13 Septembre 2021 À 16:08
Les enfants sans-abris seraient-ils les grands oubliés de la campagne de vaccination anti-Covid-19 au Maroc ? La réponse n'est pas tranchée car si la réflexion est déjà engagée pour intégrer cette frange la population dans l'opération de vaccination, elle se heurte malheureusement à plusieurs contraintes, à commencer par la difficulté qui se pose au niveau de l'identification des bénéficiaires.
"L'ensemble des personnes de plus de 12 ans sont concernées par la vaccination au Maroc. Ce sont-là les Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi, que Dieu l'assiste. A ce titre, les sans-abris ne seront pas oubliés. C'est une question d'équité", a déclaré au "Matin" Dr Said Afif, membre du comité scientifique et technique de la vaccination et président de la Fédération nationale de la Santé.
Toutefois, poursuit-t-il, les SDF, les enfants non-scolarisés et toutes les personnes qui ne disposent pas de documents d'identification sont difficiles à recenser et donc à intégrer dans les listes des bénéficiaires de la vaccination.
"Les autorités compétentes sont en train de travailler sur ce sujet", a-t-il ajouté, soulignant que le ministère de l'Intérieur a fait montre d'une efficacité "incomparable" et que la campagne de vaccination se passe très bien grâce à ses efforts et à ceux consentis par l'ensemble des parties prenantes. Ceci pour dire qu'autant d'efforts seront fournis pour permettre la vaccination de cette catégorie également.
"Il n'y a pas moyen de vacciner des personnes sans pouvoir les lister sur les bases du ministère de la Santé", a indiqué dans le même sens Hind Laidi, présidente fondatrice de l'association Jood, acteur majeur de la société civile œuvrant pour le soutien des personnes en situation de précarité.
Selon des données recueillies par Jood en février 2020, les sans-papiers ont représenté 83% de la population des SDF (sans domicile fixe) identifiée au niveau de la région de Casablanca grâce au camion-douche de l'association, lequel est équipé d’une machine à reconnaissance digitale liée à un logiciel de recensement.
Sur ces 83%, un proportion de 9% appartient à la tranche d'âge des 12-17 ans et ils sont tous sans papiers, a précisé Mme Laidi.
"Malheureusement, à notre niveau, aucun projet pour la vaccination des jeunes sans-abris n'est à l'ordre du jour pour le moment", a-t-elle déploré.
"Nous n'en avons pas discuté avec le ministère de tutelle mais la question a été abordée avec les autorités qui nous accompagnent normalement et qui nous ont expliqué la difficulté de l’opération, chose que nous savions déjà", a fait savoir la militante.
"Ils nous avaient aussi demandé de les contacter au cas où nous repérerions des profils à symptômes afin qu'ils puissent les prendre en charge", a-t-elle ajouté.
Par ailleurs, la fondatrice de Jood a noté qu'aucun cluster de la maladie du Covid-19 n'a été repéré à ce jour parmi la population des SDF et encore moins parmi la tranche des 12-17 ans.
"Aussi surprenant que cela puisse paraître, nous n'avons croisé aucun cas atteint de Covid-19 pendant nos rondes nocturnes. Cela pourrait s'expliquer par le fait qu'il s'agit de personnes ayant développé une immunité élevée due au fait qu'ils vivent dans des milieux insalubres", a-t-elle relevé.