22 Février 2022 À 16:24
C’est vrai que le risque de complications cardiovasculaires de la Covid-19 existe, mais les manifestations cardiovasculaires post-aiguës provoquées par la maladie n'ont pas été caractérisées de manière exhaustive et complète. C’est ce qui a été le sujet d’une étude publiée ce mois de février dans la revue Nature Medecine affirmant que le risque de développer une maladie cardiovasculaire est grand dans l'année suivant la contamination. Ce risque accroit même chez les sujets ayant fait une forme bénigne de la maladie. Les chercheurs de l’Université Washington à St. Louis signalent que «les risques de complications se manifestent indépendamment de l'âge, de la race, du sexe et d'autres facteurs en relation avec l’obésité, l'hypertension, le diabète, les maladies rénales chroniques et l'hyperlipidémie». Une autre observation s’impose : «même les personnes sans aucune maladie cardiovasculaire avant l'exposition à la Covid-19 sont concernées par lesdites complications». Des données inquiétantes qui devraient alerter les systèmes de santé sur une éventuelle augmentation de l’incidence des maladies cardiovasculaires dans l’avenir.
Pour mieux comprendre ces résultats, «Le Matin» a contacté Dr Tayeb Hamdi, médecin chercheur en systèmes et politiques de santé, qui rappelle de prime abord que le SARS-CoV-2 «n’est pas uniquement une maladie respiratoire qui touche les poumons comme la grippe mais bien une maladie générale à multiples facettes, complications et séquelles. Il faut la prendre très au sérieux». Ce travail a également permis de fournir une réponse aux interrogations relatives à ce que l’on nomme «Covid long». «Peut-être que la fatigue et la difficulté à l’effort attachées au “Covid long” trouvent leur explication dans les lésions cardiaques séquellaires», indique Dr Hamdi. Troisièmement, ajoute notre interlocuteur, «être infecté même en faisant une forme mineure de la Covid-19 est toujours beaucoup plus risqué que d’éviter cette infection, d’où l’importance de la vaccination complète qui protège 3 à 4 fois moins contre l’infection et 5 fois moins contre le risque de réinfection par rapport aux non-vaccinés». Le médecin chercheur en systèmes et politiques de santé ne cesse de souligner l’importance, voire la nécessité, des mesures préventives pour se prémunir de la maladie et de ses complications.r>L'étude porte sur la période allant de mars 2020 à janvier 2021. Elle comportait un groupe de patients (n=153.760 personnes infectées) et un groupe de témoins (n=5 millions d'individus non infectés). Notons que la majeure partie des participants à l’étude n'étaient pas encore vaccinés à l’époque.
Les résultats en chiffres :r>Dans les 12 mois qui suivent l’infection, les personnes qui ont contracté la Covid-19 ont un risque augmenté de 55% de développer un trouble cardio-vasculaire. D’autres patients ont des risques accrus de faire un arrêt cardiaque (Infarctus du myocarde) (+63%) ou un AVC (+52%). Le risque de faire des Troubles de rythme cardiaque est de +62%. Par ailleurs, l’étude a montré que le risque de faire une myocardite inflammatoire du muscle cardiaque suite à une infection à la Covid-19 est élevé (+102%). Le sur-risque de faire un accident cardiovasculaire est de : +30% chez les anciens covidiens avec une forme légère de la maladie, +150% chez ceux qui ont été hospitalisés (lits conventionnels) et +350% chez ceux ou celles qui sont passés par la réanimation.