Société

Propagation du variant Delta au Maroc : un plan de riposte urgent s’impose

08 Juillet 2021 À 21:24

Alors que la hausse des nouveaux cas se confirme de jour en jour au Maroc, l'impression est celle d'un retour à la case départ. Allons-nous atteindre les mêmes records enregistrés auparavant en nombre de contaminations, de décès et de personnes admises en réanimation au mois d’août ? C’est plus que probable au rythme où on va et dans les conditions actuelles, répond le professeur Abdelfattah Chakib, spécialiste des maladies infectieuses au CHU Ibn Rochd et membre du comité technique et scientifique.

Il confirme aussi que d’ici fin juillet, le variant Delta sera le variant le plus dominant au Maroc comme l’avait certifié le professeur Azeddine Ibrahimi, directeur de Medbiotech, laboratoire de biotechnologie de la Faculté de médecine et de pharmacie de l’Université Mohammed V à Rabat.

«Je partage complètement l’avis du professeur Ibrahimi pour deux raisons : premièrement parce que c’est une question de logique puisque le variant Delta se transmet 50 fois plus fréquemment que le variant britannique et deuxièmement parce qu'il gère un laboratoire de biotechnologie et donc il sait de quoi il parle», a-t-il déclaré.

Dans le scénario le plus pessimiste, le Maroc pourrait passer, au mois d’août, à un bilan journalier de 100 à 120 personnes atteintes de formes graves du Covid, confirme l'expert. Les décès pourraient quant à eux dépasser les 50 cas par jour dès la mi-août.

A moins que la population se ressaisisse et respecte rigoureusement les gestes barrières et que les autorités veillent au grain. A son avis, seules ces conditions seraient susceptibles de ralentir la propagation du variant Delta.

A l’instar du ministère de la Santé, l’épidémiologiste en a appelé à l’esprit de responsabilité de chacun pour éviter la transmission rapide du virus qui pourrait engendrer une situation dramatique dans les prochaines semaines.

Pour lui, il est également impératif de préparer dès aujourd’hui un plan de riposte rigoureux et l’appréhender avec une approche régionale. «Il faut préparer le personnel qui va prendre en charge les patients, mais aussi les structures d’accueil. Il faudra aussi s’assurer que l’on dispose d’équipements suffisants pour faire face à ce genre de situation (bouches d’oxygènes, médicaments…)», a-t-il souligné.

Le Professeur Ibrahimi a tenu à préciser que la plupart des vaccins ne protègent pas contre l'infection par le virus et n'empêchent pas sa transmission, mais ils protègent contre ses formes graves, ce qui est essentiel.

Il a également signalé qu’il existe une différence entre être vacciné et être protégé. «Pour qu’une personne vaccinée soit protégée, il faut qu’elle répondre au vaccin. Cette réponse dépend de plusieurs facteurs : des facteurs génétiques, du système immunitaire et d’autres facteurs liés à l’hygiène de vie : le tabagisme, le nombre des heures de sommeil, le stress, le type d’alimentation…», a-t-il expliqué.

Mais le facteur le plus important selon lui reste l’existence, ou pas, d’une maladie sous-jacente, immuno déprimante, qui interviendra dans la réduction du taux de réponse. «Cette maladie cachée fera qu’au lieu de répondre à 78% pour un vaccin de Sinopharm par exemple, la personne va répondre à seulement 50%», a-t-il noté.

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