08 Juin 2022 À 13:53
L’Afrique constitue une composante essentielle de la solution aux défis mondiaux liés à la sécurité alimentaire. La conclusion est du cabinet Oxford Business Group (OBG) qui a publié un rapport intitulé «L’Agriculture en Afrique». Le document qui cite une analyse de Hanane Mourchid, directrice exécutive chargée du développement durable et de l’industrie verte au sein du groupe OCP, indique que même s’il est plus vulnérable aux changements climatiques et subit une poussée de la désertification et du stress hydrique, le continent produit les plus faibles volumes de gaz à effet de serre. «L'économie circulaire et des politiques axées sur la durabilité nous permettront de répondre à ces défis en améliorant nos pratiques agricoles et, partant, renforcer la biodiversité et la qualité des sols, tout en optimisant la production», développe Mourchid. L’Afrique, poursuit-elle, recèle un potentiel en or en ressources naturelles pour les énergies renouvelables, notamment éolienne et solaire.
Ces atouts placent le continent en position de force pour la création de solutions de durabilité. Avec une population qui devrait doubler d’ici 2050 et une demande alimentaire qui devrait croître de 55% d’ici 2030, l’enjeu de la sécurité alimentaire est de taille en Afrique, où 85% de la nourriture est encore importée à l’heure actuelle, d’après des données publiées par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Selon le rapport, si le continent a le secteur agricole en plus rapide expansion au monde, affichant une croissance annuelle moyenne de 4,3% depuis l’an 2000, la mise en valeur des nombreuses terres arables non cultivées ne suffira pas à répondre à la demande croissante en nourriture. Pour les experts d’OBG, l’augmentation de la production ne saura se faire sans une augmentation de la productivité.
Le rapport revient notamment sur la nécessité du recours à des pratiques d’économie circulaire, telles que la conversion des déchets organiques en intrants productifs, le recyclage de l’eau, ou encore les pratiques agricoles adaptées au changement climatique. Pour OBG, le renforcement de la productivité et l'augmentation des revenus pour les petits exploitants, qui produisent 80% des denrées en Afrique subsaharienne, nécessitent une plus grande utilisation des technologies alimentées par des énergies renouvelables et un soutien accru aux institutions qui les génèrent, notamment les systèmes de recherche, de développement et d'ingénierie. Un bémol : le manque de financements actuellement disponibles pour ces écosystèmes. L’augmentation de la productivité va également dans le sens de la préservation des écosystèmes et de la biodiversité. Afin que l’Afrique puisse nourrir la population mondiale dans les années à venir, les terres doivent être exploitées de manière durable tout en prenant en compte des problèmes comme la déforestation et l'utilisation inefficace des engrais. Cela passerait par l’adoption d’un modèle économique vert, qui se caractérise par une faible émission de carbone, une utilisation efficace des ressources et l’inclusion sociale.