Société

Covid-19 : Le risque d'aggravation de la situation sanitaire est toujours présent (experts)

Si les indicateurs sont au vert pour la situation épidémiologique au Maroc, le risque zéro n’existe pas, la prudence est toujours de mise et le « rêve d’immunité collectivité » n’est plus certain devant la complexité du virus. C’est en somme ce que déduisent les experts invités par la Fondation Attijariwafa bank dans le cadre d’une e-conférence dédiée à l’analyse de la situation sanitaire aux niveaux national et continental.

01 Octobre 2021 À 11:24

Dans le cadre de son cycle de conférences «Échanger pour mieux comprendre», la Fondation Attijariwafa bank a organisé, jeudi 30 septembre, une conférence digitale sous le thème «Enjeux sanitaires de la Covid-19 : Où en est le Maroc ? Où en est l’Afrique ?»

Cette rencontre a été l’occasion de faire le point sur la situation sanitaire au niveau national et de rappeler l’importance et l’état d’avancement de la campagne vaccinale au Maroc mais aussi en Afrique. «Le Maroc figure parmi les pays africains ayant dépassé l’objectif, fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), de vacciner de 10% de leur population contre la Covid-19 à fin septembre 2021. Malheureusement, seulement 15 des 54 pays africains ont entièrement vacciné au moins 10% de leur population », a indiqué Dr Maryam Bigdeli, Représentante de l’OMS au Maroc.

Cependant, même si la situation Covid connait actuellement une accalmie au Maroc et que notre pays a enregistré des avancées considérables en matière de vaccination, il est important de rester vigilant, estime Pr Kamal Marhoum El Filali, Chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd à Casablanca. «Ce n’est pas la première fois que les choses se calment. Il faut poursuivre les gestes barrières pour maintenir la baisse du nombre de cas et de la létalité. Nous enregistrons quand même une moyenne de 1.000 cas par jours avec plusieurs décès ce qui est toujours assez grave. Toutefois, nous devons rester optimistes. Les systèmes de santé dans le monde commencent à mieux comprendre cette maladie et ont appris à mieux la gérer», a-t-il souligné.

S’agissant de la campagne de vaccination, Pr Kamal Marhoum El Filali a exprimé sa satisfaction de l’effet positif qu’a eue cette opération sur la situation des services de réanimation. «Un vaccin, quel qu’il soit, ne protège pas à 100% contre le risque d’infection. Ce risque existe toujours. Cependant, la vaccination présente un avantage important : elle aide à réduire le risque de développer une forme grave de la maladie. D’ailleurs comme on l’a répété plusieurs fois, la majorité des personnes qui ont été admises en service de réanimation sont des personnes qui ne sont pas vaccinées. Ce qui met en évidence l’impact positif du vaccin», a indiqué le Chef de service des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd à Casablanca. Ce dernier a également parlé des effets secondaires des vaccins et a tenu à préciser que le risque zéro n’existe pas mais les cas de réactions détectées dans le monde sont très rares et que parmi les vaccins disponibles au Maroc Sinopharm est le plus toléré par les personnes vaccinées. Au sujet de l’administration de la troisième dose, Marhoum a expliqué qu’il serait utile de la faire parce que l’immunité acquise grâce aux deux premières doses diminue avec le temps. Et qu’il faut encore une fois prioriser les personnes âgées et celles avec comorbidité, cela les aiderait à booster l’immunité.

De son côté, le Pr Ahmed Rhassane El Adib, professeur en anesthésie-réanimation au CHU Mohammed VI de Marrakech, s’est réjoui de l’impact positif de la campagne de vaccination. Toutefois, il a souligné que «le rêve» de l’immunité collective s’éloigne de nous de plus en plus à cause de la mutation rapide du virus d’où l’importance de la vaccination du plus grand nombre de la population. Par ailleurs, Pr El Adib a abordé la question des traitements médicamenteux contre la Covid-19. «Beaucoup de médicaments sont en cours de développement. Il s’agit essentiellement des antiviraux qui seront administrés au début de la maladie. Mais l’inconvénient de ces traitements est qu’ils vont être excessivement chers», a-t-il souligné, ajoutant que pour le moment au Maroc, les malades sont traités au cas par cas selon la gravité de leurs symptômes.

Pour le continent africain, la situation reste inquiétante comme l’a souligné Dr. Bigdeli. « La moitié des pays du continent n'en a vacciné que 2% ou moins. Aujourd’hui, il reste beaucoup à faire pour atteindre le nouvel objectif fixé par l'OMS, à savoir vacciner complètement 40% de la population avant la fin de cette année», a indiqué la représentante de l’OMS au Maroc. «Il faut absolument accélérer le rythme de vaccination, notamment grâce au programme COVAX, le mécanisme multilatéral de distribution des vaccins, surtout au niveau des pays où le taux de vaccination est très faible. Cela permettra non seulement de pallier l’iniquité vaccinale dans le monde mais aussi de protéger les autres pays où le taux de vaccination est élevé, et d’empêcher l’arrivée de nouveaux variants. Il ne faut plus raisonner par pays mais plutôt mondialement d’une façon solidaire puisqu’il s’agit d’une pandémie. Il faut aussi œuvrer pour rendre les tests accessibles et lutter contre la désinformation autant qu’on lutte contre la transmission du virus», a affirmé Bigdeli.

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