Société

Covid-19 : Le protocole sanitaire difficile à appliquer dans les établissements scolaires

Des classes bondées, pas de masques ni de distanciation physique et encore moins de mesures d’hygiène… Le protocole sanitaire relatif à la rentrée scolaire 2021-2022, mis en place par le ministère de l’Education, est bien ficelé sur le papier mais semble difficile, voire impossible, à mettre en œuvre dans la pratique, , selon différents témoignages de parents et enseignants.

Ph. Saouri

07 Octobre 2021 À 13:33

Avec le retour au mode d’enseignement présentiel dans tous les établissements scolaires, la protection du personnel et des élèves contre les risques de contamination constitue un point de vigilance à surveiller étroitement. D’autant que l’application du protocole sanitaire en vigueur reste bien compliquée comme l’assurent plusieurs enseignants et cadres administratifs contactés par «Le Matin».

En effet, selon les différents témoignages recueillis auprès des élèves et des enseignants, les principales consignes contenues dans le protocole sanitaire sont restées lettres mortes, notamment celles relatives au respect de la distanciation physique et à l’obligation du port du masque pour les cadres administratifs, le corps enseignant et les élèves, mais aussi celles relatives à la désinfection et l’hygiène.

Avec des classes surchargées, où les effectifs vont jusqu’à 42 élèves, la distanciation physique est quasiment impossible à appliquer. Elle l’est tout autant dans la cour de récréation et dans les couloirs. «Nous faisons de notre mieux pour veiller à l’ordre et au respect des mesures barrières, mais c’est compliqué», affirme un cadre administratif.

D’ailleurs, sur ce point, le protocole sanitaire spécifie que de la distanciation physique devrait être appliqué «quand les conditions le permettent». «Les classes qui ne présentent pas les conditions nécessaires doivent être organisées de manière à mettre le plus de distance possible entre les élèves», précise le protocole.

Contacté par «Le Matin», Ali Berrad, directeur de l’Académie régionale de l’éducation et de la formation (AREF) de Drâa-Tafilalet, a confirmé que l’application des règles de distanciation n’est pas possible avec le nombre actuel d’élèves par classe. Mais à part cela, les principales directives contenues dans le protocole sanitaire sont suivies aussi scrupuleusement que possible, a-t-il assuré.

«De manière générale, la mise en œuvre du protocole sanitaire se passe bien. Au niveau de notre région, nous avons alloué un budget à l’approvisionnement des établissements en produits d’hygiène et de désinfection et en bavettes, entre autres. L’année dernière, nous avons consacré une enveloppe d’environ 20.000 DH par établissement à laquelle nous avons ajouté cette année entre 2.000 et 2.500 DH. Ainsi, la direction de chaque établissement dispose d’une autonomie financière qui lui permet de s’approvisionner en produits nécessaires sans devoir endurer les contraintes d’un marché public», nous explique M. Berrad.

On comprend donc que les produits d’hygiène et de désinfection sont largement disponibles dans les établissements. Où du moins ils devraient l’être si ce n’est que, à en croire des témoignages concordants recueillis notamment à Casablanca, Rabat et Kénitra, le nettoyage et la désinfection des locaux et des surfaces laisseraient à désirer et le seul désinfectant pour les mains disponible est celui qui est généralement placé à l’entrée de l’école. Sans parler de la prise de température à l'entrée des écoles qui n’est pas toujours systématique comme elle devrait l’être d’après le protocole en vigueur.

Et qu’en est-il de l’aération des salles de classe, également prévue dans le protocole ? «Pour le moment, avec des températures clémentes, on essaie de garder les fenêtres et les portes ouvertes pour aérer. Mais quand le temps se rafraîchira, cela deviendra impossible», répond un enseignant interrogé.

«Les risques sont d’autant plus grands que peu de personnes respectent l’obligation du port du masque et encore moins le portent comme il faut», a-t-il signalé. «Nous croisons les doigts et mettons nos espoirs dans l’immunité acquise grâce à la vaccination, même si, faut-il le préciser, l’ensemble des experts recommandent le maintien de la vigilance et des gestes barrières aux personnes vaccinées», a-t-il ajouté.

De toute évidence, la vaccination et l’amélioration de la situation sanitaire au niveau national restent l’objet de tous les espoirs. C’est en tout cas ce qui se dégage des la majorité des déclarations.

«Grâce à Dieu, nous avons atteint au niveau de notre région un taux de primo-vaccinés de 84,49% alors que près de 40% ont reçu la deuxième dose. Et, avec la situation épidémiologique de notre pays qui évolue dans le bon sens, nous sommes convaincus que l’actuelle année scolaire se déroulera dans de bonnes conditions», a souligné dans le même sens le président de l’AREF de Drâa-Tafilalet, Ali Berrad.

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