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Sidi Kacem : Oued Rdem pollué par les déchets des unités de trituration de Fès et de Meknès

Les grandes quantités de mousse de margine visibles à la surface du cours d’eau donnent une idée sur l’ampleur de la pollution des eaux.

28 Décembre 2021 À 17:53

Traversant la ville de Sidi Kacem, l’Oued Rdem fait l’objet, depuis samedi dernier, d’une grave catastrophe environnementale et écologique, due au déversement irresponsable, dans le cours d’eau de l’oued, de déchets issus de la trituration d’olives (margine) par des unités installées dans les provinces de Fès et de Meknès.r>Selon Mohammed Benabbou, expert en Changements climatiques et ingénieur en Génie environnement, Oued Rdem a vécu (ce samedi 25 décembre 2021) une situation catastrophique marquée par la forte pollution de son cours d’eau par des quantités incommensurables de margine «qui nous viennent des provinces limitrophes, à savoir Meknès et Fès, qui abritent un grand nombre d’unités de trituration d’olives et qui polluent ainsi cette rivière qui traverse le centre de la ville de Sidi Kacem, pour aller polluer à son tour Oued Ouargha, qui se croise et qui pollue pour sa part un peu plus loin les eaux du fleuve de Sebou».r>«Ces polluants qui nous viennent en dehors de la ville de Sidi Kacem sont très dangereux, aussi bien pour les populations riveraines que pour l’abreuvement du cheptel, à en juger par cette grande quantité de mousse de margine qu’on voit à la surface du cours d’eau d’Oued Rdem, et qui nous donne une idée sur l’ampleur de la pollution des eaux», a-t-il expliqué.

Les margines sont un véritable danger pour la nature. Il en résulte un impact négatif sur l’environnement et la santé qui se traduit notamment par le colmatage des sols et la pollution des eaux superficielles et souterraines. À ce jour, les margines constituent un problème environnemental majeur pour les pays producteurs d’huile d’olive.r>À rappeler que les margines, ou eaux de végétation, sont des effluents issus de l'extraction de l'huile d'olive. Elles sont constituées par l'eau contenue dans les cellules de la drupe, les eaux de lavage et celles liées au processus de traitement, qui peuvent représenter jusqu’à 120 litres par quintal d'olives traitées. Dans les installations modernes (décanteurs deux phases), la quantité de margines peut-être quasiment nulle, le seul sous-produit étant les grignons. Le seul rejet aqueux est donc constitué des eaux de lavage.

À noter aussi qu’à cause de leur charge organique très élevée et de leur teneur en phénols et polyphénols difficilement dégradables, ces effluents posent des problèmes conséquents quant à leur élimination.r>Aussi, il y a lieu de souligner que l’Oued Rdem est constitué de la réunion, à une dizaine de kilomètres au Nord-Nord/Ouest de la ville de Meknès, de l’Oued Bou Fekrane, l’Oued Ouislane et l’Oued Cherja. C’est une rivière de modeste apparence dont le débit normal ne dépasse guère un mètre cube par seconde. Sa longueur totale est d’environ 150 km, entre la source la plus éloignée et le pont où les eaux, incapables d’atteindre l’Oued Beht et le Sebou, se perdent dans la Marja des Oulad Mokhtar.

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Pollution récurrenter>Pollution récurrente Selon le président de la commune urbaine de Sidi Kacem, Abdel Illah Ouaissa, une charge polluante d’Oued Rdem est constatée en période de campagne oléicole de chaque année. Cette pollution a pour origine les rejets de margines (odeur, couleur d’eau noirâtre, mousse…) déversés pendant la nuit par les huileries existantes en aval de la ville de Sidi Kacem et hors du territoire de la province. Pour lui, la population de la ville a exprimé son inquiétude à l’égard de cette pollution et s’attend à l’intervention de l’ensemble des acteurs concernés pour atténuer son impact sur l’environnement. Dans cette optique, a-t-il ajouté, la commune, en collaboration avec une Association qui s'active dans la protection de l'environnement présidée par le Dr Ben Abbou, s’est déplacée sur les lieux au niveau de l’entrée de la ville du côté sud à Bab Tissra, pour mener les investigations nécessaires. Pour Abdel Illah Ouaissa, ce type de pollution cause plusieurs problèmes dont, entre autres, une difficulté pour l’abreuvement du cheptel, l’impossibilité de son utilisation à des fins agricoles, la réduction de l’oxygène dissous dans l’eau et son impact sur la vie aquatique dans les différents cours d’eau. «Il fallait coordonner avec les communes voisines afin de procéder au contrôle des unités de trituration sur le respect des normes recommandées par les autorités compétentes, à l’instar des dispositions prises par la province au niveau de la commune de Sidi Kacem», a-t-il conclu.

 

Mohamed Drihem 

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