16 Juin 2022 À 16:24
Le groupe BMCI est déterminé à renforcer davantage ses dispositifs d’accompagnement de la transition énergétique au Maroc. La banque, qui a organisé le 15 juin à Rabat le premier forum dédié à la Finance verte, affirme être entièrement engagée à soutenir l’émergence d’initiatives vertes aussi bien en termes d’accompagnement des porteurs de projets que de soutien des opérations de verdissement des process dans le secteur industriel. «Le Maroc a de solides atouts pour réussir sa transition énergétique notamment sa stratégie volontariste pour le développement durable et ses ressources naturelles qui lui permettent de développer des sources propres d’énergie», souligne Philippe Dumel, président de directoire de BMCI. La Banque entend, par ailleurs, décliner à l’échelle du Maroc les engagements de sa maison mère, BNP Paribas, dans la neutralité carbone à l’horizon 2050.
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Philippe Dumel, président du Directoire de la BMCI
«Le Maroc dispose de solides atouts pour accélérer sa transition verte»
«L’urgence climatique s’impose aujourd’hui comme l’enjeu planétaire numéro 1 pour les 30 prochaines années. La BMCI à l’instar de BNP Paribas est animée par la ferme volonté d’agir pour limiter l’impact du réchauffement climatique et ses impacts sociaux. C’est un engagement résolu et partagé par nombre croissant d’acteurs. Nous nous inscrivons dans une chaîne de volontaires, car nous ne sommes qu’un des maillons parmi d'autres, mais nous voulons jouer pleinement notre rôle. L’objectif de ce Forum sur la finance verte est de favoriser l’émergence et le développement d’initiatives vertes déjà multiples, mais pas encore suffisantes prises par différents acteurs sur ce sujet capital. Il s’agit pour nous de mobiliser toutes les forces afin de permettre aux opérateurs et institutionnels de se rencontrer, de se connecter et d’échanger. Le développement économique du Maroc nécessite des ressources importantes en eau et en énergie. Celle-ci est encore fortement carbonée avec 70% de la production d’électricité qui est basée sur du charbon. Les challenges sont aussi sociaux en termes de santé publique, d'éducation et d'inclusion économique et notamment d'inclusion des femmes. Pour répondre à ces défis, le Maroc dispose de solides atouts.
D'abord, je dois souligner le volontarisme politique qui s’exprime à travers d’orientations claires et précises à l’instar de la stratégie nationale du développement durable ou encore plus récemment le nouveau modèle de développement. À côté de ces orientations claires, le Maroc dispose évidemment de ressources naturelles propices à une évolution technologique climatique. Je pense au potentiel solaire, le Maroc est le neuvième pays le plus ensoleillé au monde ou au potentiel éolien. Là aussi le Maroc figure à la 31e place. Pour relever ces défis et valoriser ces atouts, les adaptations nécessaires nécessitent des investissements colossaux dans le secteur public comme dans le privé. La BMCI entend ainsi être à côté de ses clients pour les écouter, les conseiller, les mettre en relation et, bien sûr, les financer de façon à s'orienter ensemble vers un monde durable. Nos interventions et nos initiatives viennent s’inscrire dans un cadre constitué de 3 niveaux. Le premier est bien évidemment les accords multinationaux notamment la COPE et les conventions de l’ONU qui sont une véritable référence et une source d'inspiration et d'incitation. Le deuxième niveau, ce sont les régulateurs qui s’emparent progressivement du sujet. Je rappelle que la Banque centrale du Maroc a récemment édité une directive pour que les banques estiment de façon plus précise le risque climatique dans leurs activités et leurs bilans.
Le troisième niveau quant à lui est en lien avec les ambitions et les règles internes du groupe BNP Paribas. Il se caractérise par des objectifs chiffrés et par conséquent par tout un effort de reporting et de collection de data pour être en capacité de vérifier que ces objectifs sont atteints et dépassés. Cela se traduit aussi par des politiques qui définissent secteur par secteur quelle est l’approche que nous souhaitons avoir et par la mise à disposition de nos collaborateurs de grilles d'évaluation afin de s'assurer que les financements décidés par le groupe BNP Paribas et par la BMCI sont bien en ligne avec les ambitions et les objectifs que nous voulons atteindre. Les Objectifs de développement durable de l’agenda 2030 de l’ONU sont au nombre de 17. Bien évidemment, nous avons dû faire des choix et nous avons décidé de nous focaliser sur trois domaines à commencer par la transition énergétique. D’ailleurs, nous avons signé il y a quelques mois un nouveau partenariat avec la BERD dans ce domaine afin de financer cette transition de nos clients. Deuxième sujet, l'entrepreneuriat féminin. Là encore, nous avons signé une convention et nous allons la renouveler ce jour même avec le Réseau Entreprendre Maroc afin de soutenir l’entrepreneuriat féminin».
------------------------------------------------------------------------r>Antoine Sire, directeur de l’Engagement Entreprise au sein de BNP Paribas
«BNP Paribas est fortement engagée dans la transition verte»
«La finance verte et la transition énergétique sont des sujets essentiels et sont même au cœur de notre plan stratégique 2025. Je pense que c’est véritablement un geste très fort que la dimension durable soit un des trois piliers du plan stratégique d'une grande banque comme BNP Paribas. Je crois également que notre groupe est probablement la première grande banque du monde à avoir une affirmation aussi forte de la dimension de durabilité. Cela est un geste fort, certes, mais derrière, il y a du contenu. Ce contenu est structuré en trois grands piliers. Le premier consiste en des engagements très concrets. Il s’agit, en effet, de faire baisser l'empreinte et les émissions de CO2 qui sont attachées à notre portefeuille de crédits. Nous faisons partie de la Net Zero Banking Alliance et nous avons publié un premier rapport démontrant l’alignement sur les principes de l'Accord de Paris avec des objectifs qui sont très contraignants et qui, comme notre plan stratégique, sont à l’horizon 2025. Donc, il faut commencer vraiment dans l’immédiat afin de soutenir la transition verte. La deuxième dimension concerne l'accompagnement des clients. Il est très important d'être vraiment la banque qui aide les clients à opérer leur transition verte dans pratiquement toutes ses dimensions. De même, la biodiversité figure en bonne place dans notre plan. Le groupe BNP Paribas est en train de mettre des moyens très importants pour être vraiment la banque de référence qui propose aux clients des solutions adaptées. Le groupe BMCI est particulièrement dynamique dans ce domaine notamment sur des sujets liés à la transition énergétique déjà identifiés au niveau du Royaume».r>------------------------------------------------------------------------
François Benaroya, responsable adjoint BNP Paribas International Retail Banking et responsable de la zone Europe-Méditerranée
«La maison brûle, il faut agir vite !»
«La finance durable est un thème qui revêt une importance majeure pour l’ensemble des acteurs économiques publics et privés du Royaume. Notre maison, la terre, brûle. La crise climatique est là. Nous en constatons les manifestations quasiment chaque jour. L’effondrement dramatique de la biodiversité est aussi un fait qui doit nous inquiéter. La guerre en Ukraine doit être un accélérateur de la prise de conscience de l’ampleur du changement climatique et ne doit pas nous détourner de l’objectif d’agir vite pour en limiter l’impact. Nous devons tous agir, tous sans exception, les États, les organisations internationales, les citoyens, les scientifiques, les entreprises et bien sûr les banques. Quand une maison brûle et que les pompiers ne sont pas là, on ne va pas dire “non ce n'est pas mon boulot d'éteindre l'incendie”. Tout le monde doit contribuer par l'adaptation à cette nouvelle donne afin d’éviter la catastrophe. BNP Paribas en tant que première banque de l'Union européenne a une responsabilité particulière. Nous devons montrer l'exemple en étant la banque d'un monde qui change. Notre mission est d’aider les acteurs à s'adapter à ce nouvel environnement, à avoir un mode de vie durable. C'est, d’ailleurs, ce que prévoit le plan stratégique du groupe BNP Paribas qui repose sur cinq piliers. Notre feuille de route aborde la durabilité sur différents niveaux : la biodiversité, la transition vers les crédits carbone, le développement d'une économie circulaire, l'épargne, l'investissement durable, mais aussi les aspects sociaux de lutte contre l'exclusion. À la différence, peut-être, d'autres acteurs bancaires qui abordent le sujet de la transition énergétique, mais dans des horizons lointains, nous avons, au niveau de BNP Paribas, des engagements concrets et immédiats à l’horizon 2025. Notre plan prévoit ainsi pas moins de 150 milliards d'euros de crédits durables destinés à la fois aux entreprises, aux institutionnels et aux particuliers, en plus de 250 milliards d'euros d'obligations vertes et 300 milliards d'investissements durables. Nous souhaitons ainsi qu’une partie de ces montants considérables soit investie au Maroc à travers la BMCI. Notre ambition est d’aider tous les pays de notre présence à opérer leur transition verte. La particularité du Maroc où nous sommes présents depuis déjà des années est qu’il dispose d’une stratégie et d’une vision pour le long terme et qui répondent à notre vision.»
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Saïd Mouline, directeur général de l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE)