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Aziz Akhannouch à Agadir : un show médiatique et des messages politiques

Après onze mois de discrétion, Aziz Akhannouch a choisi la quatrième édition de l’Université d’été des jeunes du RNI pour faire sa première sortie publique dans le cadre d’un imposant meeting à Agadir. Et le choix de la date du 9 septembre n’est pas fortuit. Lors de ce grand show où tout a été minutieusement préparé, le chef de la majorité a délivré nombre de messages à l’opinion publique, mais aussi à ses adversaires politiques.

11 Septembre 2022 À 19:27

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Pour Aziz Akhannouch, les choses sérieuses commencent. Après onze mois de discrétion, le président du Rassemblement national des indépendants (RNI) et Chef du gouvernement franchit une nouvelle étape dans sa stratégie de communication politique. Vendredi 9 septembre, le chef de la majorité a choisi cette date symbolique pour faire sa première sortie publique dans le cadre d’un imposant meeting politique. Cette date qui coïncide, faut-il le rappeler, avec l’annonce il y a une année jour pour jour, des résultats des élections législatives qui avaient donné la victoire à son parti politique et qui lui avaient permis d’être nommé Chef du gouvernement. Saisissant l’occasion de cette date symbolique, le président du parti de la colombe a fait sa première sortie publique dans le cadre de l’Université d’été, organisée par la jeunesse du RNI (la Fédération nationale de la jeunesse Rniste).

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Lors de ce meeting, où tous les détails ont été méticuleusement étudiés pour mettre en vedette Aziz Akhannouch, nombre de messages politiques ont été délivrés. Des messages assez forts qui ont ciblé à la fois l’opinion publique, les alliés et les adversaires politiques, sans oublier ses propres troupes présentes dans le campus d’Agadir, choisi pour abriter ce meeting. Sous les vivats de la foule composée des membres de la jeunesse brandissant des drapeaux rouges et des autres invités (occupant les 4.500 sièges installés sur une esplanade installée spécialement pour l’événement), le Chef du gouvernement s’est efforcé de donner l’image d’un nouvel Aziz Akhannouch droit dans ses bottes, fermes dans ses positions. Les messages qu’il a envoyés à cette occasion étaient parsemés de piques et d’allusions à peine voilées, laissant entendre une nouvelle posture politique dans ses relations avec les adversaires. Justement, le discours politique qu’il a tenu allait dans trois principales directions. Il s’agit du contexte et du pourquoi de cette première sortie, de la défense du bilan, des réalisations et des actions gouvernementales à mener, de la solidité et de la légitimité de son parti. Ainsi, le chef de la majorité, à travers un discours ferme, a expliqué pourquoi durant les précédents 11 mois il a préféré garder le silence. «Je ne suis pas de ceux qui aiment trop parler avant d’agir. Je préfère travailler d’abord, puis m’exprimer sur ce qui a été véritablement réalisé (…) Nous sommes une équipe qui travaille et non pas un gouvernement de polémique». Un propos sur lequel il est revenu à maintes reprises lors de son discours. Quelles sont donc ces actions qui motivent sa sortie publique ?

Bilan de son gouvernement

Lors de ce rassemblement de la jeunesse du parti, le Chef du gouvernement a fait le bilan de son équipe, un volet qui a occupé la plus grande partie de son discours. À cet égard, il a insisté sur les réalisations entreprises pour jeter les bases de l’État social, les réalisations enregistrées à propos de dossiers qui avaient figuré, avant le 8 septembre 2021, dans le programme électoral du RNI. Il s’agit des secteurs de la Santé, de l’Éducation nationale et de l’Emploi, ainsi que les efforts entrepris pour la promotion de l’investissement. Après avoir accusé ses prédécesseurs d’avoir été «derrière 10 ans de retard de développement», il a avancé que lui n’a pas gaspillé le «temps de développement» et qu’il a veillé à ce qu’il y ait une concordance entre les slogans (les promesses lors de la campagne électorale) et les décisions prises dans le cadre des actions gouvernementales. «Notre motivation n’était pas de proposer des décisions populistes, mais d’aboutir à des accomplissements réalistes», at-il affirmé. Il s’est attardé sur les mesures entreprises en matière de généralisation de la protection sociale. «Quand nous sommes arrivés, nous n’avons trouvé que la loi-cadre, rien d’autre», at-il précisé en citant les actions menées durant les 11 mois depuis son investiture. Il a ainsi évoqué l’adoption de 22 décrets d’application dès les premières semaines de son mandat. Ce qui a permis l’accès de 11 millions de travailleurs non salariés, autrefois exclus du système, à la protection sociale et à la couverture maladie. Il s’agit aussi de la couverture santé qui a été étendue afin d’y inclure de nouvelles catégories de bénéficiaires, en plus de la généralisation, dès 2023, des allocations familiales au profit de 7 millions d’enfants précaires ou pauvres et 3 millions de familles sans enfants en âge scolaire… Dans le même sens, il a rappelé les efforts entrepris pour la mise sur pied du registre social unifié qui devra permettre l’allocation d’aides directes aux familles démunies ciblées, tout annonçant qu’il y aura d’autres mesures qui sont en cours…

Santé, éducation, emploi et investissement

Le chef du RNI s’est attardé par ailleurs sur un sujet dont son parti avait fait le cheval de bataille, la Santé. Il a promis que dans trois ans, il va y avoir un changement dans le secteur de la santé et une nouvelle organisation du parcours des soins et la réhabilitation de l’offre de santé. Il a également rappelé l’adoption, en Conseil des ministres, du projet de loi cadre relative à la santé et qui sera examinée par le Parlement. Chiffres à l’appui, il a annoncé que 90.000 nouveaux médecins seront formés d’ici la fin du mandat de ce gouvernement. Il a également promis la mise sur pied de trois nouveau CHU (à Draa, Guelmim et Beni Mellal), ainsi que la rénovation de quelque 1.400 dispensaires et établissements hospitaliers de quartiers. Autre secteur mis en avant, l’éducation. Il a souligné que la vision adoptée dans ce sens est celle proposée dans le rapport du nouveau modèle de développement (NMD). D’ailleurs, le chef du département de l’Éducation nationale n’est autre que Chakib Benmoussa, celui qui a piloté la Commission spéciale du NMD et qu’Aziz Akhannouch a salué, dans son discours, pour le travail qu’il entreprend à la tête de ce département. Il a cité, dans ce sens, les résultats du dialogue social sectoriel, le projet d’un nouveau statut du corps enseignant… Il s’est aussi attardé sur la nouvelle vision, notamment la formation à travers une nouvelle licence dans les facultés de l’éducation, avec à quelque 20.000 candidats qui se sont inscrits durant cette année, en promettant d’arriver à 95.000 lauréats d’ici la fin de son mandat. «C’est une réforme globale qui prend en compte l’enseignant, l’élève et l’école», a-t-il déclaré. L’autre volet sur lequel il s’est attardé est la question de l’emploi en rappelant que lors de la campagne électorale, son parti avait promis le chiffre d’un million d’emplois. Il est revenu, à ce sujet, sur les programmes de promotion de l’emploi lancés, notamment le programme Awrach et le programme Forsa. Il a annoncé qu’Awrach, qui table sur la création de 250.000 postes d’emploi, a déjà permis la création de 74.000 postes. Dans le cadre de Forsa, 18.000 projets ont été retenus, dont 1.000 projets déjà lancés. Au-delà de ces programmes, il affirme que 236.000 postes d’emploi ont été créés dans les secteurs de l’industrie au cours de cette année. «Nous allons poursuivre nos efforts à travers les différents plans tels que le Plan Maroc vert, le plan Émergence…», explique Aziz Akhannouch en rappelant l’impact de la crise sur le taux de chômage.

Charte nationale d’investissement… 700.000 postes d’emploi

Le chef de la coalition gouvernementale est également revenu sur les efforts consentis en matière de promotion de l’investissement. Sur un ton résolu, il a avancé qu’«après 12 ans de tentatives et quelque 65 drafts, nous sommes parvenus, dès la première année, à faire sortir le projet d’une nouvelle Charte nationale d’investissement. Une charte qui devra permettre la création de 700.000 postes d’emploi, faire en sorte que l’investissement public, qui représente 65% soit ramené à 35% seulement…», a-t-il déclaré non sans fierté. Il a aussi affirmé que les décrets d’application devant accompagner cette charte sont également prêts, notamment pour fixer la nature du soutien à apporter aux investisseurs et les autres conditions prévues dans le projet de charte. Par ailleurs, en plus de ces grandes questions, le président du RNI est revenu sur les réalisations enregistrées pour l’activation du caractère officiel de la langue amazighe dans la vie publique. Pour lui, il s’agit d’un projet qui tient d’une «conviction et non pas d’une surenchère politique électoraliste». «Nous sommes satisfaits des réalisations et de la cadence de leur mise en œuvre et nous n’allons accorder aucune attention aux attaques, car nous savons que leurs instigateurs visent les institutions. Mais nous sommes ravis de la cadence des réformes menées. Le moral de la majorité est au beau fixe. Cela dit, nous avons également besoin d’une opposition forte, ce qui est une condition de la démocratie», a-t-il déclaré en appelant à ce que le niveau du débat politique soit relevé au niveau du Parlement et à mettre un terme aux polémiques inutiles. Par la même occasion, il a attiré l’attention sur l’importance du renforcement du front intérieur. «La priorité ce n’est pas la politique mais l’intérêt du citoyen. Et ce sont les urnes qui départagent les acteurs politiques. Et nous sommes sûrs de notre légitimité qui s’appuie sur les réalisations et les promesses tenues», a-t-il conclu. n Agadir : ouverture de la quatrième édition de l’Université d’été des jeunes du RNI. 

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