Société

Covid-19 : La transmissibilité et la rapidité de propagation du variant Omicron l’emportent sur la dangerosité de Delta

«Un discours trop rassurant sur le variant Omicron risque de contribuer à favoriser un relâchement chez la majorité, ce qui pourrait être coûteux». C’est la réaction de Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, aux propos de certains scientifiques du monde qui se veulent trop rassurants par rapport au nouveau variant. Ces scientifiques vont jusqu’à prédire que l’apparition d’Omicron marquerait la fin de la pandémie.

16 Décembre 2021 À 16:59

Alors que le variant Omicron, dont le premier cas vient d’être détecté au Maroc, continue d’inquiéter les autorités sanitaires dans le monde, certains scientifiques affichent un vent d’optimisme. Ils avancent ainsi que ce nouveau variant pourrait marquer la fin de la pandémie. Argument avancé : Même avec un rythme inédit de la transmission, ce variant demeure moins virulent que le Delta puisqu’il n’a, à ce jour, provoqué qu’un seul décès dans le monde. En d’autres termes, notent-ils, ce variant pourrait devenir endémique, ce qui signifie que les cas persisteront à des niveaux faibles et que des épidémies saisonnières de maladies relativement bénignes pourraient en résulter. Interpellé à propos de ce sujet, Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en politiques et systèmes de santé, estime qu’il est encore trop tôt pour voir la lumière au bout du tunnel. En effet, ajoute-t-il, «la situation est toujours préoccupante et le fait d’adopter un discours trop optimiste sur ce nouveau variant risque de favoriser un relâchement chez la majorité, ce qui pourrait être très coûteux». Sur un plan purement scientifique, Dr Hamdi avance qu’un variant moins virulent ne signifie nullement qu’il est moins dangereux. «La propagation rapide du variant Omicron et le manque de certitude par rapport à l’efficacité des vaccins font que le risque et la dangerosité sont aussi considérables que pour le variant Delta», explique-t-il.

Et d’ajouter que la gravité d’une souche plus contagieuse, même sans être plus virulente, est à mesurer également en termes de conséquences, notamment la pression sur le système de santé, les décès et les mesures restrictives. Pour mieux illustrer son point de vue, le chercheur en politiques et systèmes de santé partage un exemple : «Dans des conditions épidémiques normales, sur 10 mille personnes infectées, nous aurons 129 décès s'il s'agit de la souche dominante, et 193 dans le cas d’une souche plus virulente de 50%. Or, dans le cas d’une souche 50% plus contagieuse, nous aurons un plus grand nombre de nouveaux cas d'infections à la fin du mois (le cycle de reproduction tous les six jours), et donc un nombre de décès qui va atteindre 978, soit cinq fois plus que la souche plus virulente». À ce titre, Dr Hamdi indique aussi que dans les mêmes conditions épidémiologiques, «un variant plus mortel de 50% cause 1.5 fois plus de décès que le variant de référence, alors qu’un variant 50% plus transmissible cause 9 fois plus décès de plus». À la lumière de ces chiffres, l’expert précise que la virulence n’est interprétable qu’au vu de la transmissibilité et de la sensibilité aux vaccins. Autre point important, et non des moindres : Dr Hamdi attire l’attention sur le fait qu’une souche virulente conduit la population à prendre davantage de précautions par crainte d'une infection qui présente plus de danger pour sa vie, ce qui contribue à limiter l'épidémie. Or, «dans le cas d’une souche plus contagieuse, on a tendance à sous-estimer sa gravité», note-t-il.

Partant de ce constat éloquent, le chercheur marocain affirme que la transmissibilité et la rapidité de propagation du variant Omicron l’emportent sur la dangerosité de Delta. Il s’agit là d’un constat scientifique à prendre au sérieux, d’autant plus que nombreuses sont les recherches scientifiques qui ont été publiées pour alerter sur la transmissibilité d’Omicron. La dernière en date a été menée par des chercheurs de l’Université de Hong Kong qui ont découvert qu’Omicron «infecte et se multiplie 70 fois plus rapidement que le variant Delta et le SARS-CoV-2 d’origine dans les bronches humaines». Par ailleurs, Dr Hamid incite à plus de vigilance et au strict respect des mesures barrières, notamment le port du masque, l’hygiène et la distanciation physique. De même, l’expert appelle à intensifier les efforts pour accélérer la campagne de vaccination avec les trois doses.

Copyright Groupe le Matin © 2024