22 Août 2022 À 19:35
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Communauté marocaine résidant à l’étranger a suivi avec beaucoup d’intérêt le dernier Discours Royal à l’occasion du 69e anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Quoi de plus normal puisque ce discours marque le début d’une relation structurée à long terme entre les Marocains résidant à l’étranger (MRE) et la Mère Patrie. De même qu’il prône la création d’un mécanisme dédié qui aura pour mission d’accompagner les compétences et les talents marocains à l’étranger et d’appuyer leurs initiatives ainsi que leurs projets. Pour les MRE, il s’agit d’une nouvelle preuve de l’engagement visant à inclure la diaspora marocaine dans le développement durable du Maroc. Cela dit, des questions fusent déjà concernant la nature et les attributions de ce mécanisme, de la forme qu’il pourrait prendre, et de la contribution des institutions existantes concernées par la question des MRE.
Contacté par «Le Matin», Abdellah Boussouf, secrétaire général du CCME, nous explique que le Discours Royal a évoqué une série de questions en lien avec les MRE et que Sa Majesté le Roi s’est adressé, au pluriel, en posant la question de savoir «ce que nous avons réalisé au profit du dossier des MRE ?» Ainsi, selon lui, il convient d’ouvrir un large débat sous l’égide du gouvernement entre les différents intervenants. D’après lui, le Conseil est prêt à prendre part à ce débat. Cependant, Abdellah Boussouf estime que trois conditions doivent être réunies pour la réussite de cette entreprise. «Il faut d’abord que le débat ait une dimension participative. En effet, il n’y a pas de politiques publiques si on n’associe pas les parties concernées, notamment les Marocains du monde. Ensuite, il faut prendre en compte le principe de la transversalité, car on ne peut pas élaborer une politique publique si on n’implique pas tous les acteurs concernés. Troisième élément à prendre en considération dans ce débat : la dimension de l’espace géographique. En effet, les problématiques des MRE diffèrent d’un pays à l’autre. Les difficultés rencontrées dans le continent africain ne sont pas celles relevées au Moyen-Orient, en Amérique latine, en Europe de l’Est, ou en Europe. Donc, l’élément espace et les autres conditions sont importants pour répondre aux préoccupations des compétences marocaines», indique-t-il.
Dans ce sens, M. Boussouf estime que le mécanisme voulu par S.M. le Roi peut prendre la forme d’une Agence. «Cette entité devrait, à mon sens, inclure des acteurs publics et privés, étant donné que tous les deux ont besoin des compétences des Marocains du monde. Ce mécanisme doit également permettre de déterminer les besoins au Maroc. Par la suite, il faut savoir où se trouvent ces compétences marocaines. Le Conseil a déjà travaillé sur cette question en focalisant sur les régions de départ et les régions d’installation. Il faut aussi préparer les conditions objectives pour les attirer. Un élément joue déjà en notre faveur : ces compétences marocaines souhaitent venir travailler au Maroc, peut-être pas d’une manière permanente, mais plutôt dans le cadre de la mobilité…», avancet-il. Dans ce cadre, le secrétaire général du CCME soutient que le Conseil est prêt à jouer un rôle dans la mise en place de ce mécanisme. Il met en avant, à cet égard, son expérience et ses réseaux qui peuvent être mis à profit dans ce débat. «Nous sommes prêts à mettre à la disposition de l’Exécutif notre expertise. Rappelons que S.M. le Roi s’est demandé si le cadre législatif et les politiques publiques correspondaient aux attentes des MRE et répondaient aux spécificités de cette catégorie. En toute modestie, nous considérons que le CCME dispose d’une matière assez riche pour participer à un débat élargi autour des idées proposées par S.M. le Roi», précise-t-il.
Par ailleurs, Abdellah Boussouf rappelle que S.M. le Roi avait parlé de la bonne gouvernance institutionnelle qui doit conduire à une complémentarité et une synergie entre les institutions travaillant sur la question des MRE. «La richesse institutionnelle est un plus pour la communauté marocaine, mais à condition que cela soit assorti d’une bonne gouvernance, de la synergie et de la complémentarité pour arriver à l’efficacité attendue», conclut-il.
Le mécanisme d’accompagnement des compétences et des talents marocains à l’étranger voulu par le Souverain «doit permettre de développer un nouveau système de réseautage interactif. Un nouvel organisme qui jouit de la confiance des MRE et qui peut valoriser leurs expertises. Il doit être en mesure de nouer des partenariats permettant le transfert des connaissances. Il doit favoriser la collaboration entre les Marocains du monde et leur mère patrie», explique Nour-Eddine Aboudihaj, fondateur de l’association Moroccan British Competencies Network, basée à Londres. Selon lui, le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger a un rôle différent «puisqu’il a été créé dans un but différent», affirme-t-il.