Société

La digitalisation peut-elle signer la fin du cartable lourd et ses effets sur la santé des enfants ?

La rentrée scolaire 2021-2022, assurée en présentiel, remet en avant la problématique du poids lourd des cartables scolaires et son impact sur la santé physique des enfants. Outre la fatigue et le mal de dos, ce phénomène provoque bel et bien ce que l’on appelle une scoliose qui, « malheureusement, ne peut pas se corriger une fois que l’on devient adulte », assure Dr Mohamed Tricha, spécialiste en médecine physique et réhabilitation et expert en réadaptation cardiaque et pulmonaire. Les solutions pour éviter ce problème de santé sont toutefois envisageables avec notamment l'expérience de digitalisation des cours qui a duré plus d'une année.

08 Octobre 2021 À 15:05

L’adoption du mode présentiel pour la rentrée scolaire 2021-2022 remet sur le devant de la scène une problématique qui inquiète depuis toujours les parents. Il s’agit du poids lourd des cartables scolaires et son impact sur la santé physique des enfants. Selon Dr Mohamed Tricha, spécialiste en médecine physique et réhabilitation et expert en réadaptation cardiaque et pulmonaire, « outre la fatigue et le mal de dos, le phénomène présente bel et bien un risque de scoliose qui consiste en une déformation de la colonne vertébrale et de la cage thoracique, produisant souvent une gibbosité (bosse) d’un côté de la colonne ». Malheureusement, regrette notre expert, « une scoliose chez l’adulte ne peut pas se corriger, c’est irréversible puisque le squelette a pris sa forme définitive ». Cela dit, ajoute-t-il, la prévention et le diagnostic précoce restent les deux armes principales pour lutter contre ce phénomène.

« On constate aujourd’hui que le poids du cartable d’un élève de CE1 peut représenter jusqu’à 20 % de son poids total, alors qu’il faudrait ne pas dépasser 10 % pour ne pas mettre en péril sa colonne vertébrale », nous explique Dr Mohamed Tricha avant de préciser qu’en moyenne, le poids d’un cartable ne devrait pas dépasser les 2 à 3 kilos selon le profil de l’enfant. Pour lui, dès le plus jeune âge, il est important de choisir un cartable adapté, du fait que « plus les problèmes de dos apparaissent tôt, plus ils deviendront chroniques et pourront ainsi s’installer définitivement à l’âge adulte ». A ce titre, notre expert insiste sur le fait que le sac à dos classique reste le meilleur cartable pour les enfants. « Il faut éviter d’acheter un sac qui se porte en bandoulière ou à bout de bras à son enfant car avec un poids excessif, la charge du cartable va entraîner une mauvaise posture de la colonne vertébrale mais aussi des tensions au niveau de la nuque, des bras et des épaules », note-t-il. Il d’ajouter qu’il faut aussi éviter les sacs à roulettes du fait que même si la charge ne repose pas directement sur le dos de l’enfant, ce dernier sera obligé d’exercer des torsions pour tirer le sac. Interrogé sur les bonnes solutions à envisager, Dr Mohamed Tricha recommande aux parents de :

  • Ne pas hésiter à peser le cartable pour vérifier qu’il n’excède pas 10 % du poids de l’enfant.
  • Veiller à ce que l’enfant ne porte pas son sac sur une seule épaule.
  • Placer le contenu de façon à uniformiser le poids.
  • Veiller à ne pas encombrer le sac de charges superflues.
  • Resserrer les bretelles de façon à ce que le sac à dos colle le plus possible au dos de son enfant.
  • Se renseigner auprès de l’école et des parents d’élèves sur les éventuels dispositifs mis en place pour lutter contre la surcharge des cartables. L’idéal serait d’envisager avec l’école la possibilité de prévoir des casiers dans lesquels l’enfant peut garder ses affaires sans être obligés de les porter à chaque fois à la maison.

Sur un autre registre, Dr Tricha tient à attirer l’attention sur l’importance d’observer les changements chez son enfant au cours de sa scolarité. «Si l’enfant commence à se plaindre d’une douleur au dos ou bien que son attitude posturale semble bizarre, il ne faut pas hésiter à le ramener chez un médecin spécialiste en médecine physique et réhabilitation. « Ce dernier pourra éventuellement lui conseiller une rééducation avec un kinésithérapeute si besoin », recommande-t-il. Et d’ajouter que la kinésithérapie peut  apporter une solution efficace face à la scoliose.

La digitalisation de l’enseignement, un début de la solution 

La transformation digitale du secteur de l’enseignement peut êtres envisagée comme étant l'une des solutions qui pourraient permettre, à moyen et long termes, de régler ce problème de cartables lourds. La question s’avère intéressante surtout avec l’avancée que connaît le monde numérique aujourd’hui et l'expérience réussie du Maroc dans le passage aux cours à distance. L’idée est de permettre aux élèves, à l’ère du tout connecté, d’accéder à certains cours en ligne et, par conséquent, d’avoir moins de livres à porter dans leurs cartables. Présentée ainsi, cette démarche parait ambitieuse, mais force est de reconnaitre qu’elle n’est pas sans dégâts. Elle présente une véritable menace pour les librairies, comme en témoigne un jeune libraire de Mohammedia. « La digitalisation des livres scolaires menace notre secteur d’activité et ça sera vraiment difficile pour nous de surmonter cette situation », témoigne-t-il, avant de nous apprendre que l’expérience a déjà commencé dans quelques établissements. « Si elle se généralise, ça va être la catastrophe pour nous », alerte-t-il. Il faut donc penser à des solutions équilibrée pour limiter ce problème de santé qui menacent les enfants, sans pour autant pénaliser les libraires qui sont déjà en difficultés avec la crise

En attendant de vraies solutions, l’échange entre les parents et les enseignants restent le véritable moyen pour préserver le dos des enfants. Les professeurs d’éducation physique peuvent aussi jouer un rôle crucial en transmettant aux enfants les bonnes habitudes de redressement postural.

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