Économie

HCP : les perspectives économiques sont bonnes mais entourées de fortes incertitudes

Dans une perspective de reprise économique mondiale en 2022, d’une augmentation de la demande mondiale adressée au Maroc , d’une reconduction de la politique budgétaire en vigueur en 2021 et d’une bonne production céréalière durant la campagne agricole 2021/2022, l’économie nationale devra renouer avec la croissance. Toutefois, ces perspectives demeurent incertaines car entourées de fortes incertitudes, indique le HCP.

Le budget économique exploratoire 2022 constitue un cadre de référence pour la fixation d'objectifs économiques appuyés par d’éventuelles mesures à mettre en œuvre notamment, dans le cadre de la Loi de Finances 2022.

19 Juillet 2021 À 10:19

Le budget économique exploratoire 2022, élaboré par le Haut-Commissariat au Plan, qui vient d'être rendu public, présente des perspectives plutôt bonnes pour l'économie nationale en 2022, soit une continuité des constats positifs tirés de la croissance économique nationale en 2021. Tout en rappelant que l’élaboration de ce budget économique tient compte des agrégats provisoires arrêtés par la comptabilité nationale pour 2020 et des résultats des enquêtes trimestrielles et des travaux de suivi et d’analyse de la conjoncture au début 2021, le HCP indique que ces prévisions restent "sous-tendues par un ensemble d'hypothèses relatives à l'évolution des facteurs exogènes régissant l'économie marocaine, aussi bien sur le plan national qu'international."  A celà s'ajoute les "fortes incertitudes liées principalement à l’évolution de la situation épidémiologique et à l’aboutissement du processus de vaccination aux niveaux national et international." 

En 2022, le rétablissement de l’économie nationale va se poursuivre

Les activités non agricoles devraient enregistrer une valeur ajoutée en accroissement de près de 3,6% en 2022 au lieu de 4,1% en 2021, attribuable, notamment à une poursuite de récupération du secteur tertiaire sous l’effet du redressement des services marchands, particulièrement ceux du tourisme, du transport et du commerce en raison de l’ouverture prévue des frontières en 2022. Le secteur tertiaire devrait connaître une croissance de 3,7% en 2022 au lieu de 4,1% attendue en 2021.

Le secteur secondaire devrait, de son côté, continuer d’afficher une valeur ajoutée en raffermissement affichant une croissance de 3,4% en 2022, en raison, notamment, de l’amélioration des secteurs du BTP, des mines et des performances des industries de transformation, en liaison principalement avec l’amélioration attendue de la demande extérieure. Le secteur primaire devrait, sous l’hypothèse d’un scénario moyen de la production céréalière et de la consolidation de celle des autres cultures agricoles et de l’élevage, dégager une valeur ajoutée en baisse de 2,9% après un rebond de 17,5% en 2021.

Par ailleurs, la demande intérieure devrait continuer en 2022 de soutenir l’activité économique nationale, bien qu’avec un niveau moins élevé qu’en 2021. Elle devrait progresser de 3,4% en volume au lieu de 6,4% en 2021, soutenue par la poursuite du raffermissement de l’investissement brut et de la consommation finale nationale. Ainsi, sa contribution à la croissance économique nationale devrait baisser à 3,6 points au lieu de 6,9 points en 2021.

Les exportations de l’économie nationale devraient poursuivre leur sentier de croissance suite au dynamisme des métiers mondiaux et de la reprise des activités exportatrices pour afficher une amélioration de 9% au lieu de 10,8% en 2021. De leur côté, les importations devraient s’aligner aux exportations avec une augmentation de 9,1% au lieu de 11,5% 2021. A cet effet, la contribution de la demande extérieure nette à la croissance économique nationale serait à nouveau négative en 2022 de 0,8 point du PIB.

En tenant compte du redressement des transferts MRE, après leur accroissement exceptionnel en 2021, les revenus nets en provenance du reste du monde devraient atteindre 5,5% du PIB.  C’est ainsi que le compte courant de la balance des paiements dégagerait un déficit de 3,4% du PIB en accentuation par rapport à 2,5% du PIB enregistré en 2021.

Compte tenu d’une évolution des impôts et taxes sur produits nets de subventions de 4,4%, le Produit Intérieur Brut devrait enregistrer un taux de croissance de l’ordre de 2,9% en 2022 après une reprise de 5,8% prévue en 2021.

Poursuite de redressement  de la demande intérieure en 2022

La demande intérieure devrait continuer en 2022 de soutenir l’activité économique nationale, bien qu’avec un niveau moins élevé qu’en 2021. Elle devrait être soutenue par la poursuite du raffermissement de l’investissement brut et de la consommation finale nationale.

La consommation des ménages devrait s’accroitre de 2,9% en volume consolidant ainsi sa contribution à la croissance du PIB à 1,6 point en 2022. La consommation des administrations publiques devrait, de son côté, s’accroître de 2,7%, limitant sa contribution à la croissance à 0,6 point. Globalement, la consommation finale nationale devrait augmenter de 2,9% contribuant pour 2,2 points à la croissance économique en 2022.

Le déficit budgétaire atténué et le taux élevé d’endettement maintenu

Les perspectives des finances publiques en 2022 supposent la reconduction de la politique budgétaire en vigueur en 2021 qui s’inscrit dans la continuité de l’effort d’investissement et du soutien de l’activité économique. Ces efforts, conjugués aux perspectives de la croissance, seraient insuffisants pour atténuer largement le déséquilibre budgétaire. Néanmoins, le besoin de financement devrait poursuivre son allégement en 2022, sous l’effet de la reprise progressive des recettes fiscales, attribuable à la poursuite du raffermissement des activités non agricoles et au retour du dynamisme de la demande intérieure bénéficiant du taux modéré de l’inflation et du regain de confiance des opérateurs économiques.

Ainsi, les recettes fiscales devraient atteindre 18,2% du PIB en 2022 au lieu de 17,9% en 2021. Tenant compte du maintien des recettes non fiscales à 2,4% du PIB, les recettes ordinaires devraient se maintenir à près de 20,8% du PIB en 2022. Parallèlement, les dépenses ordinaires devraient s’alourdir davantage en liaison avec la consolidation des efforts déployés pour la dynamisation de l’activité économique. Ainsi, pâtissant de la rigidité à la baisse des charges de fonctionnement, ces dépenses devraient atteindre 20,9% du PIB au lieu de 21% attendu en 2021.

Sous l’hypothèse du maintien de l’effort d’investissement du Trésor à près de 6,2% du PIB, les finances publiques devraient connaitre un déficit budgétaire élevé malgré sa légère atténuation,  pour se situer à 6% du PIB en 2022 au lieu de 6,3% attendu en 2021. Face à cette situation déficitaire, le taux d’endettement du Trésor devrait poursuivre sa tendance haussière, passant de 76,4% du PIB en 2020, à 77,3% en 2021 puis à 79% en 2022. Tenant compte de la dette extérieure garantie, qui devrait se limiter à 14,9% du PIB en 2022, la dette publique globale serait portée à hauteur de 93,9% du PIB au lieu de 92,7% attendu en 2021. 

Ces perspectives constituent une suite logique du rebondissement observé de l’économie nationale boosté par les bonnes performances agricoles en 2021. Ainsi, l’activité économique nationale devrait connaitre en 2021 un rebond de sa croissance après une récession profonde en 2020. Ce raffermissement serait imputable notamment aux perspectives prometteuses de la campagne agricole 2020/2021 ainsi qu’à la reprise, sous l’effet de base, des activités non agricoles profitant d’une atténuation des effets négatifs de la crise sanitaire reflétant ainsi le début de redressement de l’économie nationale.

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