COVID-19 a fait ressortir les profondes inégalités qui existent dans le monde en termes d'accès à une énergie moderne, abordable et durable. L'électricité constitue un élément essentiel de la réponse à l'urgence de santé publique dans de nombreux pays, mais des centaines de millions de personnes dans le monde, pour la plupart en Afrique subsaharienne, en sont toujours privées. Même avant la crise sans précédent que nous connaissons aujourd'hui, le monde n'était pas en bonne voie pour atteindre les principaux objectifs en matière d'énergie durable. Aujourd'hui, la tâche risque de devenir encore plus ardue. Nous devons donc redoubler d'efforts pour permettre à tous d'avoir accès à une énergie fiable, propre et à un prix abordable, en particulier en Afrique subsaharienne, où les besoins sont les plus grands, afin de rendre nos économies plus prospères et plus résistantes. »

 Riccardo Puliti, directeur mondial du pôle Énergie et industries extractives et directeur régional Infrastructures pour l'Afrique à la Banque mondiale.

« L'accès à une énergie fiable revêt une importance vitale, en particulier dans le contexte de la crise liée à la pandémie de COVID-19. Il est indispensable non seulement pour prévenir et combattre la pandémie, mais aussi pour accélérer le retour à la normale et mieux reconstruire en offrant à tous un avenir plus durable et plus résilient. Le rapport présente des données et des preuves solides qui justifient la nécessité d'agir maintenant, en particulier en Afrique subsaharienne, où, si l'on ne fait rien, 530 millions de personnes — soit plus de deux fois la population du Nigéria — demeureront privées d'électricité en 2030. »

Francesco La Camera, directeur général de l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (IRENA).

« Les énergies renouvelables sont essentielles à la réalisation de l'ODD 7 et à la mise en place d'économies résilientes, équitables et durables dans le monde de l'après COVID-19. Aujourd'hui plus que jamais, le moment est venu de mettre en place une coopération internationale ambitieuse afin de réduire les inégalités en matière d'accès à l'énergie et de placer l'énergie durable au cœur des mesures de relance économique. L’IRENA est déterminée à intensifier son action avec ses membres et partenaires mondiaux de façon à canaliser les investissements et à orienter les interventions publiques en faveur d’un développement durable qui bénéficiera à l'humanité toute entière ».

Stefan Schweinfest, directeur de la Division de statistique de l’ONU (UNDESA).

« Ce rapport est un modèle de coopération entre les organismes dépositaires de l'ODD 7 en vue de présenter des données et des analyses complètes, et de délivrer un message commun concernant les progrès réalisés pour garantir l'accès de tous à une énergie fiable, durable et moderne, à un prix abordable. S’agissant de la situation actuelle, il conclut que la pandémie de COVID-19 peut soit creuser les écarts en matière d'accès à l'énergie durable, soit accélérer les progrès vers la réalisation de l'ODD 7. Tout dépendra principalement des priorités des plans de relance économique nationaux et de la réponse mondiale visant à soutenir ceux qui en ont le plus besoin ».

Naoko Yamamoto, sous-directrice générale au sein de la division Couverture sanitaire universelle/Amélioration de la santé des populations à l'Organisation mondiale de la santé (OMS).

« En cette période de crise sanitaire mondiale, il est plus que jamais essentiel de protéger la santé des 3 milliards de personnes qui ne disposent pas de moyens de cuisson non polluants. Les gouvernements, les fondations, les donateurs et le secteur privé doivent unir leurs efforts pour accélérer la transition vers des combustibles et des technologies propres et durables afin de protéger la santé des populations les plus vulnérables ».

 

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