Économie

Oxfam propose un ''Plan de sauvetage universel'' urgent pour prévenir l'effondrement économique

09 Avril 2020 À 13:32

«Un demi-milliard de personnes pourraient basculer dans la pauvreté à cause du coronavirus», alerte Oxfam dans son nouveau rapport intitulé «Le prix de la dignité» dévoilé aujourd’hui.

Se basant sur de récentes analyses, l’Organisation affirme que les retombées économiques de la pandémie pourraient précipiter entre 6 et 8 % de la population dans la pauvreté si rien n’est fait pour aider les pays en développement à sortir de la crise. «Cela constitue un recul potentiel de dix ans pour la lutte contre la pauvreté, voire de 30 ans dans certaines régions comme l’Afrique sub-saharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord», s’alarme Oxfam.

La confédération internationale a choisi de lancer cette mise en garde à l’approche des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale ainsi que la réunion des ministres des Finances du G20 qui se tiendront toutes virtuellement la semaine prochaine.

A cette occasion, Oxfam appelle «les dirigeants des pays du G20 et d’autres États à prendre des mesures immédiates à même d’atténuer considérablement les impacts économiques et fournir une aide directe aux populations lourdement touchées par cette crise».

«Les choix qui sont faits maintenant auront de profondes répercussions sur notre avenir collectif. Ils peuvent jeter les bases d’un monde plus égalitaire, féministe et durable, ou au contraire exacerber les inégalités et la destruction de l’environnement», souligne Oxfam dans son rapport.

Selon les estimations de la CNUCED, il faudra au moins 2.500 milliards de dollars pour aider les pays en développement à stopper la pandémie et à empêcher un effondrement économique mondial. «Cette fois, nous devons prendre des mesures qui bénéficient directement aux personnes les plus pauvres, plutôt que de simplement voler au secours des grandes entreprises», lit-on dans le rapport d’Oxfam. «Le financement de ces actions ne doit pas se faire au prix d’une autre décennie d’austérité, mais en augmentant immédiatement la fiscalité des grandes entreprises sur leurs bénéfices faramineux ou leurs activités sous-imposées, des activités financières spéculatives et des plus grandes fortunes au sein de nos sociétés», ajoute la même source.

Dans ce sens, l’Organisation recommande la mise en place d’un ‘’Plan de sauvetage économique universel’’ qui s’articulerait autour de six mesures : deux mesures pour soutenir les particuliers et les entreprises, puis quatre pistes de financement pour ces actions.

  • Les mesures d’aide aux personnes et aux entreprises

1. Accorder des subventions en espèces à tous ceux et toutes celles qui en ont besoin. Les pays doivent mettre l’accent sur une augmentation substantielle des prestations de protection sociale, fournir des subventions en espèces à grande échelle pour permettre aux populations de survivre et verser des allocations aux travailleuses et aux travailleurs afin de maintenir les entreprises à flot.

2. Renflouer les entreprises de manière responsable. La priorité doit être de soutenir les petites entreprises, qui sont les moins à même de faire face à la crise. Le renflouement des grandes entreprises doit être conditionné par des mesures visant à protéger les intérêts de la main-d’œuvre, des exploitant-e-s agricoles et des contribuables, ainsi qu’à bâtir un avenir durable.

  • Les mesures pour le financement de l’aide

3. Suspendre et annuler les dettes. Tous les remboursements de dette des pays en développement doivent être suspendus pendant un an, et la dette doit être effacée dans les situations qui l’exigent.

4. Utiliser la création monétaire. Pour les pays en développement en priorité, le FMI doit émettre 1.000 milliards de dollars de droits de tirage spéciaux (DTS) à titre de relance économique mondiale ponctuelle. Au niveau de la zone euro, la Banque centrale européenne devrait aussi utiliser l'option de l'argent hélicoptère pour faire face à la baisse de l'activité économique, soutenir les revenus des travailleurs et prévenir la déflation.

5. Augmenter l’aide dès maintenant. Les pays riches doivent immédiatement augmenter l’aide destinée aux pays les plus pauvres, au moins à hauteur de leur engagement de 0,7% du PIB, notamment en contribuant équitablement au Plan mondial d’intervention humanitaire -COVID-1911.

6. Instituer des impôts de solidarité d’urgence. Il s’agit de mobiliser le plus de recettes possibles en taxant les bénéfices extraordinaires, les plus grandes fortunes, les produits financiers spéculatifs et les activités ayant un impact négatif sur l’environnement.

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