08 Mai 2022 À 15:27
Les diplômés du deuxième cycle et titulaires de master en sciences infirmières et en techniques de la santé montent au créneau. Cette catégorie de professionnels du ministère de la Santé, comptant quelque 800 professionnels en exercice ou en cours de formation, dénonce la marginalisation de son dossier revendicatif. En effet, ces professionnels, qui effectuent des missions d'enseignement, d'encadrement, de recherche scientifique, de coordination, de gestion, de planification et d'évaluation, s'estiment lésés par le fait que le décret n° 2-17-535 et ses textes d'application ne font aucune référence aux spécialités du deuxième cycle et du cycle master, ce qui représente un vide juridique aux conséquences négatives pour eux.Les enseignants des ISPITS brandissent en conséquence la menace de boycotter les stages de terrain se déroulant en dehors des Instituts et toutes les activités annexes relatives à l'encadrement, à l'évaluation et aux examens pratiques. Les surveillants de santé, quant à eux, font planer la menace de boycotter les rapports ainsi que toute forme de contribution aux formations continues et aux formations dispensées aux étudiants et stagiaires.
Des formes d'escalade sont également à prévoir, si l'on s'en tient au dernier communiqué de la Coordination nationale des diplômés du deuxième cycle et titulaires de master en sciences infirmières et en techniques de la santé le 23 avril 2022. Communiqué dans lequel il est indiqué que la situation actuelle de cette catégorie est imputable au fait que l’encadrement de ses missions est marqué par un vide juridique, ce qui se répercute sur le parcours professionnel de ce corps et la prive de la prise en compte de ses particularités. En outre, le communiqué fait également état d'une contradiction entre l'article 15 du décret n° 2-17-535 portant statut particulier du corps interministériel des infirmiers et des techniciens de santé et l'article 22 du Dahir n° 1-58-008 portant statut général de la fonction publique.
Contacté par «Le Matin», le membre du bureau national de la Coordination nationale des diplômés du deuxième cycle et titulaires de master en sciences infirmières et en techniques de la santé, Fakoiallah Mohamed Amine, explique que «les diplômés de deuxième cycle (lequel donne également accès au cycle doctoral) et les titulaires de masters sont en mesure d'exercer des fonctions d'enseignement ou de gestion après l'obtention de leurs diplômes. Le nouveau décret de 2017 ne fait cependant pas mention de ces cadres et, par conséquent, ils se retrouvent dans la situation paradoxale d'exercer une nouvelle fonction tout en continuant à porter leurs anciens intitulés (technicien en radiologie ou infirmier polyvalent par exemple)». «Nous avons évoqué la question de ce vide juridique avec les responsables du département de tutelle, qui ont effectivement reconnu qu'il y avait un oubli à ce niveau lors de l'élaboration du décret. Mais depuis notre première rencontre en octobre 2020, les séances de dialogue se poursuivent, mais ce point a été laissé de côté.
Or pour nous, il s'agit d'un point central», ajoute M. Fakoiallah. «Un autre point paradoxal, souligne M. Fakoiallah, est que les diplômés et les titulaires d'un master devront passer un concours en pédagogie des sciences infirmières après l'obtention de leurs diplômes pour travailler comme enseignants ou gestionnaires, alors que les fonctionnaires accèdent à ces fonctions simplement par le biais d’un examen d'aptitude professionnelle ou par sélection. «En conséquence de cette situation, de nombreux diplômés sont actuellement au chômage», souligne-t-il. Pour sa part, la députée Nora Kerroum du groupe istiqlalien de l'unité et l'égalitarisme a interpellé le ministre de la Santé sur la situation de cette catégorie de professionnels.
En question orale, la députée istiqlalienne revient sur le vide juridique dû à l'absence de cadre dans le décret n° 2-17-535, d'une part, et aux dispositions stipulées dans l'article 22 du Dahir portant statut général de la fonction publique (où il est stipulé notamment «sont considérés comme étant un concours les examens de fin d'études des instituts et établissements chargés d'assurer une formation uniquement pour le compte de l'administration») ,d'autre part. Cet état de fait, précise Mme Kerroum, empêche une bonne partie des diplômés de se voir recrutés sur la base des masters qu'ils ont obtenus auprès des ISPITS, ce qui soulève un grand point d'interrogation sur la viabilité des formations mises en place par le ministère pour répondre à ses besoins. Par ailleurs, et entre autres solutions proposées par la Coordination, il y a la création d'un nouveau cadre au sein du décret n° 2-17-535, ou l'intégration de cette catégorie dans le nouveau statut des attachés scientifiques (anciens assistants médicaux, titulaires également de masters).r>