Économie

Rachid Guerraoui : «Il est important pour le Maroc de s’ouvrir à la technologie derrière le Bitcoin»

Pour l’expert Rachid Guerraoui, l’existence d’une université comme l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) au Maroc et le dynamisme observé dans le numérique pendant la crise de la Covid-19 le rendent optimiste quant à l’avenir du pays dans le domaine. À ses yeux, le Royaume est sur la bonne voie pour une digitalisation réussie, mais il doit maîtriser la technologie derrière le Bitcoin pour assurer sa souveraineté numérique. Rachid Guerraoui est membre de la commission chargée du nouveau modèle de développement. Il a animé, lors de la Semaine de la science de l’UM6P à Benguérir, plusieurs ateliers, dont un sur le Bitcoin et les cryptomonnaies.

Rachid Guerraoui, professeur à l’Université polytechnique fédérale de Lausanne. Ph. Sradni

07 Novembre 2021 À 16:47

Le Matin : Comment se dessine l’avenir du Bitcoin ?r>Rachid Guerraoui : Cette cryptomonnaie signifie qu’il n’y a pas de pièces ni de banques. Personne ne sait comment va se dessiner l’avenir de cette monnaie virtuelle ni si elle va finir par disparaître ou pas. En revanche, ce qui ne va pas disparaître, c’est la technologie sous-jacente à cette cryptomonnaie qui est une nouvelle manière de faire des transactions commerciales. Cette technologie, j’en suis convaincu, va rester avec nous et s’imposer pendant longtemps.

Pensez-vous que le Maroc lèvera l’interdiction sur le Bitcoin ou va-t-il opter pour sa propre cryptomonnaie ?r>Je sais que le Maroc a interdit l’utilisation du Bitcoin. J’imagine que les responsables ont leurs raisons. r>D’autant plus que je ne suis pas un expert en finances. Mais ce que je sais par contre, c’est qu’il est important pour le Maroc de s’ouvrir à la technologie derrière le Bitcoin. Ce n’est que de cette manière que si un jour, le Royaume décide de lever cette interdiction ou de passer à une autre cryptomonnaie, notamment marocaine, il pourra assurer une souveraineté numérique sur cette monnaie. Il ne faut donc surtout pas se fermer à ces technologies sous-jacentes.

Le Maroc est-il justement bien positionné sur l’échiquier international pour maîtriser ces technologies ?r>L’existence d’une université comme l’UM6P au Maroc et le dynamisme observé dans le numérique pendant la crise de la Covid-19 me font penser qu’il y a un dynamisme dans ce domaine au Maroc. Je suis assez optimiste sur le rôle du pays dans le domaine du numérique à l’international.

Quelles sont, selon vous, les conditions d’une numérisation réussie du pays ?r>Dans le nouveau modèle de développement, on a souligné 3 conditions nécessaires : assurer une couverture Internet «costaud» à tous les Marocains, assurer des services de digitalisation de l’administration et former les citoyens à l’utilisation et à l’expertise dans le numérique. Encore cette fois, l’existence de cette université me fait penser que nous sommes sur la bonne voie.

Vous dites que nous sommes sur la bonne voie. Combien de temps cela nécessitera-t-il pour réussir ?r>C’est un domaine où tout peut aller très vite. Il suffit de quelques ingénieurs et programmeurs bien formés dans des 1337 par exemple et des Bootstraps (modèles-cadres, Ndlr) provenant de certains ministères pour que, en quelques années seulement, le Maroc se développe dans ce domaine.

Où en sommes-nous actuellement, notamment en Intelligence artificielle dans le e-gov ?r>Pour moi, l’Intelligence artificielle est la capacité d’une machine à résoudre des problèmes que l’homme ne peut pas résoudre. C’est une partie du numérique. Donc, si nous arrivons à nous développer dans le numérique, nous nous développerons forcément dans l’intelligence artificielle et nous pourrons alors faire des choses qui sont encore aujourd’hui impossibles. Je pense que nous n’en sommes pas loin. Il n’y a qu’à voir ce qui a été fait pour la gestion informatique de la campagne vaccinale. C’est tout simplement admirable de faire ça au Maroc ! 

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