07 Août 2022 À 13:41
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Le département de l’Industrie planche sur l’évaluation du contrat-programme de développement du secteur agroalimentaire arrivé à échéance en 2021. Cette mission d’évaluation qui sera confiée à un consultant, le 15 septembre prochain, devra permettre de formuler des recommandations et des scénarios pour l’après-2021 à travers la définition d’une nouvelle feuille de route pour le secteur et la prorogation de l’avenant du cadre contractuel, signé en 2019. Ce dernier, rappelons-le, prévoyait de revoir des dispositions pour l’adaptation et l’amélioration de certaines mesures, notamment celles portant sur l’appui à l’investissement et dont l’objectif est de rendre l’offre du contrat-programme plus attractive et renforcer davantage la dynamique des investissements engagés dans la filière. Ainsi, de nouveaux axes d’amélioration et d’ajustement seront introduits dans cet avenant. Les choix stratégiques qui découleront de de l’évaluation en projet devront prendre en considération les recommandations du nouveau modèle de développement (NMD).
L’évaluation aura à dresser dans un premier temps un bilan général et analytique des réalisations des engagements des parties par rapport aux objectifs fixés par le contrat-programme pour chaque filière ainsi que pour les mesures transverses. Par ailleurs, un examen approfondi des modalités de mise en œuvre du plan d’action relatif aux industries du secteur et celui portant sur les mesures transverses sera mené. L’objectif étant de faire remonter l’ensemble des défis, réussites et contraintes liés à la réalisation des différentes mesures et objectifs prévus. Le futur contrat-programme qui couvrira une période de 5 ans, devra ainsi capitaliser sur les acquis et cristallisera de nouvelles ambitions sur la base des recommandations.
Rappelons que le cadre contractuel arrivé à échéance tablait sur la création de 38.457 emplois permanents additionnels. Il ambitionnait également de générer 41,74 milliards de dirhams de chiffre d’affaires annuel supplémentaire et 12,52 milliards en plus à l’export. Autre objectif, la création d’une valeur ajoutée additionnelle annuelle de 13,1 milliards de DH.
La R&D, le nerf de la guerre
Rappelons que le NMD a vivement recommandé le renforcement des compétences humaines et l’encouragement de la recherche et l’innovation aussi bien en agriculture qu’en agro-industrie. En effet, au regard des enjeux élevés du secteur, la Commission chargée du NMD juge essentiel de renforcer la recherche, le développement et l’innovation dans les secteurs agricole et agro-industriel, afin de consolider les bases d’une souveraineté alimentaire du pays, dans un contexte mondial marqué par la perturbation des chaînes de valeurs agro-alimentaires.r>L’accent devra ainsi être mis sur des sujets à plus forts enjeux pour l’amont agricole et la sécurité alimentaire, notamment la résilience climatique et hydrique, la préservation et l’amélioration des variétés locales. «Cette recherche doit être conduite en autonomie par les divers instituts spécialisés et en adoptant des approches de recherche-action, fortement ancrée dans les territoires et veillant à la diffusion des savoirs et des procédés techniques au profit des acteurs du secteur agricole», précise le NMD.
En phase avec les objectifs d’accroissement de la valorisation du secteur, la recherche et l’innovation devraient cibler les thématiques liées à la transformation agroalimentaire. La modernisation et la sophistication du secteur agro-alimentaire dans son ensemble, de l’amont à l’aval, et la gestion de ses multiples enjeux fortement interdépendants font appel à l’intervention d’un nombre élevé de départements (Agriculture, Industrie, Développement durable, Eau, Recherche, formation, innovation, etc.). Ainsi, relever le défi complexe de la souveraineté alimentaire exigera de l’aborder selon une approche systémique et transverse et nécessitera davantage de coordination stratégique et opérationnelle, notamment au niveau des territoires, suggère toujours le NMD.
L’inadéquation matières premières-capacités de transformation à résoudre
L’agro-industrie est un véritable moteur de l’économie nationale. Le secteur pèse pour 5% du PIB, 25% du PIB industriel et 19% des emplois industriels du pays, soit 162.000 personnes. L’industrie de transformation alimentaire génère un chiffre d’affaires annuel de plus de 160 milliards de DH et peut encore faire mieux, à condition d’aplanir les écueils qui la freinent.
À leur tête, l’inadéquation approvisionnement en matières premières-capacités de transformation. Notons que le taux d’intégration actuel varie entre 15 et 20%. L’objectif de la stratégie Génération Green est de le porter à 70% à l’horizon 2030. Dans des filières comme celle des oléagineux, notamment les huiles de table, l’industrie de transformation est suffisamment dimensionnée pour combler les besoins nationaux. Mais c’est l’alimentation en matières premières qui fait défaut. Cette filière affiche un taux de pénétration de 100% auprès des ménages.
Pourtant, en 2021, elle a importé 97% de ses besoins en matières premières en dépit d’un potentiel agricole avéré. Pour les professionnels du secteur, l’idéal serait de n’importer que 25% de ces besoins et d’en produire le reste au Maroc. Dans d’autres filières, en revanche, comme celle des agrumes, c’est l’inverse. En effet, en dépit des volumes d’agrumes produits au Maroc, l’industrie des jus continue à importer l’essentiel de ses besoins en concentré de jus.